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Lettre de Cotonou : Surenchère postprésidentielle

Publié le vendredi 24 mars 2006 à 08h17min

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Boni Yayi a donc pris sa chose, même s’il doit attendre le quitus de la Cour constitutionnelle. Dès les résultats du second tour proclamés, son malheureux challenger, Me Adrien Houngbedji, a décroché son téléphone pour féliciter l’ex-banquier : "J’ai exprimé mes très chaleureuses félicitations et mes vœux très sincères pour le succès de son mandat à la tête du Bénin...

Notre devoir à tous est de nous mettre au travail pour faire de cette nouvelle page de l’histoire du Bénin, celle du renforcement de notre unité, de l’approfondissement de notre démocratie et de l’amorce de notre développement".

Une sortie bien accueillie par les Béninois, qui ont estimé que Me Houngbédji rompait ainsi d’avec la tradition, établie chez lui, des contestations des résultats. Boni Yayi, lui, reste à domicile au quartier Cajehoun, à quelques encablures de l’aéroport, et reçoit beaucoup.

Hier sur le coup de 9h GMT, nous nous sommes rendu au domicile de l’intéressé, question d’essayer de décrocher un entretien. Un monde immense était agglutiné à la porte, gardée bien sûr par des agents de sécurité. Par chance pour nous, le chargé du protocole venait accueillir une personnalité, et après nous être présenté, nous avons pu entrer.

Là, sous l’auvent, étaient assis des députés de l’UEMOA (parmi lesquels le Burkinabè Sébastien Ouédraogo). Le maître des lieux était en entretien avec Lansana Kouyaté, le représentant spécial du SG des Nations unies en Côte d’Ivoire. Après une heure d’attente, au cours de laquelle le défilé de visiteurs continuait, le chargé de communication nous fit comprendre qu’il était prématuré que Yayi parle. "Il va parler en tant que qui ? il faut attendre la Cour constitutionnelle" , dira-t-il. Tiburce, c’est son nom, promet de nous rappeler pour une interview...

Les commentaires politiques, eux, vont bon train dans la presse, dans les troquets et sûrement dans les salons feutrés. Ainsi évoque-t-on ce projet ourdi depuis Porto-Novo pour assassiner Yayi Boni et certains journalistes de cette ville acquis à la cause du nouvel élu. Le scénario consisterait à introduire auprès de l’ex-patron de la BOAD des sicaires nigérians pour accomplir l’œuvre macabre. Quant aux journalistes, ils devaient être appâtés par de jolies demoiselles...

Une autre histoire qui défraie la chronique est "l’affaire des 13 milliards". Des voix se font entendre faisant état de 13 milliards qu’aurait reçu le groupe "Wologodè" pour se rallier à Yayi Boni. Démenti formel du porte-parole de cette alliance de "faiseurs de roi", Bruno Amoussou, qui affirme que le groupe va ester en justice contre ceux qui distillent de telles affabulations.

Autre chicanerie de ce lendemain de vote présidentiel : le futur gouvernement que va former Boni Yayi. Pour les uns, il lui faudra composer sans Bruno Amoussou et compagnie, s’il ne veut pas décevoir ses compatriotes. D’autres estiment qu’il peut recompenser ses alliés de circonstance pendant un an et les remercier ensuite.

Un fait marquant aussi est cette éclipse totale de soleil qui se produira au Bénin le 29 mars prochain (et qui durera 4 mn 6 s), au Niger, en Libye et au Tchad. Le Conseil des ministres du 22 mars a instruit le ministre des Enseignements primaire et secondaire de veiller à ce que les élèves profitent pleinement de ce phénomène ; à son collègue de la Communication d’en faire un large écho, et à celui de la Santé de rendre disponibles les lunettes spécifiques pour observer sans danger cette éclipse. Enfin, cette autre histoire d’un homme qui se serait transformé en chien dans le quartier Ddjidjé tient aussi la vedette dans les conversations. Il ne faut pas l’oublier, nous sommes au Bénin, le berceau du vaudou, de l’irrationnel...

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Observateur Paalga

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