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Charles Bréchard, conseiller général du Rhône (France) : « Nous remettrons bientôt huit véhicules de secours aux pompiers burkinabè... »

Publié le mardi 7 mars 2006 à 07h40min

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Charles Bréchard,

Charles Bréchard est le conseiller général du Rhône, président de la commission Environnement et Développement durable et maire de Chamelet. En visite au Burkina, il évoque avec Sidwaya le partenariat entre le service d’incendie et de secours dont il est le président du conseil d’administration et les pompiers burkinabè.

Sidwaya (S) : Quel est l’objet de votre visite au Burkina Faso ?

Charles Bréchard (C. B.) : Je suis là dans le cadre du partenariat que nous entretenons avec les pompiers du Burkina Faso et les collectivités locales. Le président du Conseil général du Rhône, Michel Mercier (il est sénateur UDF) m’a confié des missions. Parmi celles-ci, il y a la présidence de la commission Environnement et Développement durable du territoire. Au-delà de cela, je suis membre du Conseil d’administration du Service d’incendie et de secours (SIS).

S. : Qu’est-ce que le SIS et que faites-vous au Burkina Faso ?

C. B. : Depuis la départementalisation du Service d’incendie et de secours, ce service-là est sous la responsabilité du conseil général et financé en partie par le département mais aussi par les collectivités locales, c’est-à-dire les mairies.

Du conseil d’administration du SIS, nous gérons la défense d’incendie et de secours. Je suis aussi président de la commission du matériel, de réforme ainsi que de la commission des appels d’offre.

Cette dernière concerne l’acquisition du matériel. Donc, nous achetons du matériel, nous le remplaçons et donc, nous le reformons. A partir de là, plusieurs demandes que ce soit sur le territoire national (France) ou à l’étranger se sont faits jour.

S. : Comment est né le partenariat entre le SIS et les pompiers du Burkina Faso ?

C.B. : Lors de ma rencontre avec le président de l’association de jeunes pompiers professionnels, j’ai senti une attirance pour le Burkina Faso, plus particulièrement la capitale où nous sommes aujourd’hui. Je dois dire que le nom de l’association est assez joli : « face au feu ». Au fil des rencontres, nous avons compris que les demandes de Face au feu allaient fort vers des ambulances, vers du matériel de défense d’incendie, feu de forêt d’ailleurs. J’ai donc affecté une partie des véhicules pour le Burkina Faso par l’intermédiaire de l’association Face au feu. Les règlements changent très rapidement, la sécurité aussi. Donc, nous avons du matériel de qualité puisque ce matin (NDLR : l’entretien a lieu le vendredi 3 mars 2006) nous étions sur une ambulance qui a fait 15 000 km. C’est un master Renault qui peut en faire 300 000 dans des conditions difficiles.

Je pense qu’il restera encore longtemps au Burkina Faso en bon état. Mais, je dois dire que la remise du matériel n’est que le début de ce que nous allons ensemble réaliser vu que d’autres matériels nous sont demandés. Au fur et à mesure de la disponibilité que nous aurons, je me suis engagé dans un premier temps à remettre huit (8) véhicules très prochainement. Est-ce que je vais les remettre dans quelques mois, l’année suivante ? Dans tous les cas, j’ai pris date pour envoyer encore auprès des services burkinabè le secours et de défense huit (8) véhicules pour le secours et l’assistance à personne.

Je crois qu’en dehors du matériel qu’on peut fournir, cet échange entre deux nations (la France et le Burkina Faso) et spécifiquement avec les services d’incendie et de secours, où nos pompiers pendant leur vacance viennent passer 4 semaines à vivre les conditions de travail des pompiers burkinabè, à faire part de leurs connaissances, à faire de la formation et à apprendre ce que les Burkinabè peuvent leur apporter est extrêmement formidable. C’est ce que l’on l’appelle aujourd’hui très pompeusement du donnant-donnant. Ce n’est pas de l’assistanat, loin de là, c’est ce que j’appelle une franche collaboration.

S. : Quels enseignements tirez-vous du partenariat entre vos services et les pompiers burkinabè ?

C. B. : Je crois qu’il y a plusieurs enseignements. Je remercie encore le consul du Burkina à Lyon, Jean-Paul Grollemund pour avoir pris cette initiative car les quelques jours passés au Burkina Faso, nous ont permis de découvrir et de connaître ce pays et ses hommes. J’ai beaucoup appris, j’ai vu un pays très propre. Nous avons visité l’Université, nous avons eu un entretien avec le ministre de l’Enseignement de base où il me semble que politiquement, une démarche est en cours d’adoption pour amener encore plus loin les jeunes de ce pays au bout des études. Parce que je crois qu’il y a une certaine carence après ce qu’on appelle chez nous l’école primaire, à avoir des collèges dignes de ce nom. J’ai retenu des pompiers burkinabè qu’ils exercent leur mission, on pourrait presque dire, dans le sacerdoce. Vous savez être pompier, en plus d’avoir la chaleur humaine, impose d’être disponible, de se former. La coopération pour moi doit se bâtir à la fois sur des échanges humains et de nos expériences.

S. : Au-delà des remises de matériels, avez-vous inscrit dans votre agenda la formation des hommes ?

C. B. : Ben entendu ! Je crois que si cette affaire fonctionne bien, il faut remercier le Burkina Faso qui s’enrichit quelque part. Les perspectives, je les vois ainsi, tant que le Consul continuera à exercer ses fonctions et je le lui souhaite pour longtemps, soit des gens d’ici viendront à Lyon, soit des Lyonnais viendront ici. Je crois qu’ils vont être de plus en plus nombreux. Quand les hommes unissent leurs énergies, qu’ils croient en ce qu’ils font et que leurs affaires sont bien bâties, il n’y a pas de problème.

S. : Quelle lecture faites-vous des relations entre les municipalités du Nord et du Sud ?

C. B. : Nous avons cette chance que l’ensemble des collectivités de notre région sont parties prenantes avec des municipalités du Burkina Faso. Cela est très positif à la fois pour le Burkina et pour nous. Chacun doit rester dans sa compétence pour être plus efficace et pour ne pas se diluer.

S. : Que pensez-vous des coopérants qui interviennent au Burkina sans parfois connaître les réalités du terrain ?

C. B. : Je vais être brutal, je pense que la vocation d’un coopérant est de connaître d’abord le terrain et les hommes. Ça me semble être indispensable dans sa formation de base avant même d’arriver, il devrait connaître le pays, ses institutions, sa vie sociale. Il devrait en quelques jours pouvoir identifier les besoins sur le terrain pour être efficace. Ça, c’est mon sentiment, cela n’engage que moi, car un coopérant est fait pour s’adapter au terrain. Il nous appartient d’apporter ce qu’il faut pour que le Burkina Faso garde sa culture, son identité.

S. En définitive, quelles sont les perspectives de votre partenariat avec les pompiers burkinabè ?

C.B. : Vous savez ce n’est pas par des mots compliqués que l’on caractérise un pays. J’ai trouvé une gentillesse dans ce pays, un accueil chaleureux dans tous les milieux. Je crois que cela est le départ d’une société. Mon vœu, serait d’accompagner moi-même la caravane des huit (8) véhicules qui va venir. Je l’ai répété au maire de la ville, Simon Compaoré. Car, le Conseil général du Rhône a mis 30 000 euros (NDLR : plus de 19,6 millions de F CFA) pour convoyer le véhicule que nous avons remis aux pompiers burkinabè. Un container de 4 m3 de matériel est en attente. Je retiens l’échange entre les hommes, la connaissance du milieu, la formation, comme étant les éléments essentiels de notre coopération.

Entretien réalisé par S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
et Daouda Emile OUEDRAOGO

Sidwaya

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