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Dialogue : Tout va bien au Faso !

Publié le samedi 1er avril 2006 à 09h37min

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Il aura laissé une assez belle image de lui, celle d’un homme discret, affable et, surtout, modeste. Nombre de Burkinabè auront eu le plaisir de partager des repas avec lui alors qu’il était en poste à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest à Dakar. C’est dire comment il est attaché à son pays, qu’il rejoindra en qualité de Premier ministre.

Il y a laissé des empreintes bien à lui. Certains Burkinabè le voyaient revenir à « son » poste à l’issue de la présidentielle de novembre dernier.

En poste comme ambassadeur à Bruxelles auprès des Européens, Kadré Désiré Ouédraogo effectue de temps en temps des retours au pays où, avec son épouse, il s’intéresse à l’humanitaire.

Paramanga Ernest Yonli, son remplaçant, a sans doute beaucoup appris de l’homme, ce qui expliquerait le fait qu’il veuille s’entretenir avec lui, surtout après un exposé sur l’état de la Nation...

Kadré : J’ai suivi ton exposé sur l’état de la Nation...

Paramanga : Comment c’était ?

Kadré : Tu sais bien que les jugements de valeur c’est pas mon fort ! Si ce qui y a été dit est exact, où est le problème ? Je regrette seulement que certains de nos amis de la presse aient parlé de « situation » de la Nation, ce qui peut prêter à équivoque...

Paramanga : Ah ! tu sais, la confusion, ce n’est pas ce qui manque ici ! Mais dis-moi, toi qui es là-bas... qu’est-ce qu’on dit du Burkina ?

Kadré : Ah... beaucoup de choses ! D’abord, cette hospitalité que beaucoup nous envient, et je crois que c’est un atout.

Paramanga : Oui, mais ici les gens se plaignent tout le temps du manque d’argent...

Kadré : Sans doute parce que l’argent ne circule pas !

Paramanga : Y en a qui disent qu’il n’y en a même pas...

Kadré : Même si on faisait tourner la planche à billets 24 sur 24, il y aurait toujours des geignards. Il faut peut-être repenser la politique de répartition des ressources.

Paramanga : Si je comprends bien, sur ce plan on a encore beaucoup à apprendre !

Kadré : Hélas, oui ! Et l’on est souvent gêné lorsque des partenaires au développement dénoncent certains actes !

Paramanga : J’imagine que les ambassadeurs sont souvent, diplomatiquement, obligés d’avaler certains propos, mais nous concernant, c’est quoi ?

Kadré : Ecoute... ce sont les maux que déclament presque toujours les syndicats et d’autres mouvements des droits de l’homme ! Pour certains partenaires, la mal-gouvernance est devenue le symbole de l’impuissance des Etats africains à aller au développement.

Paramanga : On oublie cette histoire de mondialisation qui a déchaîné un libéralisme économique parfois étouffant !

Kadré : Ne serait-ce pas là une occasion de penser à une autre politique de développement ? Personnellement, je ne crois pas qu’on puisse vanter les mérites du libéralisme lorsqu’on est en face de partenaires de forces économiques inégales...

Paramanga : C’est vrai, c’est un point à revoir...

Kadré : Le plus vite serait le mieux ; les syndicats attendent...

Paramanga : Quoi ! Tu as entendu quelque chose ?

Kadré : Enfin ... lorsqu’on parle de mal-gouvernance, c’est d’un creuset de tout ce qui ne tourne pas rond ! A Ouaga, il se dit beaucoup de choses...

Paramanga : Hein ! J’imagine qu’il s’agit encore des fameux dossiers pendants qu’on dit perdus quelque part !

Kadré : Entre autres, oui ! Sans oublier ce problème des parcelles qui reste flou dans nombre de têtes...

Paramanga : Mais... le maire s’en est récemment expliqué !

Kadré : En tout cas les gens ne comprennent pas pourquoi, après un battage médiatique promettant des sanctions, on se soit retrouvé dans l’obscurité totale !

Paramanga : Selon toi, qu’est-ce qui cloche ?

Kadré : Pour ma part, je pense qu’il va falloir clarifier un certain nombre de textes afin d’éviter les amalgames. Ensuite, moraliser un peu plus le domaine politique...

Paramanga : J’avoue qu’il y a de la modération dans les agissements de la classe politique burkinabè, toutes tendances confondues !

Kadré : C’est aussi mon impression, mais il faut craindre les agissements de ceux qui croient être au-dessus des autres.

Paramanga : Tu veux dire que...

Kadré : On dit généralement que ce qui fait de tout acte un scandale c’est plus le moyen mis en uvre que le résultat obtenu ! Observe bien...

Paramanga : Alors, quel conseil ?

Kadré : Il faudrait s’attacher aux principes essentiels, eux seuls devant conduire les actions, en faisant fi des désirs et intérêts individuels.

Paramanga : Ce sont des points inscrits en gros dans le programme que je présente.

Kadré : Les Burkinabè en attendent beaucoup et espèrent que disparaîtront certaines pratiques...

Paramanga : Oh... avec cette annulation de dette que nous connaissons, j’espère que ça ira.

Kadré : À la condition que tu expliques très bien aux gens que cette annulation ne suffit pas pour assurer les bases d’un véritable développement économique ! Il faudra bien t’y prendre...

Paramanga : Je pense que le programme de Blaise Compaoré nous permettra des avancées certaines et solides sur bien des plans...

Kadré : C’est le souhait de nombreux Burkinabè ! En tout cas, la balance politique est en sa faveur.

Paramanga : Ce qui veut dire que ça doit marcher.

Kadré : A condition de laisser toutes les parties prenantes jouer le jeu de la démocratie...

Propos diplomatiquement recueillis par JJ

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