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Election présidentielle au Bénin : Les Béninois du Burkina ont voté à Ouagadougou

Publié le lundi 6 mars 2006 à 07h27min

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Hier 5 mars 2006, plus de 4 millions de Béninois étaient à l’assaut des urnes pour élire leur président parmi 26 candidats. Ceux vivant au Burkina Faso ont accompli à partir de la cour « Jeunesse d’Afrique » à Ouagadougou, l’acte de vote ».

M. Yves Yehouessi est un Béninois vivant au Burkina Faso. En même temps que ses compatriotes restés au Bénin, il a pu, à partir de Ouagadougou, accomplir son acte citoyen en choisissant (ou non) un candidat parmi les 26 en lice à l’élection présidentielle béninoise. C’était le dimanche 05 mars 2006. La joie de M. Yehouessi était grande. « C’est une excellente chose d’avoir pu faire voter les Béninois de la diaspora parce que la construction d’un pays se fait autant par les citoyens résidants que par ceux qui sont à l’extérieur du pays »..., a-t-il confié, le doigt imbibé d’encre « indélébile ».

En effet, de 8 heures du matin jusqu’à 17, matin deux bureaux de vote étaient ouverts dans la cour de « jeunesse d’Afrique » à Ouagadougou pour recevoir les voix des 559 Béninois inscrits pour le vote du président de la République du Bénin. Nous sommes sur les lieux entre 8h et 10h. Dans une salle abritant les deux bureaux de vote, tout le dispositif du scrutin est en place : deux urnes transparentes, des bulletins uniques portant la photo de tous les candidats, de l’encre « indélébile », des cachets « a voté », des cachets pour le choix du candidat, des listes des électeurs /les membres des bureaux... Tout électeur doit présenter sa carte d’électeur et une carte consulaire, nous indique M. Pierre Johnson, superviseur venu de Cotonou, représentant la Commission électorale nationale autonome (CENA).

Et pour lui, tout se passe bien. A part des cas d’électeurs refoulés parce que n’ayant pas présenté de carte consulaire, relève-t-il. Une situation décriée par les représentants de deux candidats. M. Pascal Akpode, présent au nom du candidat Adrien Houngbedji, a trouvé déplorable le fait que la carte consulaire soit l’unique pièce (en plus de la carte d’électeur) reconnu pour le vote.

Alors qu’à l’établissement des listes électorales, d’autres pièces comme la carte d’identité béninoise, le passeport, l’acte de naissance étaient acceptées, renchérit le représentant du candidat Yayi Boni, M. Blaise Houessinon. Tous deux ont estimé qu’avec cette exigence de dernière minute (72 heures seulement avant le jour du scrutin selon eux), beaucoup d’inscrits ne pourront pas jouir de leur droit de vote.

Pour Mme Delphine Kwendé consule honoraire du Bénin au Burkina Faso, la faute incombe à la CENA « parce qu’elle aurait dû nous aviser depuis 6 ou 7 mois que pour voter, il faut obligatoirement la carte consulaire ». « Moi qui suis là, je me suis inscrite avec ma carte d’identité et c’est à la dernière minute que j’ai appris qu’il fallait la carte consulaire, j’ai dû rechercher la mienne », a-t-elle témoigné. Mais si Mme le consul n’est pas d’accord avec la manière, elle partage le principe.

Car, à son avis, la carte consulaire est le seul document qui puisse attester de la résidence au Burkina Faso d’un Béninois. Sans cette exigence, a-t-elle expliqué, des Béninois vivant dans d’autres pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Togo, où le vote n’est pas encore une réalité, pourraient venir au Burkina Faso pour prendre part au scrutin.

De la collaboration des autorités burkinabè à l’organisation de l’élection présidentielle du Bénin, Mme Delphine Kwende tire une certaine satisfaction. « Tout ce que j’ai demandé aux autorités burkinabè, je l’ai eu », s’est-elle réjouie. Elle avait demandé à louer ou à prêter des urnes, elle les a finalement eues en prêt. Elle a même obtenu que le vote des Béninois au Burkina Faso soit sécurisé par 15 agents de sécurité de la police et de la gendarmerie nationale.

KOUMIA Alassane KARAMA (karamalass@yahoo.fr)


Un premier tour très ouvert

Le changement ne sera pas un vain mot dans ce scrutin présidentiel béninois puisque, ni le président sortant, Mathieu Kérékou, ni son rival Nicéphore Soglo (les deux hommes dominent la vie politique béninoise depuis 30 ans) ne sont candidats : ils sont tous deux atteints par la limite d’âge.

Ce premier tour est donc très ouvert, et le carrefour des ambitions est plutôt embouteillé. On y trouve les petites cylindrées, les illustres inconnus et autres indépendants ; s’y pressent aussi des ministres, au nombre de trois, sans compter ceux qui ont quitté le gouvernement comme le patron de l’Assemblée nationale et celui du Conseil économique et social (CES) sont aussi candidats. L’ambition politique déchire même les familles. Les deux fils de l’ancien président Soglo se disputent l’héritage de leur père.

Dans cet embouteillage, 04 candidats sont plus particulièrement attendus par les Béninois. Adrien Houngbédji, ancien ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Bruno Amoussou, 2e de la présidentielle de 2001, Yayi Boni, ex-patron de la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD) et enfin Léhady Soglo, fort du soutien de son père Nicéphore. Mais la course n’a jamais été aussi ouverte, et les outsiders entendent bien profiter du vent du changement qui souffle aujourd’hui, pour se laisser porter le plus loin possible.

La campagne présidentielle béninoise a été également marquée par des problèmes d’organisation, notamment le manque d’urnes. Finalement, le Burkina Faso en a offert 3000 à son voisin. Au total, 4 millions de béninois sont appelés à élire le successeur de Mathieu Kérékou. 26 candidats dont 02 femmes se disputent le fauteuil présidentiel.

Moustapha SYLLA

Sidwaya

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