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Gambie : l’homme aux gros boubous dans de beaux draps

Publié le vendredi 24 mars 2006 à 08h13min

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La Gambie, cette ancienne colonie britannique enserrée dans le Sénégal, a été cette semaine à deux doigts de renouer avec l’instabilité politique. Une semaine presque jour pour jour après la tentative de putsch avortée au Tchad, les autorités gambiennes ont annoncé ce mercredi, avoir déjoué une tentative de coup d’Etat. Elle aurait été menée par « un groupe d’officiers de l’armée », dirigé par le chef d’état-major des armées lui-même, le colonel Ndure Cham.

A en croire le communiqué officiel, les conjurés étaient « dans une phase avancée de la préparation d’un complot pour renverser le gouvernement de la république de Gambie ». Rentré dare-dare de la visite qu’il effectuait chez son voisin mauritanien, le président Yahya Jammeh a immédiatement repris les choses en mains, faisant enfermer les complices de son infortuné rival et nommant à la place de l’officier supérieur désormais fugitif, un homme réputé de confiance.

Si pour l’heure les choses semblent être rentrées dans l’ordre à Banjul, la capitale, comme dans le reste du pays, pour les présumés conjurés tombés dans l’enfer de la répression et dont le chef était hier encore en fuite, elle est plutôt catastrophique. Il faut dire qu’à 41 ans, le président gambien est loin d’avoir perdu ses réflexes d’homme d’action acquis dans les rangs de l’armée.

En effet, bien qu’il se soit rendu célèbre principalement grâce à son look peu discret d’authentique marabout, arborant volontiers grand boubou et babouches accompagnés d’un long chapelet et parfois d’une canne, Yahya Jammeh reste militaire. Porté au pouvoir à 29 ans par un coup d’Etat, il a officiellement pris sa retraite de l’armée deux ans après, c’est-à-dire en 1996 pour briguer, cette fois en toute légitimité, un fauteuil présidentiel déjà acquis par la force. Il est vrai que pour l’homme fort de Banjul qui, soit dit en passant, se prépare d’ailleurs à briguer un troisième mandat, les scrutins se suivent et se ressemblent et ce, malgré les contestations véhémentes et répétées d’une opposition brimée.

Ironie de l’actualité, Banjul a subi l’alerte une semaine après que N’Djaména a-t-elle aussi échappé à une tentative de coup d’Etat. Serait-on, par hasard, en train d’expérimenter une série de fatalités ? Ce n’est certainement pas le cas, quand on sait que sur les bords du Lac Tchad comme sur les rives du fleuve Gambie, la démocratie et la bonne gouvernance sont loin d’être les valeurs les mieux reconnues et partagées. Violations des libertés publiques ici, tripatouillage de la loi fondamentale là, mauvaise gestion voire dilapidation des maigres ressources...

Comment s’étonner alors, qu’au sein de tels appareils en marge de la république et de la bonne administration de la chose publique, soient nés des émules prêts, comme leurs devanciers, à conquérir ou plutôt à usurper le pouvoir, en passant par la plus courte échelle, autrement dit, le coup d’Etat...

Vraie tentative ou simplement purge en prévision de la présidentielle d’octobre prochain, la crise que traversent aujourd’hui la Gambie et avant elle le Tchad, doit rappeler à ceux qui nous gouvernent, qu’aujourd’hui, la meilleure prévention contre le putsch demeure le respect du jeu démocratique et de la bonne gouvernance.

H. Marie Ouédraogo

Observateur Paalga

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