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Elections municipales : Quels enjeux sans les candidatures indépendantes ?

Publié le mardi 11 avril 2006 à 08h27min

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La campagne pour les élections municipales du 23 avril, une dizaine de jours après son lancement, demeure terne et sans originalité. Comme si les acteurs étaient atteints d’une lassitude générale. Les derniers jours nous offriront peut-être un visage plus dynamique et plus exubérant de la campagne.

Mais en attendant, on ne se croirait pas à une course pour des élections de proximité où tous les quartiers devaient être en effervescence. Qu’est-ce qui peut bien manquer à la sauce ? Certainement un ingrédient de taille : les candidatures indépendantes. L’absence d’une possibilité de choix de candidats de la part des électeurs enlève au scrutin une grande partie de son charme.

Les électeurs connaissent les hommes et les femmes capables de les conduire vers des lendemains meilleurs. Ils ont vu les professionnels de la politique faire leurs preuves dans la gestion des communes. Ce ne fut pas fameux. Et voilà que dix ans après, il n’est toujours pas offert aux populations un éventail très large de candidats et de compétences. Tout simplement, parce que les partis politiques font des élections locales leur chasse gardée, craignant sans doute que l’intrusion d’acteurs apolitiques leur soit fatale. L’égoïsme des partis traditionnels leur fait perdre de vue le tort qu’ils font à la démocratie.

On peut même parler de dictature des partis qui s’exerce contre le libre choix d’être éligible de façon indépendante. Ce diktat frappe aussi les militants des partis, à qui on impose des candidats à pousser vers la victoire. Tous les remous constatés ces derniers temps à l’intérieur des partis politiques ne sont rien d’autre que l’extériorisation d’une frustration de militants obligés de se soumettre à l’ordre, même injuste, du parti.

Ceux qui refusent d’être prisonniers des dogmes du parti n’ont qu’un seul choix, s’ils veulent briguer le suffrage des électeurs : s’affilier à un autre parti, avec le risque d’y subir d’autres formes d’injustices. En tout état de cause, cette émigration n’est par la formule car elle favorise un autre cancer qui est le nomadisme politique. En fait, il s’agit d’un cercle vicieux d’où l’on ne peut sortir qu’avec l’avènement des candidatures libres. D’où le caractère profondément injuste, exclusif et peu démocratique des dispositions actuelles sur les élections locales. Trop de compétences sont exclues du jeu électoral et donc de la possibilité d’insuffler une nouvelle dynamique à la gestion des communes.

Le personnel politique, notamment celui qui est au pouvoir et qui a la latitude de modifier les textes, avait une occasion de rendre encore plus historique cette communalisation intégrale du pays en transcendant son ego pour offrir une autre alternative aux électeurs.

Mais, comme les partis de l’opposition et de la majorité se sont ligués pour faire main basse sur le choix des citoyens, il appartient aux autres acteurs de la société de remettre les pendules à l’heure . Au début de la campagne électorale, l’ensemble des syndicats burkinabè ont dénoncé la situation actuelle et appelé à la démocratisation des candidatures pour les élections locales. C’est peut-être le début d’une mobilisation qui devrait faire comprendre aux partis politiques qu’ils n’ont plus le monopole du coeur en matière de conduite des citoyens. Ce désamour entre populations et politiques se traduit d’ailleurs par un incivisme et un abstentionnisme électoraux très nets.

Si l’on veut mettre un terme à l’hémorragie et donner un nouveau sens au vote des Burkinabè lors des élections locales, l’option des candidatures indépendantes doit forcément figurer dans la batterie de mesures qui seront prises. Le processus démocratique doit pouvoir se bonifier au fil des ans et répondre aux nouvelles aspirations citoyennes. Tel n’est malheureusement pas le cas au Burkina pour le cas des candidatures indépendantes.

Le Pays

P.-S.

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