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Dialogue militaire en Eburnie : Quand les hommes se parlent, les armes se taisent

Publié le lundi 3 avril 2006 à 09h11min

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Mangou et Bakayoko

Si la capture du célèbre rouquin de Monrovia, Charles Taylor, à la demande du Tribunal spécial pour la Sierre Leone, constitue l’événement de la semaine écoulée, on ne doit pas occulter le dialogue militaire entamé samedi dernier sur les bords de la lagune Ebrié, entre les états-majors des Forces armées rebelles et loyalistes.

Une première, depuis le déclenchement des hostilités le 19 septembre 2002, à l’actif de Charles Konan Banny, nouveau Premier ministre nommé le 4 décembre 2005 par la communauté internationale afin de préparer les échéances électorales d’ici le 31 octobre 2006.

Il n’est pas le Messie, mais depuis qu’il a succédé à Seydou Elimane Diarra, l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a les fières allures d’un sauveur. Oui, sauveur d’une Côte d’Ivoire qui, il y a quatre années maintenant, a fait ses adieux à la paix, à la stabilité, à la solidarité nationale, au patriotisme, et nous en oublions.

Le bilan à mi-parcours de son mandat est des plus élogieux, même s’il faut convenir que les belligérants y ont, eux aussi, mis du leur. Quatre années de guerre civile, ce n’est pas quatre années de fête. Si fait qu’on comprend aisément l’enthousiasme des uns et des autres à accompagner Charles Konan Banny dans sa nouvelle mission.

Pour un coup d’essai, le nouveau capitaine du navire ivoirien a fait un coup de maître. Jugez-en vous-même :
- Sommet extraordinaire des principaux leaders politiques à la Fondation Félix-Houphouët-Boigny pour la paix, à Yamoussoukro, le 28 février 2006 ;
- retour du chef rebelle, Guillaume Soro, au sein du gouvernement, après des années d’errance pour des raisons sécuritaires ;
- tête-à-tête Laurent Gbagbo/Guillaume Soro à Abidjan ;
- session du Conseil des ministres au grand complet pour une fois. Et, last but not least, le dialogue militaire entamé le 1er avril à Yamoussoukro, en attendant le second round ce mardi à Bouaké, la capitale de la rébellion armée.

Petit à petit, les armes se taisent donc et le bon sens, la lucidité, prennent la relève. Pouvait-on espérer mieux en Eburnie où les acteurs politiques sont passés champions de la surrenchère et de la roublardise ?
En tous les cas, le décor actuel augure des lendemains meilleurs et pour la Côte d’Ivoire, et pour toute la sous-région ouest-africaine qui a supporté, malgré elle, le fardeau de cette folie meurtrière qu’est la guerre civile. Après la Sierra Leone et le Liberia, l’avant-dernier foyer de tension est en train de s’éteindre. Espérons seulement que les indépendantistes casamançais sauront en tirer, eux aussi, bonne leçon pour entonner l’hymne du dialogue et de la paix. En ont-ils d’ailleurs le choix ?

En attendant d’avoir la peau de Johnny Paul Koroma, le dernier des bouchers de Nana Wangara en cavale, l’anéantissement de son parrain, Charles Taylor, est un message fort à tous les fauteurs de troubles et autres excités qui peuplent le continent. Message bien reçu en Côte d’Ivoire donc, où les armes prennent lentement mais sûrement le chemin des musées.

Observateur Paalga

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