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Komtoéga : "Justice, où es-tu ?"

Publié le vendredi 10 mars 2006 à 07h51min

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Des ressortissants du département de Komtoèga, dans la province du Boulgou, n’ont plus confiance à l’administration judiciaire. Ils le font savoir dans cet écrit avec des exemples à l’appui.

Nous, représentant nos parents vivant ici, à Komtoèga, dans l’analphabétisme et dans l’ignorance de leurs droits, saisissons l’occasion qui s’offre à nous au sortir des journées portes ouvertes sur la justice pour vous adresser cette complainte. Depuis un certain temps, les justiciables de notre département, dans leur grande majorité, perdent de plus en plus confiance en leur système judiciaire et ne savent plus à quel saint se vouer. Voici quelques cas qui semblent leur donner raison :

1. Courant juillet 2005, un citoyen du village, Dakouma Yoda, Zak-Naaba du chef de canton, fut convoqué à la gendarmerie de Niaogho par la mère d’un proche d’une autorité et déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo. Il est accusé de tentative de viol de cette femme qui se trouve être sa marâtre, femme de son défunt père. Six mois après, il fut libéré pour insuffisance de preuves.

2. Courant janvier 2006, le fils de Bouraogo-Naaba, Siméon Yoda, est déféré au même lieu par le même circuit de la gendarmerie. Il est accusé de coups et blessures volontaires sur la personne du chauffeur de la femme d’une autre autorité résidant en Europe. Son procès est chaque fois renvoyé, car le plaignant a rejoint son pays d’accueil après le dépôt de sa plainte. Il est utile de signaler que le plaignant avait réussi à se faire établir un certificat médical de soixante (60) jours d’incapacité de travail par un médecin du CHR de Tenkodogo.

3. Courant janvier 2006, un employé bénévole de la préfecture de Komtoèga, David Yoda, est déféré dans les locaux de la maison d’arrêt, toujours par le même circuit. Il est mis en cause par le préfet du département d’avoir usé de faux dans l’établissement d’un jugement supplétif d’acte de naissance au profit de son petit frère. David Yoda se trouve être un parent de l’un des soutiens du jeune chef de Komtoèga.

4. Tout dernièrement, le 26 février 2006, le crieur public de la cour royale, Lassida Yoda, est convoqué au commissariat de Béguédo, où il séjourne depuis lors. Un groupe de gens manipulés à dessein se seraient plaints de lui pour propos injurieux à leur endroit. Ce dernier, frère de Raaga-Naaba, attend certainement d’être déféré, s’il ne l’est pas déjà.

5. Courant juillet 2005, un frère résidant à Ouagadougou a été jugé par le tribunal de Tenkodogo. Il est accusé par son oncle (petit frère direct de son père) d’avoir incité ses frères à se bagarrer avec son cousin, fils de l’oncle plaignant. Ce dernier a été condamné à 02 mois de prison avec sursis et à payer une amende. Malheureusement, l’oncle mourut quatre mois plus tard, laissant dernière lui une famille endeuillée, des fils et filles plus que jamais divisés.

"Aidez à panser les plaies" :

Messieurs les premiers responsables de la justice de notre cher pays, le Burkina ¬Faso, nous vous interpellons cette fois-ci sur un autre registre : dans la nuit du 12/01/2006 au 13/01/2006, des individus (une douzaine environ) ont troublé la quiétude et le sommeil des paisibles populations en saccageant la case du même Zak-Naaba et en démolissant celle de sa femme. Ils ont incendié le hangar de commerce du catéchiste du village, défoncé son magasin de vente et emporté divers objets.

Ils se sont rendus par la suite au domicile de Nateng-Naaba et ont menacé de le tuer, fusils de chasse en main. Le fils de Malgr-Naaba, venu au secours de ce dernier, fut lui-même menacé de mort. Le lendemain, les personnes agressées à domicile se sont rendues à la gendarmerie et y ont déposé des plaintes. Les gendarmes ont fait le constat des dégâts, mais jusqu’à ce jour, les agresseurs, bien identifiés ne sont nullement inquiétés, car le procureur de Tenkodogo n’a pas usé de la même promptitude pour se saisir du dossier comme il l’a fait pour tous les cas précédents.

Messieurs les responsables de la justice, nous n’avons nullement l’intention ici de nuire à personne. Mais au regard de ces faits et du comportement de vos représentants dans le Boulgou, ceux-là mêmes chargés d’aller à la rencontre et à l’écoute du citoyen par leur langage, leurs manières d’être ou de faire, peut-on espérer que le système judiciaire inspire confiance ? Nous ne sommes pas cruels envers nos frères de sang momentanément égarés en exigeant qu’on leur applique la loi dans toute sa rigueur.

Cependant, nous interpellons la justice à aider à panser une plaie déjà béante au sein des membres d’une même famille, à les exhorter à fumer le calumet de la paix, gage d’unité et de développement durable. Nous demeurons confiants que la compréhension et l’arrangement à l’amiable des conflits entre membres d’une même famille contribuent efficacement à l’apaisement et à l’union. Quant à la coercition, elle divise davantage les frères et exacerbe le conflit, surtout si elle est partisane, inéquitable et aux ordres.

Les représentants :
- Pierre Yoda, secrétaire de la cour royale
- Joseph Yoda
- Halidou Yoda

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