LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Discours sur la situation de la Nation : 2005, année de la consolidation des acquis démocratiques et économiques

Publié le vendredi 24 mars 2006 à 08h43min

PARTAGER :                          

Nonobstant une conjoncture politique nationale difficile avec la présidentielle et les passions qu’elle a déchaînées et un climat international peu favorable marqué par la détérioration des termes de l’échange, la flambée du prix du baril, bref la financiarisation de l’économie mondiale, le Burkina Faso a su maintenir le cap de la croissance en 2005.

Mieux, le pays a consolidé ses nombreux acquis démocratiques et économiques par le biais d’une nouvelle politique nationale de bonne gouvernance dont les maitres-mots sont la modernisation des modes de fonctionnement et de gestion de l’Etat. C’est le constat d’ensemble que l’on peut faire après le discours sur l’état de la Nation prononcé par le Premier ministre devant la représentation nationale le 23 mars 2006.

Fidèle à son image d’homme d’Etat dont le rôle est avant tout, de rassurer ses compatriotes en toute circonstance, Paramanga Ernest Yonli a débuté son discours par la menace de la grippe aviaire sur notre pays et l’épidémie de méningite qui, elle, y sévit déjà. Une menace de grippe aviaire (aucun cas n’a été déclaré sur le territoire burkinabè pour l’heure) face à laquelle des mesures énergiques ont été prises pour protéger notre pays et « éradiquer » tout foyer éventuel.

Quant à la méningite, le plan de riposte élaboré « a permis d’avoir des résultats rapides » et de nos jours, « la situation est sous contrôle ». Ces considérations conjoncturelles, quoique essentielles, ayant été « évacuées », Yonli en est venu à ce qui a constitué la substantifique moelle de son action à la tête du gouvernement burkinabè au cours des douze derniers mois.

De prime abord, il ressort que la modernisation des modes de fonctionnement et de gestion de l’Etat « pour améliorer le service rendu aux usagers, contribuer à une utilisation plus performante des deniers publics et mobiliser les agents publics » ont été depuis des années, les objectifs que le gouvernement s’est fixés et qu’il poursuit sans relâche.

C’est ainsi que le gouvernement s’attelle à la mise en œuvre « dans un esprit de consensus social large » de la Réforme globale de l’administration publique qui fournit le cadre approprié pour une transformation qualitative de notre administration. Par le biais de la relecture de la « loi 13 » portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique, laquelle a abouti à la loi n°019-2005, beaucoup de points de divergence avec les syndicats ont été résolus et de nouveaux avantages au profit des agents publics, institués.

Et, pour mettre du beurre sur les épinards, le gouvernement a décidé de constater les avancements des années 2003 à 2006 à l’ancienneté. Des avancées notables donc sur le front du travail, faites dans un esprit républicain. Car, dans le Burkina Faso « que nous construisons patiemment, nous sommes indéfectiblement attachés aux valeurs de notre République », a tenu à souligner le Premier ministre. De cet esprit républicain, découle la place primordiale qu’occupe la loi qu’elle protège ou qu’elle punisse.

Pierre d’angle de la démocratie avec une bonne justice, elle est la condition de la paix que nous devons garantir à nos concitoyens. Pas de compromis, ni d’états d’âme, le gouvernement étant garant du bien commun qui doit s’affirmer par-dessus les intérêts particuliers. La même intransigeance a été observée face à la délinquance et au grand banditisme qui traumatisent nos populations avec la construction « des forces de sécurité modernes, adaptées aux formes contemporaines de délinquance, répondant aux attentes de nos concitoyens et perçues comme le protecteur de leurs libertés. »

La construction d’un Etat de droit juste équitable et où il fait bon vivre en somme. Une occurrence qui ne peut être cependant effective si elle n’était accompagnée de performances macroéconomiques positives. Là, aussi le gouvernement était au rendez-vous en dépit des contraintes sus-invoquées auxquelles il faut ajouter la baisse de la production de la campagne agricole 2004-2005. On note ainsi que la croissance du PIB réel qui était de 4,8% en 2004 a atteint 7,5% en 2005.

Aussi l’analyse de l’impact de la croissance sur la réduction de la pauvreté montre que les effets cumulés de la croissance économique observée en 2003 (8%), 2004 (4,6%) et 2005 (7,5%) ont contribué à une réduction de l’incidence globale de la pauvreté. Il est à noter que les revenus des agriculteurs ont augmenté de 5,6% pour les vivriers et de 12,8% pour les agriculteurs de rente.

Le social aussi

Maîtrise des grands équilibres macroéconomiques et budgétaires, réformes visant à atteindre les critères de convergence de l’UEMOA, le tableau aurait été rose, sans ce bémol qui concerne la recherche de l’équité dans les opérations fiscales, « préoccupation du gouvernement ». Des efforts restent à faire tout comme dans l’assainissement des finances publiques et la lutte contre la corruption qui annihile les effets positifs de cette bonne gouvernance.

Aussi, il va falloir donner une nouvelle impulsion au secteur industriel avec la réduction du coût des facteurs de production et la lutte contre la fraude qui gangrène notre tissu industriel. Déjà, la simplification des formalités et procédures de création d’entreprises et la réduction des délais, rend l’environnement des affaires plus favorable.

Le gouvernement a beaucoup œuvré dans le social aussi, au cours de l’année écoulée notamment face à la situation alimentaire particulièrement difficile avec plus de 40 000 tonnes de vivres distribuées gratuitement ou vendues à prix social aux populations les plus touchées. L’ambition de la politique sociale du gouvernement est de faire en sorte que chaque Burkinabè, quel que soit son groupe social d’origine, ait les mêmes chances d’insertion dans la vie économique et sociale. D’où les actions en faveur de la petite enfance, la promotion socioéconomique des personnes rapatriées...

Aussi, la promotion du secteur de la santé (augmentation de près de 10 milliards du budget alloué au secteur en trois ans) et celui de l’éducation viendront résorber la fracture sociale et lever les pesanteurs sociales, freins au développement humain durable.

En ce sens, les actions de renforcement des capacités et de l’expertise des femmes, principales victimes de ces pesanteurs, sont à saluer. Jeunesse, emploi, sport et culture n’ont pas été en reste, avec le renforcement du dispositif institutionnel, la poursuite de l’édification des infrastructures de base et la promotion des activités génératrices de revenus. Avec le nouveau programme quinquennal de Blaise Compaoré bâti autour de la poursuite de l’édification d’une société de développement solidaire qui garantit la justice sociale et l’égalité des chances pour tous les citoyens, tous ces efforts sont appelés à s’intensifier.

Car, cela requiert une production importante dont le surplus doit constituer la base de la redistribution des fruits de la croissance. C’est pourquoi, après son élection qui a constitué l’événement majeur de l’année 2005 au Burkina Faso, nous « devons faire mieux en 2006 et aller encore plus loin ». C’est en cela que la déclaration de politique générale de Paramanga Ernest Yonli est attendue avec impatience par tous les analystes.

Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique