Selon le dépouillement portant sur 71% des suffrages exprimés, l’élection présidentielle du 5 mars dernier a pour principaux vainqueurs, Yayi Boni qui recueille un peu plus de 30% des voix et Adrien Houngbedji, arrivé second avec 25% des voix en sa faveur. Grand perdant de cette consultation électorale, Bruno Amoussou, président du Parti social démocrate (PSD), baron de la politique béninoise et vieil habitué de la course présidentielle qui arrive troisième avec 19% des suffrages exprimés.

Une position qui indique clairement que les Béninois n’ont pas la mémoire courte, Bruno Amoussou ayant été considéré en 2001 comme le « fossoyeur » de la démocratie béninoise en acceptant « d’accompagner » Mathieu Kérékou au second tour. Ce alors que les principaux ténors (Nicephore Soglo, Adrien Houngbédji) avaient boycotté ce second tour pour protester contre les fraudes qui entachaient le scrutin, hypothéquant du même coup la survenue du changement. Les résultats du premier tour ne sont rien d’autre que l’expression de cette volonté de changement qui anime les Béninois, lassés par une ère Kérékou qui a consacré un recul du Bénin dans plusieurs domaines.

C’est ainsi qu’au plan agricole, la production cotonnière qui était de l’ordre de 450 000 tonnes en 2003 a chuté à 250 000 t en 2005. Aussi, le chômage sévit dans les grandes villes au grand désarroi d’une jeunesse scolaire, obligée de se rabattre sur les petits boulots pour survivre.
Yayi Boni et Adrien Houngbédji, les deux hommes sont les grands vainqueurs du premier tour.

Il faut donc redonner confiance au peuple béninois et, mutatis mutandis, c’est sur ce thème de la confiance à restaurer qu’Houngbédji et Boni ont bâti leur campagne. Dans la bouche du candidat Houngbédji, ancien président du parlement béninois qui a refusé de cautionner la « mascarade » de 2001, cela sonne bien. Mais, c’est Yayi Boni qui, aux yeux de ses compatriotes, incarne mieux ce nouveau discours, lui qui n’est pas comptable des échecs de ce deux derniers, bien au chaud à son poste de président de la BOAD qu’il était.

Déjà, les candidats Edgar Alias et Yaro Sourakatou séduits par son discours et sa « virginité, s’étaient désistés en sa faveur, conférant ainsi la stature d’homme politique à ce banquier émérite. Ses compatriotes ont donc suivi le mouvement, ce qui n’est pas loin de constituer un désaveu pour Mathieu Kérékou qui ne le porte pas dans son cœur. C’est qu’en sus de fustiger sa politique par le biais de la dénonciation du marasme économique dans lequel se trouve le Bénin, Yayi Boni se présente aussi comme le leader naturel du Nord avec la retraite de Kérékou.

On comprend de ce fait les sorties intempestives du caméléon dénonçant un scrutin entaché de « fraudes graves » et désireux selon toute vraisemblance de le faire reprendre. Mais, le mouvement citoyen a empêché cette forfaiture, ce qui a amené la Commission électorale nationale autonome (CENA) à donner les résultats de ce premier tour, tôt dans la matinée de dimanche. Hormis Bruno Amoussou, les frères Soglo notamment Lehady sont les grands perdants de ce scrutin qui confirme la recomposition à défaut du renouveau de la classe politique. Les alliances à l’occasion du second tour permettront d’y voir un peu plus clair avant que les résultats définitifs ne viennent confirmer la tendance. Mais, d’ores et déjà, Boni a réussi son pari.

B. SY
Sidwaya