LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Musique : Le phénomène « Sissao »

Publié le samedi 1er avril 2006 à 08h42min

PARTAGER :                          

Sissao

« Nul n’est prophète chez-soi », dit l’adage. S’il est vrai que bien de gens du fait qu’ils soient connus de leurs parents ou amis, voire de leurs contemporains ne sauraient passer pour des modèles, il n’en demeure pas faux que certaines figures brisent à coup sûr ces préjugés.

L’artiste musicienne en herbe SISSAO n’a pas eu trop de mal à sauter, dans l’esprit des gens de sa ville natale (elle est bobolaise) ces clichés négatifs tenus à son endroit. En tout cas sa sortie tonitruant dans la ville de Sya, le vendredi 10 mars au Centre culturel Français en compagnie des Yeleen conforte plus d’un dans cette situation tant elle a fait salle comble. Décryptage d’un concert émouvant.

Le phénomène « Sissao » est en train de se répandre doucement dans l’univers musical de notre pays. Après Ouagadougou, le 14 janvier 2005, l’artiste était le vendredi 10 mars dernier au Centre culturel français Henri Matisse (CCF/HM) de Bobo pour un concert dédicace. Pour l’occasion, la petite Dafing, originaire de Dédougou était accompagnée, comme à Ouaga, de ses deux « tuteurs », Smarty et Mandoé. Sissao qui dit croire en Dieu, pense que c’est le destin qui a fait que son chemin et celui de Yeleen se soient croisés. C’est grâce à leur soutien qu’elle a réussi à mettre son premier opus sur le marché.

Elle a longtemps erré avec sa maquette à la recherche d’un éventuel producteur. Il a fallu que le CCF/HM organise un stage de chant pour qu’elle épate le duo Smarty-Mandoé, qui a décidé ainsi de la produire. Le résultat a donné naissance à une œuvre musicale de belle facture. D’où le titre de l’album : « Destin ».

Sur un coup du destin, Sissao est aujourd’hui partout sur les scènes. Elle semble pour le moment la révélation de l’année 2006 en matière de musique dans notre pays. Disons qu’elle est en vogue. Avant le concert, des Bobolais avaient minimisé la nouvelle star, arguant qu’elle n’était qu’un « sous-produit » du groupe Yeleen à travers la promotion du label Waga-Bdjam. Mais comme les deux rappeurs étaient présents, ils ont fait le déplacement à cause d’eux ; pas à cause de Sissao.

Après le concert, ils ont vite fait de revoir leur copie. Sissao s’est révélée comme une perle précieuse qui a de l’avenir et qu’il faut préserver.

Elle a égrené les titres de sa cassette dans une salle complètement pleine. Elle a deux morceaux qu’elle chante en duo avec Mandoé dont l’un dans une langue du Tchad. L’autre est une chanson d’amour genre « Siriki et Mariam » de Kantala. Cette chanson est tellement parlante que certains pensent qu’il s’agit tout simplement d’une déclaration d’amour comme dans les films Hindous.

Pour boucler la boucle, Sissao a entonné le titre phare de sa cassette où elle dénonce le mariage forcé. Dans la salle, il y avait des gens qui croyaient qu’elle chantait là, sa propre histoire. Ce qu’elle a vite fait de démentir, affirmant que son père à elle, en bon père a toujours été très compréhensible à l’égard de ses filles. « Jamais il ne fera une telle chose à ses filles », conclut l’artiste.

De son vrai nom Awa SISSAO, elle est issue d’une famille qui compte 18 filles. Renseignez-vous sur la famille SISSAO à Dédougou. Aucune d’entre elles n’a eu affaire à un mariage forcé. C’est parce que cette pratique est récurrente chez ses parents Dafing qu’elle a décidé de les sensibiliser...

Avant la sortie de SISSAO, le groupe Yeleen a profité pour jouer trois morceaux de leur prochain album intitulé « Dare Salam » qui sort le 06 avril prochain. « Juste un peu de lumière » et « Dieu seul sait », les deux premiers albums de Yeleen c’était juste pour s’amuser. Maintenant, Yeleen a évolué. Dans « Dare Salam » les deux porte-drapeau de notre RAP, s’attaquent aux maux qui minent notre société. Sentant qu’une grande partie de la jeunesse s’identifie à eux, ils dénoncent les tares de la jeunesse scolaire qui préfère la facilité de nos jours.

Après un tour d’horizon des multiples maux de notre époque, Smarty conclut en ces termes : « Moi j’ai pas de solution aux problèmes posés, c’est juste une inquiétude que je dévoile dans une chanson... et si tu n’aimes pas, vas-y, tu peux « Zapper ». Extrait du titre « vision de la vie ».
Il y a un autre morceau où Yeleen parle de l’histoire d’une lettre adressée au président Blaise COMPAORE.

Certaines mauvaises langues avaient vite fait de taxer les deux artistes d’être à la solde du chef de l’Etat qui les aurait utilisés pendant la dernière présidentielle. Yeleen, c’est la jeunesse, et avoir Yeleen c’est avoir toute la jeunesse avec soi. Vendredi dernier, Smarty a tenu à mettre les points sur les « i » en reprenant mot à mot les vers de cette magnifique chanson de RAP.

C’est ainsi que la jeunesse présente au CCF/HM de Bobo a appris qu’il s’agit en fait d’une lettre qui invite le président du Faso à être proche de son peuple et être à son écoute ; d’être, aussi le porte-parole de la jeunesse du Burkina auprès des autres décideurs afin que le problème ivoirien, le problème de la Casamance au Sénégal, celui entre Israël et la Palestine, celui de l’Irak, des banlieues de France... tous ces problèmes puissent se régler pacifiquement dans la vérité. Le contenu de cette lettre n’a rien d’une lettre d’amour. Alors d’où vient cette étiquette de griot de la République qu’on veut coller à Yeleen ?

De grâce épargnez ces jeunes ambassadeurs de notre musique de la politique politicienne. Accompagnons-les plutôt dans un esprit critique et constructif. « Quand ça va, on le dit, quand ça ne va pas on le dit ». Awa SISSAO a l’étoffe d’une diva. A elle de savoir s’y prendre pour se forger un « destin » formidable.

Par Drissa KONE/Bobo

L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 avril 2006 à 01:54, par noagapremier En réponse à : > Musique : Le phénomène « Sissao »

    courage aux artistes burkinabes.surtout a la nouvele perle.esperons au moins que cette fois ci les gars penseront a la diaspora en nous vendant des cd sur le net.

    • Le 9 avril 2006 à 23:19, par Lamine En réponse à : > Musique : Le phénomène « Sissao »

      Awa est une artiste vraiment formidable en plus elle a beaucoup de coeur je la connais depuis plusieurs années. Je lui souhaite un bon vent et beaucoup de courage. Vas y Awa fonces..

  • Le 8 mai 2007 à 17:56, par SAKHO ABDOULAYE EN C.I En réponse à : > Musique : Le phénomène « Sissao »

    Salut AWA SISSAO C’est juste t’encourager pour le bon travail que tu fais ; bonne chance. Mon bjr à ton grd frère SISSAO MOUSSA à BOBO.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel