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Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

Publié le lundi 13 mars 2006 à 07h50min

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L’interprétation du Code des personnes et de la famille au Burkina Faso n’a pas manqué d’inquiéter l’auteur de l’écrit ci-dessous, qui s’interroge sur les lendemains de la société dagara. Questionnements qui portent sur l’article 78 dudit code, notamment sur les noms patronymes.

L’histoire des peuples nous enseigne que les sociétés sans fondements culturels (y en a-t-il un seul ?) ou celles qui ne tiennent pas à leur culture, qui la comptent pour rien, sont des sociétés sans âme, ballottées par les vents de l’évolution, prêtes à se prostituer avec le premier venu. Les peuples qui, au contraire, savent qu’une société qui se veut telle ne peut sacrifier sa culture sans risquer de se suicider, parce qu’elle est l’essence de son existence, se battent pour la préserver. L’interprétation du code des personnes et de la famille au Burkina Faso dans la région dagara suscite en moi des inquiétudes quant aux lendemains de cette société. Qui est le Dagara ? Où va-t-il ? Ou alors où le mène-t-on ?

Le Code des personnes et de la famille stipule au chapitre IV, section 1, en son article 78 : "Le nom patronyme précède toujours les prénoms qui sont indiqués dans l’ordre où ils sont inscrits à l’état civil". Cet article avait suscité des débats fort nourris sur la voix des ondes de la Radio nationale du Burkina parce que certaines ethnies s’étaient senties visées et avaient pressenti le tort qu’on voulait leur faire ainsi que le désordre social qui allait s’ensuivre. Peur tout à fait légitime, puisque l’ignorance desdites sociétés par les rédacteurs du code (si c’est seulement une ignorance), constituait une bonne raison pour semer la confusion dans l’interprétation de cette loi. De quoi s’agit-il ?

En ce qui concerne l’identification des enfants, l’article dit ceci : "le nom patronyme précède toujours les prénoms...". Nous sommes ici face à un problème de terminologie et de connaissance sociologique, et je trouve regrettable que chacun y aille de son entendement. Cette loi devrait inciter le Dagara à donner sur ses actes officiels son patronyme afin de mieux se conformer au texte. Car, qu’est-ce qu’un patronyme ? Sans être un expert en linguistique ou en droit, mais fort d’une maîtrise acceptable de la langue française, j’ose avancer ceci : le patronyme est le nom qu’on reçoit du père (Pater), et normalement, tous les enfants d’un même père devraient porter le même nom patronyme. Je laisse aux Gourounsi le soin de défendre leur cause s’ils le jugent utile ou nécessaire. Je m’intéresse à la société dagara, dont je suis fils. Quel est mon patronyme à moi ? a toi mon frère ?

La société dagara est peut-être la seule au Burkina à donner deux noms à ses enfants :
un patronyme (les patronymes sont assez nombreux) et
un matronyme (raisonnablement limités). C’est en cela que l’on reconnaît le Dagara authentique. Je m’appelle Bèkuonè Somda Kountièti*, mon patronyme est Bèkuonè, et tous les enfants de mon père sont Bèkuonè et mon matronyme est Somda, et tous les enfants de ma mère sont Somda. Mes frères et sœurs nés de l’autre femme de mon père sont Bèkuonè Kpogda. Bèkuonè parce qu’ils sont fils et filles de mon père, mais Kpogda parce qu’ils sont nés d’une Kpogda. On voit bien que la constante, le dénominateur commun de tous les enfants de la cour est Bèkuonè. Le patronyme est donc ce qu’on appelle communément « nom de famille ». Tout bon Dagara connaît cette réalité. Les matronymes, par contre, sont en fait des noms d’héritage (1) au sein des différentes familles. Il n’y a nulle part de famille Somda, Somé ou Dabiré. Le dire c’est travestir l’histoire dagara, c’est inventer une autre société que celle que nous connaissons. Nous connaissons les familles Bèkuonè, Zuè, Mètuolè, etc. Grâce aux matronymes, nous héritons entre frères. Si, par exemple, dans la famille Kusiélé un Dabiré se permet « d’hériter » d’un Somé, c’est purement et simplement une violence qu’il fait aux Somé de la famille Kusiélé. Et que dire du rôle de médiation entre matronymes ?

Le Dagara légitime reçoit son patronyme de son père et son matronyme de sa mère si elle est Dagara. Alors dans quelles circonstances un Dagara reçoit-il un matronyme (bèlu) de son père ? Exemple : Père Dabiré, enfant Dabiré ? 1. Le matronyme du père se transmet à l’enfant lorsque sa mère n’est pas Dagara ; et cela est de bonne guerre pour les conjoints. Si un Dagara Mètuolè Dabiré épouse une Ouédraogo, leurs progénitures seront Mètuolè Dabiré X, Y, parce que le nom Ouédraogo n’existe pas chez les Dagara. Et un Moaga comprendrait difficilement qu’un Ouédraogo ne soit pas Moaga. C’est donc pour préserver la culture de l’un et l’autre. 2. Le matronyme du père se transmet à l’esclave. L’esclave, on ne connaît pas sa mère. Et même si on la connaissait, l’esclave serait tout de même soumis à cette loi parce qu’il est un bien acquis personnellement par l’homme. Mais comment en est-on arrivé à ne pas inscrire les patronymes dagara dans nos actes officiels ? (dans la plupart des cas). Au village, tout le monde se connaît à des kilomètres à la ronde. On sait que telle cour relève de telle famille. On sait, par exemple, que chez Paul, c’est une famille Mètuolè, chez Jean, une famille Zuè, etc. Tant et si bien que lorsque vient une occasion de se présenter, les individus n’éprouvent pas le besoin de donner leurs patronymes parce que « tout le monde » est censé savoir qui est Mètuolè, Kusiélé, etc. Par contre, ce que les gens peuvent ignorer c’est le matronyme, et alors, c’est ce qu’on donne.

Parce que chez Paul, tout le monde n’est pas Dabiré ou Somé. C’est seulement lorsque le Dagara se trouve dans une zone où il est inconnu qu’il se présentera en donnant son patronyme, et même celui de sa mère pour qu’on sache de quelle famille il est le neveu ou la nièce._Malheureusement, avec l’avènement de l’écriture, nombre de nos aînés n’ont pas su faire le passage à niveau de la situation de campagne où donner son patronyme est superflu, à celle plus universelle où on est censé être inconnu. Et ainsi, on a transposé unilatéralement une situation qui aujourd’hui est la source de tous nos malheurs._En effet, avec la parution du Code des personnes et de la famille, l’interprétation de l’article 78 a porté préjudice à la culture dagara dans son aspect identitaire. Car, on s’est empressé de considérer les matronymes Somda, Dabiré, etc. comme les patronymes, au nom de la loi. Ainsi, dans le même foyer, on voit désormais les enfants d’une même femme, les uns Dabiré et les autres Somé au nom de la loi parce que leur père est Somé.

On a même vu des préfets profiter de l’établissement d’une carte d’identité burkinabé pour transformer des Somda quinquagénaires en Dabiré au nom de cette même loi, sans se soucier qu’ils faisaient du faux ; puisque l’identité de la personne est différente de celle de la source (carte de famille ou acte de naissance, par exemple). En ont-ils même le droit ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes, par notre silence coupable, en train d’être les fossoyeurs de notre culture ? Pouvons-nous accuser ces préfets d’assassiner notre culture si nous même avons été les premiers à nous faire hara-kiri ?

Depuis la nuit des temps, on a entendu çà et là des questions souvent teintées d’ironie ou de dédain sur le système matrimonial dagara : « Pourquoi prenez -vous les noms de vos mères ?... ce n’est pas normal » ; face à ces questions, certains intellectuels Dagara, peut-être par complexe d’infériorité vis-à-vis de leurs amis des autres ethnies, ont cru entrer dans la mouvance en donnant à leurs enfants leurs matronymes, comme pour dire à leurs amis : "Vous voyez, moi je fais comme vous" et échapper aux questions gênantes du « pourquoi donnez vous le nom de votre femme à vos enfants ? ». Ils l’ont fait, comme une meilleure preuve de leur paternité. Coup d’épée dans le vent. Or, si complexe il devait y avoir, ce serait, à mon sens ; plutôt celui de supériorité, car deux est supérieur à un ! Métuolè + Somda (2) et Ouédraogo (1), ce n’est pas la même chose. Et maintenant que devons nous faire ?

J’en appelle à un changement d’attitude vis-à-vis de notre culture. J’en appelle d’abord aux intellectuels Dagara, qui, les premiers, ont jeté la première pierre en donnant à leurs enfants légitimes nés de femmes dagara, leurs propres matronymes. Soyons fiers d’être Dagara. Si donc nous ne pouvons pas ajouter un plus à notre culture, évitons de la souiller, de créer un désordre social à moyen et long termes, et de paraître devant l’histoire comme un peuple qui a honte de lui-même alors que nous aimons bien nous taper la poitrine. Il ne faut pas se débiner en disant : « Hof ! Ce n’est que du papier ! » Non ce n’est pas que sur papier, nous savons bien ce qui résiste le mieux à l’épreuve du temps. D’ailleurs, quel est le mobile de toute cette gymnastique intellectuelle ? Problèmes de pension ? De nationalité ?... Je ne crois pas que ce soit les vrais mobiles. Nos ancêtres n’étaient tout de même pas insensés ; l’étaient-ils ?

Faisons donc apparaître sur les actes de naissances de nos enfants, nos patronymes comme le veut la loi, suivi des matronymes de leurs mères à la rubrique prénoms par exemple. Les enfants ne nous appartiendraient pas moins. Encourageons nos frères illettrés à faire de même. Nous n’en serons que plus citoyens, plus Dagara et plus intellectuels. Nous contribuerons ainsi à la sauvegarde de notre culture, et nos ancêtres nous le revaudrons. J’en appelle aux agents administratifs affectés dans notre région. Demandez à nos frères illettrés de donner leur « doglu » à leurs enfants, car c’est cela le patronyme. On ne peut pas décider unilatéralement que Dabiré devienne un patronyme. Ou alors on arrête tout cela et on nous donne des numéros, si rien n’est important, si tout se vaut.

Enfin à l’heure actuelle, où tout se conjugue au féminin, ne trouvez pas paradoxal que nous nous acharnions contre la femme dagara, dans ce qu’elle a de plus valorisant alors que nous étions en avance sur le monde ? Y a-t-il signe d’unité ou d’appartenance mutuelle plus visible que ce tandem "Doglu_bèlu" selon le code des personnes et de la famille dagara ? Je pourrais paraître un peu passéiste, réactionnaire, démodé ou que sais-je encore. Mais, j’ai une conviction. Tout progrès doit être source d’un mieux-être. Quel mieux-être proposez-vous aux Dagara en obligeant nos enfants à prendre les matronymes de leurs pères ? Que Dieu, qui a inspiré cette sagesse à nos ancêtres, nous bénisse et nous aide à aimer ce que nous avons de bien.

Fraternellement votre.

(1) L’héritage est l’une des fonctions du matronyme * Kountièti : kûuceti selon l’alphabet dagara

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 mars 2006 à 18:58, par DOMEBE En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    Bonjour

    je m’appelle en bon Dagara Mètuolè Somé Domèbèlarè Marie-Jeanne. Je suis fille de dagara et c’est la raison qui me pousse à réagir face à cet article. Pour ma part, je dirai tout dagara doit défendre sa cause face à cet article 78 qui est en train de mettre son existence en jeu. Une culture reste une culture. Chers frères et soeurs réagissons pour garder notre dignité. Nous sommes en train de tout perdre. Nous pouvons perdre tout sauf notre culture.

    Les autorités burkinabè doivent revoir cet article qui met en jeu notre existence. Il faut aussi reconnaître qu’il y a la responsabilité nette de certains intellectuels qui donnent leur matronyme à leurs enfants comme patronyme. Et c’est ainsi que beaucoup d’enfants ignorent cette culture qui est en voie de disparition alors que c’est la jeunesse qui est l’avenir de demain. Il faut sensibiliser d’abord la base. On contate en ville par exemple que des enfants dagara disent que "je suis de la famille SOME , DABIRE ...." c’est une pure et simple ignorence de leur culture. Ce n’est pas la faute à la jeunesse mais plutôt aux parents.

    Sur ce j’exhaurte tout le public Dagara à réagir et je soutien d’ailleurs mon frère qui a déjà

    • Le 14 mars 2006 à 14:02, par MossiDeOuaga En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      Si vous pouvez accepter "Marie Jeanne" comme prénom et en être fière, pourquoi refuter l’article 78 ? Si chacune de la soixantaine d’ethnies du Burkina devait modifier la loi pour qu’elle corresponde à ses coutumes ou irons nous ? Il faut unifier, çà ne tue pas la culture. De plus je pense que la culture (la vraie) est évolutive. Alors arrêter de nous bassiner avec des enfantillages car actuellement les vrais maux de la société sont : le sida, la corruption, la violence.

      • Le 16 mars 2006 à 00:41, par KUSEBLE KPODA Manituo Aymar Serge. En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

        M. le mossi,
        je pense que la loi est faite pour les hommes et non les hommes pour la loi. En ce sens, si il y a une quelconque ligne de cette loi qui limite les peuples dans leur bien être, cette ligne est à revoir.

        Il s’agit de la culture, c’est à dire de l’essence d’un peuple. Je suis actuellement en dehors de mon pays et je m’évertue à expliquer comment on a cette façon particulière de nommer nos enfants. Et d’ici, mes frères africains se félicitent de voir des peuples qui, malgré le blanc, malgré la colonisation, les indépendances et le développement, malgré les singeries politiques désignées sous le vocable ronflant d’"appropriation", a su conserver leur identité. Alors ça me rebute de voir que, un frère moagha, on est quand bien même un peu cousins, raisonnne de la sorte.

        Tout le monde dit que la culture est évolutive, la preuve, ma soeur Domè s’appelle Marie Jeanne. Mais où a-t-on entendu que la culture était destructrice ? On est d’accord pour épouser de nouvelles pratiques évolutives, mais pas à tuer nos racines sous prétexte que ce n’est pas ce qui se fait en France. M. je suis désolé.

      • Le 13 janvier 2011 à 07:33, par GADIAGA Hamadoum En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

        Moi je ne suis pas dagara mais je crois que vous avez sans doute raison.Les vrais drames de la société d’aujourd’hui,ce sont la corruption,la violence,les maladies mais aussi la malgouvernance,l’ignorance.Et c’est cette dernière qu’il faut combattre.L’ignorance de sa propre identité culturelle,n’est-ce pas là une source d’égarement sans merci ? En souhaitant que les dagara fassent table-rase de cet acquit ancestral,que resterait-il de ce peuple ?Abandonner ou tripatouiller le code des personnes et de la famille dagara pour satisfaire à quelque exigence que soit(même légale) est crime alors que la légalité vraie est incompatible avec ce dernier.C’est par l’abandon des institutions purement africaines que l’Afrique a perdu voix au chapitre du developpement socio-culturel et politique.Nous abandonnons ce que nous avons de plus consubstantiel et voilà que s’ouvre devant nous un monde dans lequel nous sommes aveugles,dans lequel nous avons besoin de guide.LE DEVELOPPENT PASSE PAR L’INDEPENDANCE CULTURELLE ET LEGISLATIVE.Ne copions pas les lois étrangères sans les adapter à nos réalités.UN AFRICAIN,UNE LOI AFRICAINE.GADIAGA HAMADOUM,étudiant à la fac de droit de l’université de Ouagadougou.Merci

    • Le 14 mars 2006 à 15:21, par Odilon Armand En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      Sans être dagara et ne voulant pas offusquer cette ethnie je trouve que le problème s’est posé il y’a trop longtemps puisque beaucoup de dagara n’ont pas leur patronyme sur leur acte de naissance.Même si on changeais la loi il faudrais peut être revoir le cas de ces milliers de personnes et à mon avis ça causerai encore plus de désordre.Une solution simple pour garder sa culture est que simplement chaque famille enseigne à sa progéniture son histoire et son origine du même coup son vrai nom de famille.Je pourrai donner des tas d’exemples de gens qui porte des noms sui ne sont pas vraiment les leurs mais qui garde quand même leur culture.Par exemple j’ai un ami "compaoré" qui est pure bissa et qui se reconnais comme tel.Je ne pense pas opportun de revenir sur cette lois. Armand

      • Le 20 mars 2006 à 00:20, par Bekuone Somda ZINAZIE En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

        Je connais moi aussi des Moose qui s’appellent Koné, ma belle-sœur, qui sait que son père est né Ouédraogo. Ce sont des choix que les intéressés assument. Chez les Dagara ce n’est pas le cas.

        Les Dagara ne se sentiront certainement pas offensés par votre article, mais assurément étonnés pour ceux qui connaissent les modifications de loi en France qui ne perturbent pas pour autant la vie des Français et des Françaises. Selon les indications de votre nom je suppose que vous êtes d’origine française. Et dans cette hypothèse, je pense que vous n’ignorez pas la loi du 4 mars 2002 dont le décret d’application du 31 octobre 2004 autorise chacun des parents à transmettre son nom à sa progéniture. Ainsi un enfant peut porter Mahé du patronyme de son père et Mevel du patronyme de sa mère. Ainsi il s’appellera Léon Mahé—Mevel. S’il épouse Alice Leclerc—scouarnec, Cédric né de ce lien pourra porter l’un de ces noms. Cédric Mahé— Leclerc, C. Mevel — Leclerc, Mahé—Scouarnec, C. Mevel —Scouarnec, C. Leclerc—Scouarnec, C. Mahé—Mevel. Ceux qui le désirent peuvent bien entendu donner à leur enfant un seul patronyme, celui du père ou de la mère. En ce sens il n’est pas Choquant que Lionnel né d’un Mahé et d’une Bekuone Somda soit identifié en Lionnel Mahé—Somda.

        Paradoxalement, la France pour qui la transmission du nom était strictement patrilinéaire a donc réinventé des modalités de transmission du nom dans lesquelles se couleraient si aisément les modalités de transmission du nom des Dagara. Il est extraordinaire qu’un code qui date de plus deux siècles puisse intégrer si facilement les revendications de la partie féminine de la population.

        Dans le cas des Dagara du Burkina Faso, on pourrait affirmer qu’inscrire les patronymes et les matronymes serait une revendication aussi bien masculine que féminine. En effet ceux qui ont vécu près des personnes plus anciennes ont l’une ou l’autre fois ouï quelques "vieillards" regretter que la colonisation les ait privés de leur patronyme. Dans cette histoire en effet tout le monde est lésé depuis que lors de l’enregistrement des naissances on a privilégié les matronymes de la mère sans qu’on n’en connaisse véritablement les motivations. Après l’indépendance certains fonctionnaires ont transmis leur propre matronyme et non plus celui de leur épouse, fut-elle même Dagara.

        Comme on le voit, les choses se font petit à petit, chacun s’adaptant à la situation du moment. Pourquoi donc imaginer "encore plus de désordre" ? Ce qui laisse à penser que celui qui emploie ces termes considère que la situation actuelle est elle-même marquée par un grand désordre, propos dont je ne peux que lui laisser la responsabilité.

        Plus prosaïquement, l’exemple des modifications intervenues en France nous montre que la règle d’organisation de la société, le Droit, en l’occurrence le Code Civil, peut accepter des règles de transmissions du nom qui prennent en compte des souhaits de tout ou partie de la société.

        Au regard de ces changements du Code civil en France, pays dans la tradition du droit romain fondé sur les textes plutôt que sur les usages, et à la lecture des remarques précédentes, une question vient immédiatement à l’esprit : Y a-t-il donc réellement une antinomie entre culture et modernité comme semblent le penser quelques-uns de ceux qui ont réagi à l’article dédié aux "Dagara et à l’article 78 ?

        Dans le monde entier, l’UNESCO incite à la sauvegarde du patrimoine de l’humanité. Et si le mode de dévolution des noms dagara faisait partie de ce patrimoine ?

      • Le 20 mars 2006 à 00:35, par Bekuone Somda ZINAZIE En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

        Dans ma réponse à Odilon Armand, j’ai supposé qu’il est francais. Si ce n’est pas le cas, puisque les gens peuvent utiliser des pseudonymes, je m’en excuse En revanche l’apport de l’expéreince française peut être enrichissante dans la reflexion. Si vous êtes intéressés vous pouvez la trouver sur le site de legifrance.gouv.fr.
        Merci

        • Le 21 mars 2006 à 18:03 En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

          Je suis PURYILE Hien Nagurnuru communément appelé SOME Longin,
          Je suis enseignant en Mathématiques à l’université de Ouagadougou. Je commencerai par remercier cet authentique Dagara qui a lancé ce débat qui va permettre aux Dagara déracinés ( Ce n’est pas une injure !) volontairement ou par ignorance et aux non Dagara ( chaque peuple se définit par rapport à l’extérieur !) de mieux connaître ce peuple arriéré au sens moderne du terme et qui fait partie des peuples qui vont beaucoup contribuer à la revalorisation de l’espèce humaine car, il n’est un secret pour personne qu’on ne peut construire que sur du roc, et aujourd’hui, ce roc c’est la CULTURE. Est-il pensable et juste de supprimer le poste de Moghro-Naba et autres Naba chez les Moossé ?

          A tous mes frères Dagara. Pour ma part, l’article 78 ne nous pose aucun problème. C’est un fait mondial que chaque citoyen porte un NOM et un ou des Prénoms ( First Name and Post Name or Surname). Tout Dagara possède un NOM de famille qui est son DOG-LU, comme l’ont rappelé certains lecteurs Dagara authentiques. Seulement ces NOMS de famille n’ont pas été livrés et transcrits sous la colonisation et des décennies après. Il appartient aux historiens d’approcher certaines bibliothèques vivantes ( Les anciens) pour en connaître les raisons. Je prends légèrement en compte une explication donnée par un lecteur par rapport au fait que tout le monde au village savait distinguer les clans. D’autres sources disent que cela aurait été une précaution des Dagara afin d’éviter qu’on décime tout un clan. Bref, nos NOMS de familles n’ont pas été transcrits comme chez d’autres peuples. Alors, que faire ? J’ai le souvenir qu’au moment de l’adoption du nouveau code des personnes et des biens, la commission dagara avait demandé et obtenu du ministre de la justice que les Dagara puissent enfin transcrire leurs NOMS de famille. Une circulaire avait alors été initiée et portait de façon non exhaustive les différents NOMS de famille aisi que les orthographes. A suivre ...

    • Le 8 mai 2011 à 20:37, par yemma En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      salut Mètuolè Somé Marie jeanne.votre attitude face à l’article 78 du CPF me deçoit énormement. il y’a beaucoup d’élément de l’identité que vous ne maitrisez pas encore. l’identité d’une personne ou d’une société n’est pas quelque chose de figée.referez vous à Marc Mvé Békale, Amin Malouf, George Balandier, etc. ce que vous oubliez c’est que vous n’êtes même plus Dagara par le fait que vous êtes aller à l’école du Blanc (école française).aujourd’hui vous avez une identité tout à fait différente d’un Dagara qui n’est point aller à l’école du Blanc. si vous n’aimez pas ce qui vient de l’occident renoncer à votre éducation scolaire que vous avez reçu par l’entre mise de l’Etat burkinabé.il y’a beaucoup de valeurs que vous prétendez venir de l’occident, alors que ce sont des valeurs intrinsèques à la nature humaine.comme le disait Laurent Bado l’humanité est une et indivisible. il y’a beaucoup de valeurs que nous partageons avec les blanc parce que ce sont des humains comme nous. les occidentaux ont eu le courage de bousculer leur ancienne culture pour être ce qu’il sont aujourd’hui. je te rappelle que les premiers scientifiques de l’Europe ont eu maille à partir avec la tradition de leur époque. te souviens tu ce qui est arrivé à Galillé quant il à dit que la terre tournait.même pour que la sociologie naissent il a fallu rompre avec la tradition religieuse qui considérait le caractère sacré de l’être humain et de son corps.quand on opère un malade ce n’est pas dans l’intention de le tuer, c’est pour extirper le mal qui est en lui et qui le ronge.si nous voulons que le Burkina soit une famille il faut forcément abandonner beaucoup de nos valeurs culturelles pour en fonder une nouvelle identité burkinabé forte et capable de relever les grands defis. au burkina faso il y’a plus de 64 ethnies. on ne peut conserver toutes ces valeurs culturelles.si nous allons garder nos tradtions, alors les peuls peuvent dire nous ne voulons pas d’un président Mossi,les Dagara peuvent aussi dire nous ne voulons pas d’un président peulh, les goulmantché aussi, les bissa également,les bobolais paraillement et ainsi de suite pour les 64 ethnies. dans ce cas on ne verra jamais grandir notre cher Faso. il n’y a plus de Dagara, de mossi, de Senoufo, de Marka, de Goulmantché, de Bissa ; il n’y a que de burkinabé aujourd’hui. le développement se fait dans le renoncement à soi, dans les larmes et les douleurs.

  • Le 27 octobre 2006 à 14:08, par KUSIELE DABIRE Mwinyanne Narcisse En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    Je tenais juste à dire merci à mon frère pour cet article qui ouvre les yeux des administrateurs sur la culture dagara ainsi que ceux des fils et filles dagara qui malheureusement en prétendant être intellectuels, détruisent leur propre culture

    Merci beaucoup mon frère et n’hésitez pas à nous enseigner sur la culture dagara ;

    • Le 3 novembre 2006 à 20:09 En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      Bonjour,
      Je m’appelle HIEN Pourilè Stanislas,
      Je suis traducteur de la Bible, et je suis a Abidjan ou je prepare une maitrise en Traduction.
      C’est par coup de chance que suis tombé sur ce article qui traite des noms dagara et du code dit "code des personnes et de la famille".
      Je voudrais dire que depuis que ce code est sorti, j’etais deboussolé quant a mon vraie identité. Il s’etait trouvé que certains de mes freres plus jeunes que moi devais porter des noms differents que moi. Notre Benjamin s’appelait desormais Somé Roland, et moi Hien Stanislas. Pendant au moins 6 ans, je souffrais de cette separation, parce que je voyais deja que ses enfants s’interrogeraient de quel lien les liens a nos enfants.
      C’etait deja une separation.
      Mais cet article doit etre encore plus analysé. Et personnellement, j’ecrirai pour apporter ma modeste contribution pour une meilleurs definitions des noms dagara.
      A suivre donc.
      Stanislas HIEN
      stanislas_hien@sil.org

  • Le 24 février 2009 à 02:12, par Marianne En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    Bonjour,

    Je suis une étudiante française en sociologie et ethnologie, je suis tombée sur votre conversation par hasard en faisant une recherche sur les Dagara pour un devoir. En effet, je dois rendre compte des implications sociales et économiques dans une certaine forme de mariage. Je dois dire que cet échange m’a fasciné même si je ne connais pas encore bien le sujet. Mis a part que je me pose moi même des questions sur le nom que porteront mes enfants. J’aimerai que ce soit le mien puisque mon compagnon ne veut pas se marier.

    J’aimerai en savoir plus sur ce code et sur la culture Dagara en générale.

    • Le 15 juin 2010 à 09:06 En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      pour la question de votre nom que portera votre enfant tout depend a mon avis de votre lieu de vie et de votre situation de vie. Vous dites que votre compagnon ne veut pas se marier. Je ne sais pas s’il est dagara mais si tel est le cas, dans la culture dagara (et si c’est ce qui va s’appliquer), tant qu’il n’y a pas de dot, l’enfant appartient à la femme, plus exactement a sa famille paternelle puisque jusqu’a ce moment elle appartient toujours a sa famille paternelle. Mais est ce que cette pratique coutumiere s’applique juridiquement (administrativement) dans le pays ou vous vivez ? En france je sais que tout depend de la mere qui peut accepter que le pere reconnaisse ou non l’enfant, et donc le droit de lui donner son nom. Ce qui donne lieu a bien de combats juriciaires, etc. Dans d’autres pays ou cultures, c’est automatiquement le droit du pere. Vous le savez tout ca je pense
      quant aux implications economiques et sociales du mariage en milieu dagara, je sais qu’il y a beaucoup de recherches la dessus, principalement par le grand seminaire de koumi et les pretres du diocese de diebougou, mais je ne saurais vous donner une bibliographie. Sur les dagara et lobi vous pouvez faire des recherches par rapport a jeanne kambou, madeleine pere, joseph mukasa some, etc je vous recommande un article par un cousin Poda nayire evariste "le mariage et le "prix de la fiancée" chez les dagara" (si vous ne l’avez deja
      SOME

  • Le 13 octobre 2009 à 01:40, par bèkuonè Kpoda Fabèhisaguè En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    suis Bèkuonè kpoda Fabèhisaguè Economiste- Gestionnaire je profite de l’occasion pour remercier kountièti pour ses actes salvateurs en matière de patronyme chez nous les DAGARA.J’ai constaté un desordre culturel concernant les noms que nous même nous portons ;c’est le cas par exemple des enfants d’un même père avec des noms differents et je me posais la questions ou allons-nous ?et Dieu merci qu’un sauveur est là pour nous faire sortir de ces ténèbres culturels.Pour que la bonne idée soit connue et appliquée par tout monde il faut sensibiliser la société DAGARA,et les citoyens burkinabè pour qu’ensemble nous puissions mettre fin à ces desordres consernant le patronyme et matronyme.merci.

  • Le 9 février 2010 à 19:34, par sylviano En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    Salut,
    Je suis Gourounsi et j’apprécie la façon dont mon cousin Dagara (car vous êtes nos cousins de calebasse... tu vois un peu ce que je veux dire ?) défend la cause Dagara. Mais de là à nous envoyer des piques ce n’est pas gentil de sa part. Au fait je voulais lui dire que le même problème identitaire se pose chez les Gourounsi, du moins chez ceux appelés les Lyélés. En effet chez le Gourounsi Lyélé c’est le nom du père qui est donné à l’enfant. Mais ce que les profanes en la matière ne comprennent pas (à commencer par nos esclaves bissa) est que ce patronyme ait deux genres distincts : le masculin lorsque l’enfant est un garçon et le féminin lorsqu’il s’agit d’une fille. Voilà comment se passent les choses concrètement. M.BAZIE a deux enfants ; Obou, un garçon et Eboubié, une fille. Il doit leur donner son patronyme. Obou le garçon se nommera BAZIE Obou et Eboubié la fille se nommera...KANZIE Eboubié. Les profanes commes certains de nos faiseurs de lois y veront deux patronymes différents. Et pourtant non. KANZIE est le féminin de BAZIE en ce sens que la particule "KAN" signifie "femme" et la particule "BA" signifie "homme". Quoi de plus normale alors qu’au sein de cette même famille BAZIE les enfants garçons s’appellent BAZIE et les filles KANZIE. Mais tu vois mon cousin Dagara cet article 78 va emmener des filles Lyélés à se nommer "BA". A l’heure où le féminisme s’affirme c’est plutôt le machisme qui va s’abattre sur ces pauvres filles. Un féminin masculinisé, oh mon Dieu ! si le ridicule tuait, nous, Gourounsi Lyélé, serions morts depuis.

    • Le 15 décembre 2010 à 10:43, par Jack En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

      Salut cher esclave ! Je suis un COMPAORE Bissa et voudrais juste de dire que c’est vraiment triste pour tes sœurs qui porteront désormais la racine BA qui dérive pourtant du masculin. Ça m’a fait beaucoup rigoler ce matin, mais enfin ; c’est dommage ! Seulement, tout compte fait, je pense que l’article 78 n’a pas pour finalité de dénigrer ou même d’ignorer aussi bien la culture dagara que gourounsi. il vous appartiendrait donc de rester dans votre logique culturelle et de sensibiliser vos frères à la même cause.

      Cordialement !

  • Le 28 mars 2019 à 08:37, par Noya SOME En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    L’ identité indiquée est serte incomplète mais pas dissimulée. Je suis pharmacien de formation. J’ai opté pour la recherche en environnement et santé en raison des potentialités inhérentes du milieu traditionnel. Je suis donc académiquement très éloigné de la problématique des bases, concepts et/ou fondements anthropologiques des nationalités dont il est ci-dessus question. Etant dagbon-wulé (wulé) j’ai quelque chose à dire.

    Toute l’histoire de ces nationalités est à réécrire. Elle souffre en premier lieu de leur détachement du dagomba alors que la nationalité Wulé au moins en est cofondateur et/ou co propriétaire. Les historiens, sociologues, anthropologues et autres devraient reprendre les études sur ce thème. Visiter scientifiquement les différents chefs dagomba (dagomba/yaanan ou nakana, talse, namoo, mapurga, zawga, farfaga..etc) du Ghana, les dima du
    Burkina Faso et les populations concernées comme ciblées.
    Leur 2nd mal est leur description et/ou classification erronée.
    Le Wulé est dagaara, dagaa ou dagaba. Le dagara est dagar’ra, dègara ou dègar’ra. Le dagara est un dagomba qui a tenu à des valeurs et concepts lobiri (du loba ou des lobis). Le brfoor est un lobi qui parle une variante dialectale dagomba. Le wulé est un dagbona (dagomba) qui a plus ou moins bien ou mal adapté le balafon et l’ habitat lobiri après leur départ des Dagboni et du Dagbon (territoire des Dagboni/Dagomba) au Ghana.
    Le lobi (neveu, fils de la soeur comme le brfoor) a du quitté, effarouché, ses oncles probablement pour un problème d’héritage du ou d’un patriarche dagbona. Dagara et Brfoor ont fait des mouvements inverses dagbona/lobi également pour des raisons avunculaires. Le Wulé a divorcé avec le dagbon pour la montée du monarchisme. Le Wulé n’est donc pas dagara, ni brfoor encore moins lobi et vis-versa. Son parent à plaisantérie dagomba est le farfaga. C’est le colon qui a forgé cette situation générale de lobi. Devant la force, les populations se sont résignées. C’est l’auxilliaire colonial Sikuün qui a fait adopté le balu par les wulé (de Dano tout au moins) pour uniformiser avec les lobi, brfoor et dagara. Il ya des écrits coloniaux des archives du cercle de Bamako dans les quels les wulé de Dano ont donné le dowru (dowlu des dagara) comme nom de famille. Au total le Wulé est dagomba, il a toujours été et est resté patrilinéaire à ce jour. Le yaanan et le wulé du Burkina se disputent dans la joie la préséance dagomba. C’est par le yaanan que la monarchie a vu jour dans le dagomba. Le sang fraternel ayant coulé pour cette cause, la cité de Yendi (Yendi dabori, Dabor yaa...) capitale du Dagbon, devait être libérée de toute population et le mot banni à jamais. Le wulé a créé Wuli au nrd -est de yendi, les monarchistes se sont accrochés à Yendi yipaala devenu Yendi tout court ; ceux qui ont condamné ce qui est arrivé ont créé Tamaalè.
    C’est la poussée esclavagiste qui a amené les wulé et autres en trans du Mouhoun. Avant cette épisode aucun chef africain n’a pu les contrôler. Le wulé est antiesclavagiste, dans sa coutume nul ne peut être menotté sauf les violents. La sanction suprême c’est la déchéance de la nationalité et l’éloignement du territoire ou la neutralisation au cours de l’initiation.
    Leur 3ième mal est leur inter adversité qui perdure même dans les milieux les plus intellectualisés (administratifs, académiques... et même religieux). Les colons (administrateurs, pères blancs...) en sont comptables pour moitié les intéressés eux même pour l’autre moitié. Il faut réagir devant les situations d’injustice, mensongères, non anthropologiques...etc. Lors de la présentation du projet du code de la personne et de la famille à Dano il a été dit à la délégation qu’un poulet ne peut pas se muer en une pintade et vis versa. Au finish le législateur n’en n’a pas tenu compte même pas dans les dispositions finales.
    Bref ! Il y a beaucoup à dire sur ces populations. Leur rendu actuel est truffé de contrevérités historiques. Par exemples chez les wulé les dowru (patrifamilles) sont autonomes ; tout tingansob (chef de village, chef de territoire coutumier) est un chef fédéral. C’est pourquoi il n’est pas si apparent. La notion d’état est partagé entre les dowru et le chef coutumier. Ils étaient à la phase de la confédération des territoires coutumiers quand le colon est arrivé. Le Burkina Faso, prorogeant la haute-Volta, les a néocolonisés. Les wulé qui sont venus à Dano après la 2nde guerre sont certainement de grands retardataires. Mon grand père a nourri des affamés durant les deux crises économiques de 1914 et 1929. Mon père est né en 1918 dans la période de recrutement des tirailleurs sénégalais pour la 1ière guerre. Mon grand père a été un soutien d’importance de Mwaangnèr Dar et de Nanwfaa respectivement au niveau des ex post colonial et canton de Dano.
    Messieurs les voies plus autorisées que moi (chercheurs, étudiants, pro informations justes ) à vos marques.

  • Le 28 mars 2019 à 08:53, par Noya SOME En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    L’ identité indiquée est serte incomplète mais pas dissimulée. Je suis pharmacien de formation. J’ai opté pour la recherche en environnement et santé en raison des potentialités inhérentes du milieu traditionnel. Je suis donc académiquement très éloigné de la problématique des bases, concepts et/ou fondements anthropologiques des nationalités dont il est ci-dessus question. Etant dagbon-wulé (wulé) j’ai quelque chose à dire.

    Toute l’histoire de ces nationalités est à réécrire. Elle souffre en premier lieu de leur détachement du dagomba alors que la nationalité Wulé au moins en est cofondateur et/ou co propriétaire. Les historiens, sociologues, anthropologues et autres devraient reprendre les études sur ce thème. Visiter scientifiquement les différents chefs dagomba (dagomba/yaanan ou nakana, talse, namoo, mapurga, zawga, farfaga..etc) du Ghana, les dima du
    Burkina Faso et les populations concernées comme ciblées.
    Leur 2nd mal est leur description et/ou classification erronée.
    Le Wulé est dagaara, dagaa ou dagaba. Le dagara est dagar’ra, dègara ou dègar’ra. Le dagara est un dagomba qui a tenu à des valeurs et concepts lobiri (du loba ou des lobis). Le brfoor est un lobi qui parle une variante dialectale dagomba. Le wulé est un dagbona (dagomba) qui a plus ou moins bien ou mal adapté le balafon et l’ habitat lobiri après leur départ des Dagboni et du Dagbon (territoire des Dagboni/Dagomba) au Ghana.
    Le lobi (neveu, fils de la soeur comme le brfoor) a du quitté, effarouché, ses oncles probablement pour un problème d’héritage du ou d’un patriarche dagbona. Dagara et Brfoor ont fait des mouvements inverses dagbona/lobi également pour des raisons avunculaires. Le Wulé a divorcé avec le dagbon pour la montée du monarchisme. Le Wulé n’est donc pas dagara, ni brfoor encore moins lobi et vis-versa. Son parent à plaisantérie dagomba est le farfaga. C’est le colon qui a forgé cette situation générale de lobi. Devant la force, les populations se sont résignées. C’est l’auxilliaire colonial Sikuün qui a fait adopté le balu par les wulé (de Dano tout au moins) pour uniformiser avec les lobi, brfoor et dagara. Il ya des écrits coloniaux des archives du cercle de Bamako dans les quels les wulé de Dano ont donné le dowru (dowlu des dagara) comme nom de famille. Au total le Wulé est dagomba, il a toujours été et est resté patrilinéaire à ce jour. Le yaanan et le wulé du Burkina se disputent dans la joie la préséance dagomba. C’est par le yaanan que la monarchie a vu jour dans le dagomba. Le sang fraternel ayant coulé pour cette cause, la cité de Yendi (Yendi dabori, Dabor yaa...) capitale du Dagbon, devait être libérée de toute population et le mot banni à jamais. Le wulé a créé Wuli au nrd -est de yendi, les monarchistes se sont accrochés à Yendi yipaala devenu Yendi tout court ; ceux qui ont condamné ce qui est arrivé ont créé Tamaalè.
    C’est la poussée esclavagiste qui a amené les wulé et autres en trans du Mouhoun. Avant cette épisode aucun chef africain n’a pu les contrôler. Le wulé est antiesclavagiste, dans sa coutume nul ne peut être menotté sauf les violents. La sanction suprême c’est la déchéance de la nationalité et l’éloignement du territoire ou la neutralisation au cours de l’initiation.
    Leur 3ième mal est leur inter adversité qui perdure même dans les milieux les plus intellectualisés (administratifs, académiques... et même religieux). Les colons (administrateurs, pères blancs...) en sont comptables pour moitié les intéressés eux même pour l’autre moitié. Il faut réagir devant les situations d’injustice, mensongères, non anthropologiques...etc. Lors de la présentation du projet du code de la personne et de la famille à Dano il a été dit à la délégation qu’un poulet ne peut pas se muer en une pintade et vis versa. Au finish le législateur n’en n’a pas tenu compte même pas dans les dispositions finales.
    Bref ! Il y a beaucoup à dire sur ces populations. Leur rendu actuel est truffé de contrevérités historiques. Par exemples chez les wulé les dowru (patrifamilles) sont autonomes ; tout tingansob (chef de village, chef de territoire coutumier) est un chef fédéral. C’est pourquoi il n’est pas si apparent. La notion d’état est partagé entre les dowru et le chef coutumier. Ils étaient à la phase de la confédération des territoires coutumiers quand le colon est arrivé. Le Burkina Faso, prorogeant la haute-Volta, les a néocolonisés. Les wulé qui sont venus à Dano après la 2nde guerre sont certainement de grands retardataires. Mon grand père a nourri des affamés durant les deux crises économiques de 1914 et 1929. Mon père est né en 1918 dans la période de recrutement des tirailleurs sénégalais pour la 1ière guerre. Mon grand père a été un soutien d’importance de Mwaangnèr Dar et de Nanwfaa respectivement au niveau des ex post colonial et canton de Dano.
    Messieurs les voies plus autorisées que moi (chercheurs, étudiants, pro informations justes ) à vos marques.

  • Le 29 mars 2019 à 06:18, par Noya SOME En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    C’est juste pour apporter quelques précisions sur mon intervention ci-dessus. Wuli ex- cité ou ex- capitale des Dagbonwulé a été créé au nord-ouest du Ghana et non au nrd-est comme écrit.
    Dans tous mes écrits (en santé ou autres) j’utilise le terme Dagbonwulé à la place de Wulé, Wiilé, dagara-wulé ou dagara-wiilé. Les auteurs ghanéens utilisent le terme dagaa-wulé. Au sein des sous groupes dagomba ils sont wulé. Avec le divorce ils sont devenus des dagaa-wulé car ils n’étaient pas seuls à dire non à la monarchie et à devoir partir de Yendi. Le Nalergu roi des Mampursi m’a rappelé cette situation en août 2004 au cours d’un voyage d’étude effectué au Ghana par mon ex-service.

    Le terme "dagbonWulé" exprime l’appartenance au dagomba (dagbona en wulé) et évite la confusion entre les termes dagaara, dagara et tous leurs dérivés du genre. La région du sud-ouest du Burkina Faso aurait pu prendre la dénomination de "Dagbonpaala" ou "Dagbonpaali" car du point de vue populations il s’agit d’une certaine réplique du Dagbon. Hélas ! Il n y a aucune coopération institutionnelle entre les coutumiers de la région pour être authentiquement inachevés et administrativement artificiels pour ne pas dire néocolonisés.

    Ego dagbonwulé est identifié par son dowru (patrifamille, patrilignage, patriclan), le prénom de son père et le dowru de la mère en avuncularité car les relations avunculaires sont propres, personnelles voire privées au pire. Authentiquement je suis : Gaanbié Maalhirè Nuorya, Zaw arblé (neveu du dowru Zaw). Quand à mon père il est : Gaanbié zupuorGuiè Maalhirè, Kussiélé arblé (neveu du dowru Kussiélé). Au Ghana les autres Dagaaba ont supprimé le dowru ; ce qui donnerait dans mon cas : "Maalhirè Nuorya". le dagbonwulé n’hérite rien du défunt frère de sa mère. Mon père en bon dagbonwulé, kussiélé arblé dagara, a refusé l’héritage du défunt frère de sa mère. Il a ainsi également refusé (en tant que Médah/Dabiré) la plaisanterie matronymique Da/SOME au cours des obsèques de sa soeur aînée.

    La patrilinéarité du dagbonwulé est donc indéniable ; de même que son ancrage dagbona (dagomba ou dagbamba selon le dialecte). Il se détache nettement des sous groupes lobiri qui héritent du défunt frère de la mère sur la base du matronyme (bèlu des Dagara) et dans lesquels "l’officiel d’état" l’ a enfermé depuis les années 1920/1930. Par ailleurs Il comprend facilement toutes les variantes dialectales dagomba, le gulmacema y compris.

    "Messieurs les voies plus autorisées que moi" encore une fois à vos marques !

  • Le 30 juin 2020 à 17:03, par BEKUONE PODA Casimir En réponse à : Code des personnes et de la famille : Les Dagara et l’article 78

    Je suis BEKUONE PODA Casimir. je suis ravis de ce poste qui nous interpel vivement tous les dagara ainsi que les ethnies voisines comme les gourounsi. Figurer vous que le cour des droit de la personne et de la famille est dispenser par un dagara en la personne de monsieur DBIRE N Julien en fac de droit à l’universite ouaga2. j’ai ete choque dès les premiers instant quand il nous dispensait le cour. Je lui est fait part de mes inquiétude apres le cour. Mais il m’a fait savoir que c’est pour un besoin de conformité de la legislation. cependant cette legislation a tendance a faire disparaitre l’ethnie dagara et gourounsi. On ne se retrouve plus. Parce que le dagara a une organisation socio economique et politique meconu par le redacteur du code qui n’est autre personne que le professeur Pierre Meyer.

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