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France : Le jour de gloire de Dominique de Villepin

Publié le vendredi 7 avril 2006 à 08h14min

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Alors qu’il est de plus acquis que le Premier ministre français, Dominique de Villepin ne « survivra » pas à son Contrat première embauche (CPE), Nicolas Surkozy son ennemi intime ayant été chargé par Jacques Chirac de « revoir » ledit CPE et de diriger les négociations avec les syndicats, il n’est pas superflu, à l’heure des comptes, de revenir sur un fait marquant du parcours de ce brillant homme.

Il s’agit de sa déclaration prononcée en février 2003 devant l’Assemblée générale de l’ONU pour dire « non » à la nouvelle « croisade » contre l’Irak.

Qu’il était flamboyant Dominique de Villepin, lorsqu’un en 14 février 2003 il s’éleva, au nom de certains principes qui fondent la république française, contre la coalition anglo-américaine qui voulait en découdre mordicus avec l’Irak. « Non » à cette guerre du Golfe II, parce que la France ne croyait pas que l’on pouvait déclarer celle-ci sur la base de simples « présomptions », ce qui était le cas, les armes nucléaires prétextes à cette guerre n’ayant jusque-là pas été découvertes en Irak.

Un faux prétexte derrière lequel se cachait une boulimie de pétrole (depuis 2004, le baril a « flambé ») et un devoir d’assistance au « petit-frère » israélien sans oublier les avantages collatéraux comme les chantiers de la reconstruction, et, la « civilisation » aidant, le vaste marché de services que pouvait être l’Arabie. Au nom des sacro-saints principes qui fondent la république française, De Villepin a dit « non » à cette guerre qui était la négation du respect de la différence.

Cette différence, fut-elle abjecte comme le régime de Saddam Hussein, fallait-il pour autant « l’anéantir » sous ce seul prétexte, sans en calculer tous les risques ? Faut-il le rappeler en effet, Saddam Hussein avait été mis au pouvoir en Irak et « entretenu » par les américains parce qu’il servait de « couvercle » au fondamentalisme qui bouillait dans la « marmite » irakienne. Au prix des larmes et du sang, le raïs irakien avait réussi sa « mission », les religieux irakiens étant tenus à l’écart de la politique et confinés dans leurs mosquées.

Quant aux civils, quelques « coups de gaz » mortels avaient refroidi leurs ardeurs indépendantistes. Le « couvercle » étant appelé à sauter à l’issue de la « croisade », il apparaissait clairement que ce fondamentalisme déborderait de la marmite pour « éclater » dans tous les sens (au propre comme au figuré). C’est ce qui arrive de nos jours en Irak, et cela, Dominique de Villepin le subodorait.

Echec de la stratégie militaire U.S.

La France, patrie des droits humains, ne pouvait s’associer à ce carnage et De Villepin a eu l’intelligence, la force et le courage de perpétuer la tradition « gauloise » ou gaullienne (c’est selon). Est-ce cela qui a séduit Jacques Chirac, un autre défenseur des « opprimés » (quoique sur le tard) tout aussi flamboyant, pour qu’il le nomme Premier ministre et du même coup, lui mettre le pied à l’étrier pour l’Elysée ?

Avec le charme de l’aristocrate certainement, ainsi que cette grande capacité de travail et d’imagination jamais prise à défaut, même lors des années de galère de la cohabitation. Alors secrétaire général de l’Elysée, De Villepin avait pris le soin de « baliser » le domaine réservé du président de la république, face à un Lionel Jospin quelquefois trop « envahissant ».

Une longue complicité et une amitié sincère lient les deux hommes et c’est meurtri, que Chirac a dû « passer la main » à Sarkozy dont la fidélité n’a pas été à toute épreuve. C’est une autre histoire et pour en revenir à notre propos disons que De Villepin voyait venir le chaos Irakien « gros comme ça ». De nos jours, chiites et sunnites s’y font la guerre sans se l’avouer jusqu’au jour ou une grosse « bévue » va entraîner l’irréparable.

Un chaos du en grande partie à l’échec de la stratégie militaire américaine en Irak. Si le pays tarde à se stabiliser, c’est bien parce qu’après que la phase de coercition a atteint ses objectifs, les américains ont continué à privilégier la force vis-à-vis des populations, ne cherchant pas à se faire accepter par elles. On est mémoratif qu’au Vietnam la même « culture » militaire avait entraîné les mêmes effets et la fin que l’on sait.

« Eduqués » pour être les « gardiens » de la liberté et de la manière de vivre américaine, les soldats de l’US-Army ont trop tendance à privilégier la « destruction ». Alors que la dialogue, le respect de l’adversaire et des populations, auraient eu des effets plus bénéfiques. Non au choc des civilisations ou plutôt des « ignorances » ( dixit Blaise Compaoré) et oui au dialogue et à la prévention des conflits.

Une querelle idéologique qui avait amené George Walter Bush à parler de « vielle Europe » qui refusait de suivre le cours de l’histoire promettant, de la punir à l’occasion. Et, Bush a tenu parole avec ses contingentements sur l’acier européen, son boycott des vins et sirupeux français, et last but not the least, cette politique du dollar faible qui a longtemps pénalisé les exportations européennes.

Tout ceci explique du reste en partie le marasme économique que vit la France et la déconfiture politique de Dominique de Villepin, qui a tenté de « réveiller » la France avec son CPE, véritable bouffée d’oxygène pour patronat « essoufflé » et qui voyait ainsi ses charges à l’embauche allégées.

Les jeunes n’entendant pas céder ces « droits acquis », la France est donc en ébullition et Chirac doit se dépêcher pour régler cette crise de régime, ce « parti-Etat » comme le susurrent certaines mauvaises langues à gauche. Beaucoup de français ont en effet l’impression que c’est l’UMP qui gouverne désormais en France. Pour en finir avec cette journée du 14 février 2003, disons que devant la communauté des Nations, Dominique de Villepin a dit qu’il ne pouvait obéir aux « ordres » que dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.

Il était « l’incarnation » de cette France éternelle qui a toujours prôné la liberté, l’égalité et la fraternité entre les hommes. Une ouverture sur le monde et la société et un respect de la différence que le Burkina Faso a en partage, en témoigne le thème de la dernière biennale de notre culture qui était, « Culture et intégration des peuples ». Villepin était en ce mois de février 2003, la voix des sans-voix.

Boubakar SY

Sidwaya

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