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Politique : Basta la baston !

Publié le lundi 13 mars 2006 à 08h02min

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Les démons de la haine sont-ils de retour ? C’est la question que se posent certaines populations du Burkina, après avoir été témoins çà et là, d’actes de barbarie ces derniers temps. Au début du moins de février, c’est un responsable local du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) dans la province du Boulkiemdé qui a été inquiété à cause de ses opinions.

Selon les responsables de la section provinciale du mouvement, un incendie criminel a ravagé le domicile de leur militant. Quelques semaines plus tard, ce sont les paisibles populations du village de Tengandogo, localité située sur l’axe Ouagadougou-Saponé, qui découvrent avec surprise que la violence avait gagné leur contrée. Un différend politique opposant des militants de deux formations politiques a tourné à la bagarre avec des blessures sur certains protagonistes et de nombreux dégâts matériels.

La stabilité et la paix sociale ont été mises à rude épreuve, et rien ne garantit que les uns et les autres aient retrouvé leurs esprits. Certes, les dégâts se limitent à quelques toitures décoiffées, mais il y a lieu déjà de donner l’alerte. De telles scènes, aussi négligeables soient-elles, peuvent être un terreau d’intolérance politique que plus rien ne devait pouvoir justifier.

L’enracinement progressif de la démocratie dans notre pays devrait nous éloigner de telles pratiques. Depuis maintenant quinze ans, le pays des Hommes intègres essaie de civiliser le débat politique, en privilégiant la confrontation des idées au bandage des muscles. C’est vrai que dans un Etat où la loi du plus fort a souvent été la meilleure, les cas de Tengandogo et du Boulkiemdé sont des épiphénomènes, mais il est tout de même utile de s’adapter aux nouvelles exigences de la démocratie.

La dernière présidentielle du 13 novembre 2005, qui reste l’une des consultations électorales les plus ouvertes du pays, doit être le signe du renouveau politique. A ce titre, les formations politiques ont la responsabilité d’assurer l’éducation de leurs militants. Le contexte de la communalisation intégrale du pays en fait une impérieuse nécessité, pour ne pas transformer les conseils municipaux en rings. Cela sera dommageable pour les populations et le processus de décentralisation.

Qui plus est, ce vandalisme ne présage rien de bon, à quelques jours d’une campagne électorale qui, nature du scrutin oblige, sera centrée sur les questions locales. Si les candidats et leurs sympathisants ne sont pas fair-play, on assistera à des affrontements encore plus dangereux que ceux de Tengandogo. Il n’est dans l’intérêt de personne de tenter de se disculper dans ce conflit (comme on l’a entendu), cela contribue à maintenir artificiellement la tension. Le mieux est d’avoir le courage politique pour reprendre langue avec la partie adverse et continuer la recherche d’une solution à l’amiable.

L’Etat lui-même ne peut pas se mettre en retrait. Ses structures déconcentrées seront dans leur rôle républicain si elles se saisissent du dossier pour ramener le calme avant que la situation ne devienne plus difficile à gérer.
Sans optimisme excessif, on peut tout de même se réjouir du fait que les leaders politiques qui se sont exprimés pour l’instant ont joué balle à terre. C’est le cas notamment de maître Bénéwendé Stanislas Sankara, qui, en dépit du fait que ce sont ses militants qui ont payé le plus lourd tribut, se refuse à transformer la politique en une guerre. C’est une sagesse dont l’exemple mérite d’être suivi.

Adam Igor
Journal du jeudi

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