En rappel, c’est le 08 novembre 2005, que le Conseil d’administration du Millennium Challenge Corporation (MCC) a déclaré le Burkina Faso éligible au financement du Fonds du Millénaire (MCA).

Avant de se prêter aux questions, Monsieur Sirima situe d’abord l’objet de son séjour. « La mission a consisté essentiellement en une séance de travail avec tous les groupes de pays qui sont impliqués dans le programme MCA.
Il y a normalement 24 pays, mais seulement une quinzaine étaient présents à cet atelier qui avait pour objectif de nous entendre sur les méthodes de travail entre nous et l’administration américaine, mais également de profiter de l’expérience des pays qui nous ont devancé, pour ne pas commettre les mêmes erreurs que ces derniers. A cette fin nous avons parcouru tout le processus d’élaboration des programmes ».

QUESTION : Selon les principes du MCA, c’est le pays bénéficiaire qui arrête ses priorités. Quels sont les secteurs de la vie nationale qui ont été retenus par le BF comme prioritaires ou qui sont susceptibles d’être considérés comme tels ?

Bissiri Joseph Sirima : Effectivement c’est la particularité de ce programme avec les américains , et je peux dire que le Burkina a une longueur d’avance. En effet nous avons mis en place depuis l’année 2000 un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) accepté et validé par la communauté économique et financière internationale. C’est ce CSLP burkinabè qui a défini nos priorités de développement.

Je pense qu’à ce niveau, nous ne changeons pas de cap, et les priorités restent les mêmes. Il est évident que l’autre particularité du MCA, c’est de mettre l’accent sur des projets porteurs de croissance. Nous serons donc plus regardants sur la nature des projets.

Je reste toujours sur le volet particularité pour dire que les projets ne sont pas exclusivement définis par le gouvernement. La détermination des projets sera l’aboutissement d’un processus consultatif qui fera une large part à toutes les régions, au secteur privé du Burkina, et à la société civile.C’est de ces consultations que ressortira la nécessité de retenir tel ou tel projet, défini à la base.

QUESTION : Mais l’accent a été déjà mis sur l’éducation de la jeune fille, qui a fait l’objet du « programme du seuil ». Constitue-t-il toujours pour vous une priorité, ou comptez-vous réorienter votre intérêt vers l’agriculture, l’eau et l’énergie qui sont des préoccupations d’auto-suffisance ?

BJS : Je dirais que l’éducation de la jeune fille fait partie de la priorité de notre pays depuis que le Burkina a commencé le Programme d’ajustement structurel, car on avait considéré les régions ou les provinces à très faible taux d’alphabétisation.

C’est dire que c’est une priorité qui ne peut être changée car elle fait partie des préalables du MCA pour l’éligibilité. Vous connaissez bien aussi la place de la femme dans le programme de développement du gouvernement burkinabè ; la femme joue un rôle fondamental, c’est pourquoi il faut améliorer l’éducation de la fille dès le départ.

Outre cet aspect, il y a bien sûr d’autre volets prioritaires, notamment l’agriculture, et vous savez bien que parmi les sources intarissables de la croissance au Burkina, l’agriculture vient en premier rang et qui’il faut en améliorer les conditions.

En tout état de cause les priorités, je le répète, les projets seront déterminées à la base à l’issue d’un processus de large consultation.

Interview réalisée par Habibata Barry
Ambassade du Burkina à Washington