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Femmes et pouvoir de décision : Eviter les travers de la politique traditionnelle

Publié le mercredi 8 mars 2006 à 08h32min

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Le rendez-vous annuel du 8 mars, journée internationale de la
femme, est célébré cette année sous le thème « femmes et
prises de décisions ». Le Burkina Faso, lui, a préféré mettre
l’accent sur la lutte contre la pauvreté, un sujet d’actualité, sinon
à la mode, que l’on assaisonne à toutes les sauces.

Tous les
deux thèmes peuvent être productifs , à condition qu’ils soient
abordés avec la plus grande rigueur. L’avènement de Ellen
Johnson-Sirleaf, la première femme élue chef d’Etat en Afrique,
a beaucoup marqué les esprits et donné un surcroît de courage
aux femmes engagées en politique.

D’où l’intérêt, à l’aune de
cette journée internationale de la femme, de voir quel impact
peut avoir l’élection de Sirleaf sur l’accès des femmes aux
pouvoirs de décision. Au Bénin en tout cas, la lutte des femmes
pour se faire une place dans les sphères de décision ne relève
pas de la rhétorique ni de revendications irréalistes. Sur les 26
candidats à l’élection présidentielle de dimanche dernier, deux
sont des femmes.

L’une d’elles a avoué, sur les ondes, qu’elle
s’inspirait de la présidente libérienne. Mais une chose est de
postuler à l’élection présidentielle, une autre est de pouvoir
conquérir l’électorat avec un programme politique convaincant et
un état-major de campagne bien structuré. Et là, la seule qualité
de femme ne suffit pas.

C’est l’erreur que commettent bien des
militantes féministes, qui croient presque naïvement que les
portes du pouvoir s’ouvriront naturellement aux femmes. En
politique, il n’y a pas de cadeau, quel que soit le sexe. Un poste
électif met en concurrence, non pas, a priori, une femme ou un
homme, mais des adversaires politiques.

L’accès aux postes de nomination est le fruit aussi d’un mérite.
Les femmes du Burkina méritent-elles la sous-représentation
actuelle dont elles sont victimes à tous les niveaux de la vie
socio-politique (syndicats, collectivités locales, haute
administration, assemblée nationale, gouvernement, etc.) ?

Elles ont certainement une part de responsabilité dans leur
propre marginalisation. On ne reviendra pas sur les éternelles
récriminations faites aux femmes d’être peu engagées en
politique et de vouloir compter sur les quotas pour s’illustrer. Il y
a toutefois une tendance à la facilité que l’on peut observer chez
certaines femmes.

Celles-ci émergent le plus souvent grâce à
leurs époux nommés à de hautes fonctions. On les voit
inaugurant telle infrastructure ou parrainant telle activité.
Naturellement, lorsque le mari vient, par un concours de
circonstances, à quitter les affaires, madame baisse les bras et
l’association qu’elle avait mise en place a de fortes chances de
ne pas survivre.

Ce manque d’entreprise en période difficile et
la faiblesse des organisations de défense des droits de la
femme ne permettent pas d’exercer une grande pression sur
les tenants du pouvoir .Au Burkina, les femmes donnent
l’impression de ne pas se battre pour exiger d’être au centre
des prises de décision, mais de le mendier.

Et quand on
s’inscrit dans une logique de la main tendue, les compromis,
voire les compromissions, peuvent anéantir toutes les
revendications, aussi légitimes soient-elles. La politique
politicienne, avec ses coups tordus, qui serait l’apanage des
hommes, ne serait-elle pas aussi de plus en plus pratiquée par
la gent féminine ?

Il apparaît en tout cas nécessaire que les
femmes en politique fassent du respect de la morale et de
l’éthique une valeur essentielle de leur action. C’est en se
donnant une image irréprochable et non en tombant dans les
travers actuels des politiciens, qu’elles feront valoir leurs droits
à diriger, aux côtés des autres acteurs, cette nation qui nous
appartient à tous. Il y a donc un double défi à relever, qui est loin
d’être une sinécure. D’abord, s’imposer, par le travail et la
réflexion, donc par le mérite, ensuite, avoir une hygiène de vie
publique sans tache.

« Le Pays »

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