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Côte d’Ivoire : Enfin un .... rassembleur !

Publié le lundi 6 mars 2006 à 07h28min

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La situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire, depuis ces trois dernières années, est si complexe du fait du comportement de la classe politique ivoirienne en général, qu’en parler intéresse de moins en moins. Les nombreuses rencontres et accords de paix signés ici et là pour régler le conflit né du déclenchement le 19 septembre 2002 d’une rebellion militaire qui a fini par diviser le pays sont restés pendant longtemps sans lendemain. Et cela, malgré les efforts de la communauté internationale.

Aujourd’hui, le découragement, la lassitude, voire l’indifférence auraient pu l’emporter si le nouveau Premier ministre de transition que la communauté internationale a imposé à la Côte d’Ivoire pour ramener définitivement la paix après des élections générales, transparentes, libres, équitables, démocratiques n’était pas en train de réussir.

M. Charles Konan Banny a en effet, lancé une dynamique de règlement de la crise ivoirienne qui s’impose chaque jour comme la seule solution qui vaille malgré toutes les difficultés qu’il rencontre. Le sommet extraordinaire de Yamoussoukro, la capitale politique, à la fin du mois dernier, des quatre protagonistes de la crise (Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Guillaume Soro) est le fruit de la stratégie du nouveau Premier ministre qui croit dur comme fer que le « renouveau » de la Côte d’Ivoire ne peut se réaliser que par les Ivoiriens d’abord. Autement dit, c’est avant tout avec les Ivoiriens et en terre ivoirienne que le conflit qui divise le pays sera résolu.

La rencontre de Yamoussoukro est un événement de taille. Il est même historique. Le sommet extraordinaire, le premier du genre, en terre ivoirienne, n’a pas tout réglé, bien-sûr, mais il est un pas qui en entrainera d’autres.

Tout simplement parce que les Ivoiriens et avec eux la communauté internationale sont fatigués de cette situation. Certains veulent qu’il en soit ainsi et voudront pendant longtemps qu’il en soit ainsi tant que leurs objectifs ne seront pas atteints. Cependant, il faut saluer la volonté des protagonistes de se rencontrer souvent et de s’être entendus sur la composition de la commission électorale indépendante, pour laquelle ils se sont combattus.

Dans ses calculs, le président Gbagbo, dont on connait la crainte d’une élection libre, transparente et démocratique, a toujours voulu gérer le processus de paix de bout en bout. Cet homme par qui la guerre est arrivée voudrait passer pour le président qui a ramené la paix. Alors que pendant longtemps et même maintenant, il a toujours cru que la solution à la crise ivoirienne ne peut être que militaire.

C’est parce que le président Gbagbo et son clan se sont rendus compte de la volonté affichée de la communauté internationale d’appuyer Charles Konan Banny et même de gérer directement la crise ivoirienne qu’ils révisent leur position. La rencontre de Yamoussoukro, ils n’en voulaient pas au départ. Craignant de porter la responsabilité de l’échec du processus de paix, Gbagbo et son clan ont fini par se ranger, même s’il faut après mûrir d’autres plans de déstabilisation du gouvernement de transition. Comme l’attaque mystérieuse, le 2 janvier dernier, d’un camp militaire à Abidjan suivie plus tard de quatre jours de manifestations des partisans de Gbagbo contre ce qu’ils ont appelé la dissolution de l’Assemblée nationale par le Groupe de travail international sur la Côte d’Ivoire (GTI). Ce groupe de travail a plus que jamais besoin d’être vigilant s’il veut atteindre ses objectifs.

Le plus difficile est à venir. L’identification des Ivoiriens, le désarmement des milices pro Gbagbo et celles des forces rebelles dans un pays sans armée républicaine digne de ce nom et où certains continuent de ramer à contre-courant de l’histoire constituent la partie la plus complexe du règlement du conflit.

La communauté internationale doit redoubler d’efforts si elle veut que la dynamique de paix de Konan Banny qui s’est montré (ce n’est qu’un constat) rassembleur, courageux et fin stratége ne se brise sur la volonté de nuisance de nombre de personnes et d’intérêts. Les Américains, pour ne citer en particulier qu’eux, doivent s’impliquer encore plus car la paix au Liberia à laquelle ils tiennent tant passe par la paix en Côte d’Ivoire. Le président Gbagbo, qui jure par la « souveraineté » de son pays et le retour de la paix en Côte d’Ivoire n’a jamais réussi à se rendre au Nord depuis le déclenchement du conflit alors qu’il l’a promis plusieurs fois. Son Premier ministre, Konan Banny a fait, lui, le déplacement du Nord où il a été reçu avec tous les honneurs.

C’est à Konan Banny que revient le mérite d’avoir regroupé à Yamoussoukro pour la première fois les protagonistes de la crise ivoiro-ivoirienne.

Ces actes que le Premier ministre de transition a posés sont importants mais ne sont malheureusement pas suffisants dans cette Côte d’Ivoire où règne l’imprévisible pour crier vite victoire. Mais il y a des motifs d’espoir si Konan Banny continue sur cette lancée, sur cette volonté de rassembler tous les Ivoiriens pour la réconciliation nationale et des élections crédibles.

Bessia BABOUE

Sidwaya

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