LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Seif el Islam Kaddafi chez Blaise Compaoré

Publié le mardi 7 mars 2006 à 07h43min

PARTAGER :                          

Le fils aîné du Guide libyen, Seif el Islam Kaddafi ("le glaive de l’islam en arabe"), a été reçu en audience hier matin par le président du Faso, Blaise Compaoré.

Il s’agit d’une "visite non officielle", et, de l’avis de celui qu’on présente comme le dauphin de son père, la Fondation Kaddafi, dont il assure la présidence, veut nouer des relations de partenariat avec la société civile burkinabè.

C’est bien connu, l’arrivée d’un Kaddafi dans une ville est souvent précédée, à un degré ou à un autre, d’une escouade de matériels roulants.

C’est ainsi que le 4 mars dernier, deux gros avions ont déversé à l’aéroport international de Ouagadougou de grosses cylindrées genre VX et Humer...

Hier à 10h 30 mn, c’est un fringant Seif el Islam accompagné de Salif Diallo, ministre d’Etat chargé de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, qui est arrivé à la présidence du Faso.

Une heure de tête-à-tête avec le président du Faso et voilà le fils du Guide de la Jamahiria arabe libyenne populaire et socialiste qui ressort, pour dire l’objet de sa présence au Burkina Faso : "Je suis venu chez le président du Faso, pour une visite non officielle. Comme vous le savez sans doute, je préside la Fondation Kaddafi, et je viens pour voir les opportunités de partenariat que nous pouvons nouer avec la société civile".

Mais est-il intéressé d’investir avec des opérateurs économiques dans certains domaines ? En substance, Seif El Islam estime qu’il attache, en principe, du prix à ce genre de relations.

En tout cas, l’homme a les moyens de sa politique, car déjà, avec la Fondation Kaddafi, de nombreuses œuvres ont été réalisées dans certains pays. Ce Golden boy au langage policé veut convertir la Libye aux vertus de la mondialisation et de l’économie de marché qu’il conçoit comme un commerce basé sur "l’égalité et non sur la pauvreté, sur la solidarité et non sur la concurrence féroce, sur la diversité et non sur le prêt-à-porter".

On se rappelle que le 24 juillet 2004 à l’hôtel Bawabat Ifriqiya (Porte de l’Afrique) à Tripoli, Seif el Islam avait lancé la création de deux institutions en rapport toujours avec le commerce mondial : le forum de Syrte, conçu sur le modèle de Davos, et la Compagnie africaine d’investissement (CAI), dotée d’un capital de 1 milliard d’euros.

Au fait, qu’a-t-il à dire sur les affirmations de plus en plus insistantes qui font de lui l’héritier présomptif du Guide ?

Seif el Islam fait dans l’esquive et répond : "J’ai déjà répondu à cette question". Pourtant, tout indique que si l’autre fils en vue, Saadi, qui a tâté du ballon à un piètre niveau, notamment dans le Calcio où il usait son fond de culotte sur les bancs de touche, et de la diplomatie, n’est pas trop versé dans la politique, l’aîné, lui, a l’oreille du père, et "agit presqu’à sa place" dans certaines circonstances.

On l’a ainsi vu apporter son soutien au premier ministre libyen Chockri Ganem lors du Congrès général du peuple (CGP) tenu le 8 janvier 2005. A l’époque, le PM voulait réformer le système Kaddafi et ouvrir le pays à l’investissement extérieur, ce dont d’autres caciques du régime ne voulaient pas entendre parler.

En réalité, ce serait Seif qui, publiquement, a dénoncé les comités révolutionnaires (qui ont fait échouer Ganem) qui voulait ce "révisionnisme" de l’édifice.

A cela s’ajoute cette conviction des opposants libyens regroupés au sein du "congrès" qui, lors d’une réunion le 29 décembre 2005, dit à peu près ceci : c’est ni plus ni moins Seif el Islam qui va succéder à son père.

Pour l’instant, Seif el Islam l’Africain guerroie pour les relations commerciales entre la Libye et d’autres pays africains et, accessoirement, fait dans l’humanitaire quand ce n’est pas dans les bons offices pour libérer des otages occidentaux détenus par les islamistes philippins du groupe Abou Sayaf dans des circonstances non encore élucidées.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique