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Sénégal : Le dauphin Seck s’est mué en requin

Publié le jeudi 6 avril 2006 à 08h27min

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Seck montre-t-il la sortie à Wade ?

Le mardi 4 avril 2006, le Sénégal a célébré le 46e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. A l’occasion, un invité plus que de marque : l’emblématique Mouammar El Kaddhafi, guide de la révolution arabe libyenne, chantre devant l’Eternel de l’unité africaine tant recherchée, arrivé à Dakar un jour auparavant et accueilli en grandes pompes.

C’est ce jour anniversaire qu’a choisi l’ancien Premier ministre sénégalais, Idrissa Seck, libéré en février, après sept mois de détention préventive pour des malversations présumées dans le dossier des « chantiers de Thiès », ville située à 70 km à l’est de la capitale, et dont il est le maire, pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2007.

Ses ambitions, le dauphin d’hier du président Abdoulaye Wade les avait déjà affichées dès sa sortie de prison, lorsqu’il déclarait : « Rien ne fera obstacle à mon ambition de servir le Sénégal ».

C’est dans un discours enregistré sur un support CD et distribué aux médias que l’ex-Premier ministre a annoncé à l’opinion sénégalaise et au monde sa candidature, dans les termes suivants :

« Alors que le Sénégal s’apprête à choisir son 4e président, il me plaît d’annoncer solennellement que mon choix est fait de soumettre aux suffrages de mes compatriotes un projet de redressement national ».

En rappel, c’est en novembre 2002 qu’Idrissa Seck, 46 ans et autrefois considéré comme le fils spirituel de Wade, avait été désigné Premier ministre, avant d’être contraint de quitter ce poste en avril 2004, à la suite de désaccords entre lui et le président de la République.

A en croire la presse au pays de Gorgui, Seck représente une menace sérieuse pour celui dont il est devenu aujourd’hui l’adversaire politique, Abdoulaye Wade, le maître du sopi.

Malgré tout, il y a lieu de se demander si l’ancien Premier ministre a réellement la force de frappe qu’il faut pour terrasser Wade, si ce dernier, après la fin de son mandat actuel, décidait officiellement de rempiler. A un an de la fameuse présidentielle, n’est-il pas trop tôt pour lui de faire des déclarations ?

On le sait, il a été mis en liberté conformément à une décision de non lieu partiel de la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice, qui l’a absout des accusations de malversations financières, mais il fait toujours l’objet d’une inculpation pour sortie illégale de correspondances et de commissions rogatoires lancées par le Sénégal pour trouver des traces de ses comptes bancaires à l’étranger.

A souligner également que monsieur Seck, suite à son incarcération en juillet de l’année dernière, avait été exclu du parti au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS).

Fait martyr par Wade, il entend rebondir en prenant appui sur le même PDS, mais à travers ses membres mécontents, comme on en trouve dans tout bon mégaparti. Comme le dit Seck lui-même à qui veut l’entendre, sa famille naturelle, tous les mouvements de soutien de l’intérieur et de la diaspora, seront mis à contribution par ses bons soins pour conquérir le pouvoir d’Etat.

Ce n’est peut-être pas un hasard pour Idrissa Seck d’annoncer sa candidature le jour de l’anniversaire de l’accession de son pays.

C’est aussi son anniversaire puisqu’il a vu le jour à la même période à la souveraineté et son autonomie, il entend la brandir encore plus haut aux yeux de tous, à un moment où sa popularité a pris un sérieux coup.

Va-t-il de ce fait faire mentir les observateurs avisés qui trouvent ses ambitions un peu trop démesurées ? Wait and see !

D. Evariste Ouédraogo

Observateur Paalga

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