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Soudan : Omar El Béchir défie l’ONU

Publié le jeudi 6 avril 2006 à 08h23min

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La crise qui oppose le Soudan à la communauté internationale vient de connaître un nouveau rebondissement. De sources onusiennes, les autorités de Khartoum ont déclaré le secrétaire général adjoint des Nations unies, chargé des affaires humanitaires, persona non grata. Il ne pourra pas se rendre à Khartoum, encore moins au Darfour.

Le pouvoir soudanais parle, non pas d’interdiction, mais de report, jugeant le moment peu propice à une telle visite. En tous les cas, il y a une volonté manifeste de fermer le Darfour aux regards extérieurs. Déjà, en début de semaine , une ONG norvégienne qui gère plus de 100 000 réfugiés avait été priée de plier bagages ,abandonnant derrière elle des sinistrés que le Soudan ne pourra certainement pas secourir.

Le pays de Omar El Béchir a donc décidé de défier ouvertement l’ONU. Il n’est pas à son premier acte d’indiscipline puisque le dossier des Casques bleus chargés de suppléer à la force de paix africaine n’est toujours pas réglé. Incapable d’assurer le financement de ses 7000 hommes, l’Union africaine s’est résolue à mandater l’ONU pour continuer la mission de paix au Darfour. Il est incompréhensible, dès lors, que le régime soudanais fasse la sourde oreille et refuse cette passation, soutenu en cela par la Ligue arabe qui s’est réunie récemment à Khartoum. Du coup, cette prise de position fait resurgir la bipolarisation monde arabe / Occident. Une crise humanitaire devient ainsi un enjeu de politique internationale.

Le Darfour a besoin de la présence rassurante d’une force opérationnelle pour mettre fin aux massacres qui s’y perpétuent depuis 2003. Le gouvernement soudanais dit aussi vouloir la paix mais uniquement avec les soldats de l’UA. Au nom d’une prétendue souveraineté et contre les "ingérences extérieures", le pays est prêt à laisser tout un peuple mourir. On devrait plutôt accuser ce régime de non-assistance à personnes en danger. Sa rivalité avec les Etats-Unis ne doit pas être un prétexte pour voir le diable partout d’autant que dans le cas présent, c’est l’UA elle-même qui a convenu de passer le flambeau à l’ONU.

Visiblement, Omar El Béchir refuse d’accepter que le refus de ses pairs de lui confier la présidence de l’Organisation panafricaine est un désaveu de sa politique au Darfour qui a des effets collatéraux au Tchad voisin. Le Darfour, en plus de la souffrance des populations, renferme les germes de la déstabilisation du Tchad. Déjà éprouvé par les milliers de réfugiés qui ont accouru sur son sol, le Tchad doit aussi gérer les infiltrations de troupes armées soutenues, selon NDjaména, par le Soudan.

Certes, les Etats-Unis ne sont pas un exemple en matière de respect du droit international. Ils soutiennent aveuglément l’un des Etats les plus irrespectueux des résolutions onusiennes, Israël, quand ils ne violent pas eux-mêmes les textes qui réglementent la marche du monde. C’est une pratique condamnable en ce qu’elle fragilise les instances onusiennes. La résistance du Soudan est exactement le reflet de ce sentiment d’une injustice qui autorise certains à narguer la communauté internationale et interdit à d’autres toute forme d’affirmation de leur liberté. Cela n’exempte cependant pas le Soudan de respecter les décisions de l’ONU. Car si chacun se mettait à récuser l’organisation, on se retrouverait dans une jungle encore plus féroce. L’ONU, malgré ses limites, mérite donc de la considération. C’est pourquoi ses animateurs, en particulier le conseil de sécurité, doivent travailler à incarner les aspirations de justice et de paix des peuples.

Encore une fois , l’ONU joue sa crédibilité. La crise du Darfour lui offre l’opportunité de redorer son blason à travers une réaction ferme et juste face à l’attitude belliqueuse du Soudan, le plus important étant le retour à la paix dans cette partie du monde .

"Le Pays"

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