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Administration Publique : Diagnostic de réseaux mafieux

Publié le jeudi 9 mars 2006 à 07h33min

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« Le Burkina Faso est un Etat démocratique, unitaire et laïc. Le Faso est la forme républicaine de l’Etat ». Ainsi stipule l’article 37 de la loi fondamentale du Burkina Faso. L’appareil d’Etat comprend des organes de direction et des organes administratifs au sens large ou organes d’exécution comprenant un ensemble de services publics tels que les services publics de la santé, de l’éducation, de la sécurité...

L’imperfection est caractéristique de toute œuvre humaine. On en convient ; mais cela ne doit pas constituer des excuses vis-à-vis des dérives des sociétés. Le fonctionnement de la machine administrative de notre pays, qui de par sa nature, doit donner du service public gratuit aux citoyens, laisse paraître des réseaux mafieux dont la qualité ultime est l’exploitation à outrance des populations.

Au lieu de rapports de droits et de devoirs entre gouvernants et gouvernés, l’Etat en sa forme administrative déploie une image de prédateur ou de saprophyte dans ses démembrements. Là, des bandes mangent et salivent sur le dos de ceux pour qui, elles prétendent exister. En la matière, l’écoute et l’observation sont des écoles qualifiées.

Sur le plan de la sécurité, bien de citoyens se rendent à l’évidence que des forces de l’ordre ne font que les racketter notamment sur les routes. Sur nos territoires municipaux, les fins de mois sont redoutées par les habitants car constituant des moments de marquage à la culotte de la part des hommes en kaki pour boucler les budgets des municipalités en manque d’inspiration dans les recouvrements de leurs dépenses respectives.

Les infractions sur les voies sont payées, non pas pour être toujours des punitions pour faute commise, mais un système de remplissage de caisses si ce n’est de poche. Inutile de dire que pendant que les uns sortent des commissariats avec leurs engins après un paiement, les autres partent récupérer les siens sans aucun procès.
Dans le Burkina des villages et des départements, se faire établir une carte d’identité ou un acte de naissance équivaut presque à vendre la moitié de ses récoltes. Poulets, pintades, œufs, tout est bon pour espérer un traitement diligent de son dossier.

Que dire des secteurs de la santé, de l’éducation et autres ? Les mêmes travers et les mêmes trafics ne s’ y laissent pas conter. Prenons l’exemple de cet infirmier dans une province : il va rarement en banque en fin du mois. Il se fait payer autrement. En complicité avec son pharmacien, il double ou triple les prix des produits et en recueille les bénéfices.

Pour inscrire son enfant dans un établissement public, le parent se doit d’ouvrir généreusement son porte feuille pour sucrer des réseaux de trafiquants de places. De même l’on surfacture à souhait les articles ou les biens mobiliers destinés à l’administration. Quand une simple gomme coûte 500 FCFA, il faut se poser des questions. Avec 10/20 de moyenne au Baccalauréat, on te « deale » une bourse nationale ou internationales. Alors que des esprits brillants se saignent abondamment pour réunir leur frais de scolarité pour leurs études s’ ils ne les abandonnent pas.

Sans doute, l’action de ces « collecteurs d’impôts » n’est pas sans engendrer des maux et des comportements malveillants dommageables à toute la société dans son fonctionnement. D’abord le culte des « relations » ou des chemins non conventionnels pour solutionner les problèmes quotidiens et donc l’abandon progressif des réglementations de la république.

L’aboutissement de tels agissements est l’épanouissement de la royale corruption à laquelle, qu’on le veuille ou pas, chacun est poussé. La corruption devient une question de survie parce que le mérite personnel semble s’éloigner de nos structures mentales. Ensuite, les rapports entre gouvernants et gouvernés, loin de l’esprit de collaboration ou de service, se fondent plutôt sur l’exploitation et la méfiance.

De là découle tout le discrédit que méritent certaines de nos administrations publiques de la part des honorables citoyens perdus devant ce qui se peut être considéré comme leurs droits. Enfin le point d’orgue de cette mafia administrative est de façonner une société dont une grande partie se compose de frustrés, de révoltés, d’aigris et de malheureux avec tout ce que cela comporte de dérives sociales comme l’intolérance, la haine, la délinquance, la vengeance...

Rien n’est plus écoeurant quand l’on te dit que tous les Burkinabé naissent égaux en droits et qu’en réalité, il y a des citoyens de première zone bénéficiant d’un système social en pourriture et du « bonheur » qui en résulte et des citoyens de seconde zone qui eux, sont livrés à la vindicte de cette inhumanité. Tout simplement, résumons que « service public » et « service privé », malgré leur incompatibilité, s’étreignent.

Ce prisme déformant de notre société porte le trait et la bénédiction d’une mal gouvernance et d’une décomposition puante des valeurs cardinales qui fondent une communauté humaine de justice et de paix.

Bendré

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