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Côte d’Ivoire :Konan Banny, cent jours, mille problèmes

Publié le mercredi 22 mars 2006 à 07h26min

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Très cher oncle. Comme tu l’as constaté, le Premier ministre Charles Konan Banny a bouclé ses cent jours, le 19 mars dernier, à la tête du gouvernement de transition ivoirien. Dès sa nomination, personne ne pariait sur la longévité de ce dernier. Les moins pessimistes lui prédisaient le même sort que celui qui avait été réservé à Seydou Elimane Diarra par Gbagbo l’enfarineur.

Les plus pessimistes lui réservaient une fin plus dramatique compte tenu de la situation d’intolérance et de non-Etat dans laquelle baignait la Côte d’Ivoire. Mais, il faut reconnaître qu’il a su exorciser les démons qui hantaient les eaux de la lagune Ebrié. Il a su transformer une cohabitation qui s’annonçait houleuse et impossible en une espèce de mariage qui, s’il n’est pas d’amour, est de raison.

L’homme qui se disait détenteur d’une seule cartouche et qui ne devait pas rater sa cible, a su négocier les virages, même les plus dangereux, et faire taire les différents groupes radicaux et informels qui ont poussé comme des champignons et qui ont depuis longtemps froissé le bréviaire du dialogue si cher à Houphouët Boigny. Certes, on dit que les montagnes ne se rencontrent jamais, même s’il faut reconnaître qu’en cas de séisme, les montagnes peuvent se déplacer.

En amenant Guillaume Soro, le Seigneur du Nord, et Blé Goudé, le "général" de la rue, donc deux montagnes ivoiriennes, à se donner des poignées de main, Banny a déplacé deux montagnes et a gagné une bataille. Si l’on ajoute à cela le fait d’avoir réussi à réunir son gouvernement au complet, l’on se dit que l’eau de la réconciliation est en train de produire ses effets. Cela ne doit pas faire oublier l’adage selon lequel l’huile qui dort n’est pas morte.

Il est difficile d’effacer en si peu de temps des rancoeurs nées d’ambitions puisées à la source de l’irrationnel. En effet, les embrassades politiques sont ce qu’elles sont, car derrière celles-ci se tissent toujours des stratégies pour terrasser celui d’en face. En tout cas, tout paysage politique a toujours été peuplé de baisers de Judas. Evidemment, Konan Banny avait besoin d’une telle accalmie pour s’attaquer aux problèmes de fond.

Mais l’on peut se demander quand doivent s’arrêter ces amabilités et quand doivent commencer les choses sérieuses, cette nécessaire et urgente opération chirurgicale à même d’extraire le mal qui ronge la Côte d’Ivoire. La question mérite d’être posée quand on sait que le mois d’octobre qui doit marquer la fin de l’Etat d’exception et le début de la légalité républicaine avance à pas de géant.

Jusqu’à présent, beaucoup d’acteurs campent sur leurs positions à propos de la priorité à accorder au désarmement ou au recensement. On peut compter sur le savoir-faire du banquier pour dénouer ce noeud gordien, sinon, ce ne sont pas les petits gestes et les opérations de charme et de circonstances, qui frappent les esprits sans faire avancer les choses, qui sortiront le pays des ornières. En conclusion, disons que les cent jours de Banny s’avèrent insuffisants pour résoudre les mille problèmes de la Côte d’Ivoire.

Avant de terminer, dis-moi ce que pensent les Burkinabè de cette affaire du nom de code "Hibou lugubre" et qui prétendrait que Hermann Yaméogo aurait reçu plus de 600 millions de F CFA de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le régime de Blaise Compaoré ? Vrai ou faux ?

Les avis sont partagés ici. Toujours est-il que les Ivoiriens constatent que ce "scandale" a éclaté au moment où se préparent activement les élections municipales au Burkina. Attendons donc de voir. Tout ce que l’on peut dire, c’est que la situation en Côte d’Ivoire a toujours constitué la pomme de discorde entre Hermann Yaméogo et les autorités burkinabè.
Cependant, j’imagine que les Burkinabè ont d’autres chats, plus proches du ventre, à fouetter.

Ton oncle

Le Pays

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