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Gestion des catastrophes : L’Afrique victime de l’imprévision

Publié le jeudi 9 mars 2006 à 07h28min

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"Gérer c’est prévoir", dit-on. Si, dans les pays du Nord, ce dicton
constitue généralement l’un des principes fondamentaux sur
lesquels repose la gestion des affaires publiques, dans la
plupart des pays africains, à l’instar du Burkina, il n’a
manifestement pas la même valeur.

Dans ces Etats, le manque
de prévisions apparaît clairement quand surviennent des
catastrophes (incendies, inondations, épidémies, etc.),
fussent-elles de moindre importance.

Dès que ce type
d’événements se produit, le réflexe est pratiquement le même
sur le continent : un appel à l’aide internationale. Par exemple,
rares sont aujourd’hui les pays africains qui disposent de fonds
prévisionnels pour faire face à la menace actuelle de la grippe
aviaire. Des pays africains contaminés (Nigeria, Niger) ont tout
de suite tendu la main à la communauté internationale dès la
confirmation de la présence de la maladie sur leur sol.

Au
Burkina, l’Etat, bien qu’ayant pris à l’avance de dispositions pour
contrer l’épizootie, semble incapable de proposer un prix de
dédommagement substantiel (il s’élève aujourd’hui à 600 F CFA
par tête de volaille) à ses producteurs en cas de présence du
virus H5N1. Ce qui semble dérisoire, contrairement au Niger qui
propose 1000 F CFA et le Bénin 2000 F CFA. Qui plus est, le
gouvernement éprouverait actuellement du mal à envoyer dans
les laboratoires italiens, les prélèvements effectués sur des
volailles mortes, faute, dit-on, d’argent.

Par ailleurs, sur des
catastrophes comme l’incendie du marché central de
Ouagadougou, Rood - Woko, l’Etat burkinabè a prouvé son
absence d’anticipation par rapport à ce genre de situation et son
incapacité à y faire face. En l’absence d’un mécanisme et d’un
fonds de soutien, une grande partie des commerçants qui y
exerçaient et contribuaient à l’économie nationale, croupit
aujourd’hui dans la misère.

Malgré les nombreuses promesses
de reconstruction faites au lendemain du sinistre, rien n’a
encore véritablement bougé sur les décombres du centre
commercial, jadis la fierté de la capitale. Ici comme ailleurs, la
sempiternelle raison du manque de moyens est brandie pour
cacher cette défaillance chronique de l’Etat à venir en aide à ses
bâtisseurs en situation de détresse. Si cet argument est
peut-être défendable, étant donné qu’aucun pays ne peut
prétendre avoir assez de moyens pour affronter toute
catastrophe, il faut toutefois relativiser. Surtout quand l’on
observe le train de vie élevé de bien des Etats et leurs multiples
dépenses de prestige.

Pendant ce temps, ils ne sont même
pas, dans la plupart des cas, en mesure de réunir le minimum
pour affronter la moindre situation de sinistre. L’absence de
moyens ne saurait tout expliquer. Il y a comme un manque de
réelle volonté politique au niveau des Etats. A ce propos, l’on
peut se demander ce qu’ils font de la notion de souveraineté de
leur pays. Celle- ci suppose en effet une certaine autonomie
dans la gestion des affaires publiques.

Même pour des événements cycliques comme les élections,
nos pays continuent à avoir du mal à les tenir sans difficulté. Il
leur faut encore et encore une assistance étrangère. Or, les
dates de ces échéances électorales sont toujours fixées des
années à l’avance.

La rhétorique sur l’absence de moyens n’est
visiblement qu’un prétexte. Elle traduit manifestement une
certaine incurie chez les responsables quant à leur manque
criard de prévision. En plus d’étaler leur incapacité notoire à faire
face aux situations d’urgence, ils tardent toujours à engager des
actions vigoureuses visant à les prévenir. Cela se manifeste
surtout au niveau des passations des marchés de construction
des ouvrages publics (bâtiments, routes). Rares sont les
constructions publiques qui répondent aux normes requises.

Ce
qui crée malheureusement des terreaux favorables aux
catastrophes. C’est pourquoi il est temps pour nos Etats de se
ressaisir en mettant en place des mécanismes qui permettent
de prévenir efficacement les risques de catastrophes.

Le Pays

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