20 mars 2006. Il est 10h. Une foule nombreuse à l’aéroport international de Niamtougou au Togo. Des officiels, des militaires, des troupes de danse...Une ferveur populaire. A la tête de cette organisation, le président de la république togolaise, Faure Essozimna Gnassingbé, venu accueillir le président du Faso, Blaise Compaoré.

Après un bref entretien entre les deux chefs d’Etat dans le salon d’honneur, le cap a été mis sur Kara la deuxième ville du Togo. Une quinzaine de kilomètres à parcourir. Tout au long de la route, la population, à majorité des élèves, acclame le cortège. A l’entrée de Kara, une halte. Car tout comme au départ du cortège à l’aéroport, il faut sacrifier à la tradition. Un animal est immolé pour implorer les dieux...Au palais des congrès de Kara, une foule en liesse. Plus d’un millier de personnes chantent et dansent... Une trentaine de minutes après l’installation du président du Faso dans sa suite, les travaux peuvent commencer.

Les deux délégations se penchent sur des sujets d’intérêt commun touchant à la coopération bilatérale et aux questions sous régionales... Burkinabè et Togolais se sont félicités de l’excellence des relations de coopération, de solidarité, d’amitié et de fraternité entre leurs deux pays. Décision a été prise de réactiver, dans les meilleurs délais, les travaux de la grande commission mixte de coopération. Les deux chefs d’Etat ont par ailleurs souligné que « la paix et la sécurité, facteurs de stabilité, doivent être, à tout instant, sauvegardées afin que soient créées les conditions d’un développement économique harmonieux et durable ».

Le dialogue et la concertation ont été présentés comme deux moyens privilégiés de règlements de crise.
A cet effet, les deux chefs d’Etat ont manifesté leur volonté de « poursuivre sans relâche leurs actions en vue du renforcement du processus de démocratisation et de consolidation de l’Etat de droit, gage de paix sociale ». Faure Gnassingbé a saisi l’occasion pour renouveler ses « vives félicitations » au président Blaise Compaoré pour sa brillante réélection à la tête du Burkina Faso et a formulé à son endroit des « vœux de pleins succès dans l’accomplissement de son nouveau mandat ».

Le président togolais a, par ailleurs, exprimé au président Compaoré sa profonde gratitude pour sa « disponibilité constante à accompagner le peuple togolais dans ses efforts de dialogue et de réconciliation nationale ». Pour sa part, Blaise Compaoré a rendu hommage au président Faure Gnassingbé pour « ses initiatives courageuses en faveur de l’unité, de la paix et de la réconciliation nationale ». Le président du Faso a également exhorté le peuple togolais à « poursuivre le dialogue politique, qui, seul, est susceptible d’amener les filles et les fils de ce pays à se réconcilier avec eux-mêmes et à s’atteler désormais aux tâches primordiales pour un développement durable. » Sans la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest, aucune politique communautaire viable ne peut être entreprise. Convaincus de cela, Blaise Compaoré et Faure Gnassingbé ont convenu de s’employer davantage à créer les conditions favorables à l’intégration sous régionale. Ainsi, tout en notant une évolution positive de la situation politique en Côte d’Ivoire, un appel a été lancé à la classe politique de ce pays à privilégier le dialogue. De même face à l’épizootie de la grippe aviaire, les deux parties ont reconnu la pertinence des concertations entreprises au plan sous régional. Blaise Compaoré et Faure Gnassingbé se sont engagés à renforcer les mesures prises dans ce sens pour protéger leurs populations.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhri@yahoo.fr)
Envoyé spécial à Kara (Togo)

Les réactions des deux chefs d’Etat

Interpellés par la presse, au terme des travaux, Blaise Compaoré et Faure Gnassingbé ont eu les réactions suivantes

Blaise Compaoré : « Pour cet accueil chaleureux et fraternel, pour la qualité de l’amitié et de la fraternité entre nos deux pays et nos deux peuples, je remercie le gouvernement et le peuple togolais. La rencontre de ce jour a été une occasion pour nous d’évoquer l’excellence des relations entre nos deux pays, notre volonté commune de renforcer notre partenariat et notre amitié. Nous avons aussi échangé sur des préoccupations qui sont celles du continent à l’heure actuelle, à savoir comment faire pour consolider la paix et la cohésion au sein des Nations. Comme vous le savez, le Burkina Faso a déjà émis le vœu d’être aux côtés du Togo pour l’accompagner dans les efforts qu’il déploie pour consolider la paix sociale et renforcer la démocratie. Nous saluons cette disposition et réaffirmons notre disponibilité à être aux côtés du Togo pour la consolidation de son processus démocratique ».

Faure Gnassingbé : « Je remercie mon frère et ami le président Compaoré pour l’intérêt et l’attention qu’il porte à la situation. Depuis, nous avons eu des rencontres au cours des différents sommets dans le cadre de la CEDEAO ou de l’Union africaine. Il était donc tout à fait indiqué que le président du Faso vienne au Togo pour faire le point avec nous. Quand on entretient de bonnes relations, on se rend visite.

Et plus encore, quand il s’agit de la recherche d’une cause noble comme celle de la consolidation de la paix sociale. Quant au fait que le Burkina Faso devrait abriter une rencontre des partis politiques togolais, je ne veux pas en dire plus. Convenez avec moi que dans ce genre d’entreprise, il y a une qualité essentielle qui prévaut : la discrétion ».

Sidwaya