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CENSAD : Youssouf Ouédraogo passe le témoin à Mohamed Benaïssa

Publié le vendredi 24 mars 2006 à 08h39min

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Youssouf Ouédraogo et Mohamed Benaïssa

Le Burkina Faso, Président de la 12e session du Conseil Exécutif de la CEN-SAD depuis la 7e session ordinaire de la Conférence des Leaders et Chefs d’Etat tenue à Ouagadougou en juin 2005, vient de passer le témoin au Maroc qui a abrité la 13e session du 15 au 17 mars 2006.

Cette 13e session ordinaire du Conseil Exécutif, réunit sous la présidence de Son Excellence Monsieur Mohamed Benaïssa, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc, après l’adoption de quelques rapports, s’est consacrée à l’examen de plusieurs questions dont celles politiques, sécuritaires, économiques et sociales dans l’espace CEN-SAD dans l’attente de la 8e Conférence des leaders et Chefs d’Etat, prévue pour se tenir en Libye en juin 2006.

Politique et sécurité

Sur ce plan, le Conseil a noté la persistance et même l’apparition de troubles internes ou inter-étatiques dans plusieurs pays membres de la communauté dont le Soudan, le Tchad, la Somalie, l’Erythrée et l’Ethiopie. Il a cependant relevé avec beaucoup d’espoir une évolution positive dans la gestion de certains foyers de tension tels la Sierra Leone, le Libéria, la Guinée Bissau qui d’ailleurs ont besoin d’être assisté pour une consolidation des acquis en matière de paix et de stabilité. Il a aussi salué « la dynamique positive » en cours en Côte d’Ivoire qui vise la mise en oeuvre de la feuille de route.

Conscient que les sources de tensions et les divers soubresauts constituent un frein au développement des pays membres de la communauté, le Conseil a appelé à la poursuite des efforts en vue de la résolution des crises, notamment sur la base de la charte de la CEN-SAD et de la déclaration de Niamey sur les crises et conflits.
Pour rendre opérationnel le mécanisme de prévention de gestion et de règlement des conflits, adopté par la 6e session ordinaire de la Conférence des leaders et chefs d’Etat tenue à Bamako en 2004 le Secrétaire Général de la CEN-SAD, Mohamed Al-Madani Al-Azhari a saisi l’occasion pour inviter les différents Etats membres à signer et à ratifier ladite convention.

Sur le plan politique, le Conseil a invité les différents pays membres à apporter leur soutien aux pays membres de la communauté, candidats à divers postes internationaux.

Sur le plan économique et social

La circulation des personnes étant un aspect fondamental du processus d’intégration enclenché par la communauté, la CEN-SAD en tant que communauté, s’est fixée entre autre pour objectif majeur, la libre circulation des personnes dans l’espace communautaire. Pour se faire, un document de voyage pourrait à l’instar de celui de la CEDEAO permettre de faire une avancée en la matière. A ce jour, une mesure de dispense sélective de visa est pratiquée ; et la 7e réunion des ministres chargés de l’intérieur et de la sécurité tenue à Dakar en septembre 2005, a adopté les propositions formulées par le Comité des Ambassadeurs et relatives à l’élargissement de la mesure sélective de visa aux hommes d’affaires, aux chercheurs, aux universitaires, aux étudiants et stagiaires, aux artistes et sportifs de renom.

Si la CEN-SAD travaille à la libre circulation des personnes, elle est confrontée ces dernières années à un sujet très crucial : la migration clandestine, devenue un fléau dans les pays africains en général et dans l’espace CEN-SAD en particulier. Le Conseil a alors manifesté sa préoccupation face à ce phénomène et a marqué son soutien au Royaume du Maroc qui abritera en juillet prochain une conférence ministérielle sur la question, entre les pays africains et les pays européens concernés.

Le Conseil appelle à un partenariat à tous les niveaux, et à une action à la base, pour pouvoir « maîtriser », contenir ce fléau, qui prend racine dans la situation de précarité et d’incertitude dans laquelle évoluent les candidats à l’immigration. La rencontre de Rabat aura donc pour objectif d’identifier des voies et moyens à même de prévenir et de traiter ce phénomène à travers des actions de co-développement consolidées par des financements innovants, stables et réguliers.
Dans le même ordre d’idée, le Conseil a déploré la fuite des cerveaux et a exprimé son désaveu sur le concept de l’immigration choisi.

Le Conseil a ensuite été informé de la mise en place du Conseil Economique Social et Culturel ; organe consultatif de la CEN-SAD qui a pour mission d’assister les organes de la CEN-SAD dans l’élaboration des politiques, des plans et programmes de développement à caractère économique, social et culturel.

Sur le plan du développement rural et de la sécurité alimentaire, la communauté n’a pas un visage plus reluisant. La famine sévit dans plusieurs pays, beaucoup de projets de mise en valeur des espaces demeurent en l’état. Pour être plus concret et marquer leur refus de patauger dans la misère et d’attendre toujours l’assistance du Nord, la 13e session du conseil exécutif a été marqué par la décision par plusieurs pays de la Communauté d’apporter une aide immédiate à la Somalie en proie à la famine. Des pays tels la Libye, le Maroc ont annoncé l’envoie dans l’immédiat de convois alimentaires, et plusieurs autres pays se sont annoncés pour les prochains jours.

Pour assurer à long terme la sécurité alimentaire et le bien-être des populations, et éloigner le spectre de la faim des pays membres de la Communauté, plusieurs projets de mise en valeur des terres sont en cours d’étude. Il s’agit entre autres des 100 000 hectares de la CEN-SAD au Mali, de la mise en valeur du Sahara et la Muraille verte.
Sur le plan énergétique, les Etats membres de la CEN-SAD ont exprimé la nécessité d’une coopération en la matière, notamment dans l’énergie solaire.

De la participation du Burkina

Le Burkina Faso, Président sortant, a participé activement aux travaux de cette 13e session ordinaire du Conseil Exécutif. Après avoir présenté les rapports de sa présidence de la 12e session du Conseil Exécutif qui ont été adoptés, il a assuré la vice présidence dans la conduite des travaux de la 13e session.
Aussi, la délégation burkinabè a informé le conseil de la tenue à Ouagadougou en novembre 2005 d’une réunion restreinte d’experts sur la problématique des énergies dans l’espace CEN-SAD. Elle a aussi présenté une communication sur l’opération « pluies provoquées » connue au Burkina Faso sous l’appellation « opération Saaga ». Le Secrétariat Général de la CEN-SAD et les administrations burkinabè compétentes ont été invité à approfondir les échanges avec l’appui et l’expertise des autres pays tels que le Maroc, la Tunisie la Libye, et les autres organisations internationales (CILSS, OSS, UMA, OMM...) en vue d’aboutir à un programme régional au profit des pays membres de la Communauté.

La 13e session du Conseil Exécutif, s’est voulu très pragmatique dans l’approche des différents sujets. Plusieurs questions ont été passées en revue et le président en exercice SEM Mohamed Benaïssa, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc, a exprimé la disponibilité de son pays à contribuer à la réalisation des objectifs de l’organisation commune, à savoir principalement l’intégration économique et le bien-être des peuples de l’espace communautaire.

DCPM / MAECR


Youssouf Ouédraogo, président sortant de la CENSAD

Youssouf Ouédraogo : Le Burkina Faso a œuvré à la consolidation de la CENSAD

Le Burkina Faso demeure le Président de la Conférence des Leaders et Chefs d’Etat, mais il vient de passer le flambeau de la présidence du Conseil Exécutif au Royaume du Maroc qui a abrité les travaux de la 13e session du 15 au 17 mars 2006. Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération régionale fait le point sur ce que le Burkina a mené comme actions à la présidence du Conseil Exécutif.

« En juillet dernier, les chefs d’Etat se sont retrouvés à Ouagadougou pour la 7e session de la conférence. A cette occasion, le Président Blaise Compaoré a accédé à la présidence de la Conférence des Chefs d’Etat ; et j’ai été investi par la même occasion pour présider le Conseil des Ministres que nous appelons Conseil Exécutif.
Aujourd’hui, je viens passer la main à mon frère le Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération du Maroc, SEM Mohamed Benaïssa.

Je pense que pendant cette période, sous l’impulsion direct du Président en exercice de la Conférence, le Burkina Faso a engagé un certain nombre d’initiatives qui ont permit à la fois de consolider l’organisation, c’est-à-dire de faire en sorte que les décisions que les chefs d’Etats avaient pris, qui devaient être ratifiées par les différents parlements nationaux puissent être ratifiées et permettre à l’organisation de devenir beaucoup plus concret ; mais aussi de mettre en œuvre les recommandations et les différentes décisions prises par les Chefs d’Etat en vue de mettre en place toutes les institutions prévues par le traité qui a créé la CEN-SAD en 1998.

La seule institution qui restait, c’était le Conseil Economique, Social et culturel ; que nous avons mis en place à Bamako le 15 février dernier. A ce stade donc, le Burkina Faso a contribué à mettre en place l’ensemble des structures de la CEN-SAD. Nous avons aussi demandé à ce que la CENSAD joue un rôle important dans la mise en œuvre des décisions prises par les différents sommets de l’Union Africaine, parce que la CEN-SAD, est une organisation majeure qui avec ses 23 pays membres couvre plus de la moitié de la population du continent et plus de la moitié du PIB du continent.

Donc c’est une organisation importante et les chefs d’Etat lorsqu’ils se retrouvent font une analyse globale de la situation politique dans le continent en essayant de trouver les voies et moyens de résoudre les problèmes africains, qui sont aujourd’hui les crises, les conflits qui existent dans les différentes régions, et dans certains pays. La CENSAD a joué un rôle majeur avec l’appui de l’Union Africaine et de la Communauté Internationale, pour résoudre un certain nombre de conflits. Elle a contribué à la résolution du conflit au Libéria, elle a aidé l’Union Africaine en Côte d’Ivoire, elle a permit de restaurer un climat de paix et de négociation entre le Tchad et le Soudan. L’accord du 8 février signé à Tripoli à la suite d’une conférence à laquelle a participé le Président Compaoré en dit long.

Le Burkina Faso a prit aussi une initiative importante pour donner un contenu économique et social à la CEN-SAD, c’est pourquoi sous l’impulsion du Président Compaoré, le Burkina Faso a organisé des réunions sectorielles qui ont permit de réfléchir sur comment nous pouvons aborder aujourd’hui sous un nouvel état d’esprit, la question de maîtrise de l’énergie, nous avons le soleil dans le sahel et l’énergie solaire est une possibilité réelle pour nos pays.

Nous avons tenu des réunions à Ouagadougou en associant le CILSS, le Secrétariat Général de la CEN-SAD et beaucoup d’autres organisations qui ont apporté leur expertise. Le Conseil Exécutif vient de prendre connaissance des résultats de ces études et nous avons demandé à ce que le Secrétariat Général de la CEN-SAD travaille à mettre en place dans les meilleurs délais, les études de faisabilité pour l’émergence de programmes de maîtrise de l’énergie solaire.

Nous avons aussi travaillé à l’émergence d’une idée qui est de créer un fonds de solidarité pour permettre aux pays qui ne sont pas producteurs de pétrole et qui subissent la hausse des cours du pétrole, de pouvoir faire face à ces difficultés. Cette idée de la CEN-SAD a même été reprise par l’Union Africaine qui au Sommet de Khartoum a adopté cette idée et a créé un fonds de Solidarité.

Nous avons aussi demandé que la maîtrise de l’eau soit un problème que l’on considère. Avec l’appui du Maroc, nous avons engagé, le Programme Saaga qui est un programme de pluies provoquées. Le Burkina Faso a entreprit la démarche pour que la CENSAD adopte cela sous l’angle d’un programme régional qui peut permettre à tous les Etats membres qui pour la plupart sont dans le sahel, de pouvoir échapper aux caprices du climat, de la pluviométrie. Le Conseil Exécutif vient d’adopter cette idée ; je pense que chemin faisant, nous allons dans le cadre de la CEN-SAD avoir cette grande maîtrise.

Il y a beaucoup d’autres choses comme les échanges commerciaux pour lesquels nous avons demandé qu’une étude soit renforcée pour permettre d’avoir une vision plus globale de comment la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEN-SAD peut véritablement être une réalité.
Cela demande que les ministres en charge des questions commerciales se rencontrent encore, pour permettre de lever les obstacles sécuritaires qui se posent entre les pays.

Nous avons aussi travaillé pour que la CENSAD se rapproche d’autres organisations sous régionales telles que la CEDEAO, l’Union du Magreb Arabe de manière à tirer les expériences de ces organisations et élargir leur espace de travail ; parce que le plus souvent, on constate que des idées qui sont développées par la CENSAD sont aussi développées par ces organisations. Pourquoi donc ne pas mettre en commun toutes ces idées, ces réflexions pour qu’il n’y ait pas de doublons. Mais c’est surtout le volet du développement des infrastructures pour lequel la présidence burkinabè du Sommet a insisté, qui fait son chemin aujourd’hui. Les programmes routiers, les programme d’interconnexion électrique... et je crois que le Burkina Faso se réjouit aujourd’hui au niveau ministériel en attendant le Sommet de Tripoli qui se tiendra au mois de juin prochain et qui va connaître aussi le passage de témoin entre le Burkina Faso et la Libye. Pour le moment, nous nous réjouissons des avancées qui ont pu être fait sous l’impulsion du Président en exercice de la CENSAD, le Président Blaise Compaoré. »

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