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Vie des partis politiques du Burkina : La démocratie comme une foi religieuse

Publié le samedi 4 mars 2006 à 07h21min

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Depuis le début du processus démocratique en cours au Burkina Faso, le landernau politique subit fréquemment des remous liés à des démissions par-ci et des regroupements et cassures par-là. Une situation politique qui dans son ensemble donne l’impression que la démocratie burkinabè se porte bien.

Cependant la vie des partis politiques se trouve confrontée à une réalité, celle d’une même absence de culture politique des militants. Se pose alors la question de savoir pourquoi autant de secousses politiques à l’intérieur des formations politiques. Doit-on parler de "guerre d’intérêts individuels" au sein des partis politiques ? Analyse.

Dit-on souvent que la politique est un court chemin pour non seulement se faire une place parmi les élites d’un pays mais pour s’enrichir. Un adage qui peut-être sied bien en Afrique au regard du comportement de certains acteurs politiques.

En effet, la politique est certes un combat de leadership cependant, ce combat doit se mener au profit de l’intérêt supérieur de la vie de la nation.

Faire la politique pour faire avancer la liberté d’expression, l’acceptation de la différence, le respect des droits humains, c’est défendre les valeurs si chères à la démocratie. Or les acteurs politiques semblent ne pas avoir en eux cette culture de la vie démocratique.

L’absence de cette culture politique

Le diagnostic sur la participation des femmes à la vie politique au Burkina révèle l’absence d’une éducation citoyenne à la base. Conséquence, la jeune fille qui n’a aucune notion de la politique nationale s’intéresse peu à celle-ci. Certes, sur le terrain bien de facteurs peuvent expliquer la faible participation politique des femmes, mais il est clair que le facteur dominant demeure la dure compétition (le leadership) qui caractérise le sérail politique. Cette absence de culture politique n’est pas seulement constatée chez les femmes.

Elle est beaucoup plus ressentie chez les hommes qui manquent souvent de maturité. C’est le cas des multiples démissions constatées en prélude aux élections municipales du 23 avril prochain. Comment comprendre que les militants d’un parti, du fait qu’ils ne sont pas en lice pour cette échéance électorale au sein de leur parti d’origine, prennent la clé des champs et vont adhérer là où ils peuvent être listés ? Et ces démissionnaires prétendent dénoncer le manque de culture démocratique au sein du parti qu’ils ont quitté.

Bien de personnes ont raison de dire que le milieu politique est pourri car certaines mauvaises graines n’y voient que leurs intérêts individuels égoïstes en lieu et place de leur participation à l’édification d’une nation démocratique. Ce comportement de nomades de certains acteurs politiques qui volent de partis en partis à la recherche d’une place de choix témoigne du manque de culture politique et partant démocratique. Sinon leur foi à la démocratie devrait les amener à accepter la décision de la majorité et à savoir se retirer pour se faire accepter à la place qu’ils méritent. En la matière, l’exemple de Mathieu Kérékou du Bénin doit servir de cas d’école pour bien d’acteurs politiques en Afrique en général et en particulier au Burkina.

Avoir foi en la démocratie

Participer à l’édification d’une nation démocratique, c’est croire aux valeurs cardinales de cette démocratie. Tout en les défendant, on doit savoir se soumettre à la loi de la majorité. On doit aussi savoir que la place de leaders d’opinion au sein de son parti doit se mériter. Autrement dit quand on milite dans un parti on veut bien vouloir défendre certaines causes relevant d’une communauté donnée ou de toute une nation. Mais cela doit se faire par le travail et le devoir de militant. Etre militant dans un parti, c’est celui-là qui est à jour de ces cotisations et qui participe aux activités politiques du parti. Hélas au Burkina, dans moult partis politiques, ils sont une minorité qui cotisent correctement et qui participent physiquement, financièrement et même matériellement à la vie du parti. Ce qui a pour conséquence l’incapacité des partis à pouvoir se prendre correctement en charge lors des élections. Du coup, ils attendent sinon réclament le financement public pour mener leurs activités.

Or en période électorale, il s’engage une compétition rude entre les acteurs pour se faire une place sur les listes électorales. La présence active de certains militants en vue des élections est de ce fait beaucoup plus liée à leurs intérêts puisqu’ils sont en ce moment prêts à tout pourvu qu’ils soient en lice. C’est dire que ces genres de militants n’ont aucune foi politique. Comme une foi religieuse, la démocratie nécessite une culture politique qui doit se renforcer de jour en jour. Et c’est ce à quoi les acteurs politiques du Burkina doivent s’y atteler pour apporter leur contribution constructive à l’édification d’un Burkina démocratique.

Abou OUATTARA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 4 mars 2006 à 17:31, par moi-meme En réponse à : > Vie des partis politiques du Burkina : La démocratie comme une foi religieuse

    cet article s’apparente a un "article reponse" de celui intitule "sartana, si ton bras gauche te gene, coupe-le." ou du mons il en donne les fondements. Par cette analyse des faits vous repondez a tant de questions posees dans ledit article. Le C.D.P fourmille de tant de militants pas toujours au fait de la ligne politique du parti a tel point qu’on est arrive a parler de militants de 25e heure.Un militant est celui qui est au parti par conviction et qui epouse les idees du parti. peu importe a quel moment il est arrive au parti. La popularite vient du fait des actions posees par le militant au nom du parti. Quelle est la base sur laquelle doit se fonder la " majorite" pour choisir son candidat ? Je suppose que les uns et les autres sont au fait des consignes donnees par la diretion politique du C.D.P pour la designation des candidats. Alors, jettez un coup d’oeil ou plutot faites un sondage avec des elements d’enquetes precises au niveau des candidats C.D.P ( si vous voulez, etendez l’enquete a tous les partis) portant sur l’ideologie du parti ; vous vous rendrez compte que peu ou pas de candidats connaissent la ligne politique du parti. Comment voulez vous alors que des cas comme ce qui se passent a bobo ou ailleurs et concernant le C.D.P ne se produisent pas ? Surtout quand on sait que la majorite elle-meme est ignorante et bien souvent "ponctuelle" dans la mesure ou l’on peut se creer une majorite ,le tout dependant de qui et de quand l’on convoque une rencontre.

    Savez vous pourquoi sartana est sorti vainqueur ? Tout simplement parce qu’il s’est manifeste en lui l’instinct de survie. Au CDP cet instinct n’existe ou ne peut exister parce que la reconnaissance du merite et de la capacite intrinseque du militant n’est pas celui qui guide le parti dans la designation des candidats ( je me refere toujours a la directive du parti pour le choix des candidats) mais plutot des choix qui s’appuyent sur des criteres theoriques et bien souvent "futiles" et "mediocres" .Quand on sait comment les gens deviennent populaires dans les quartiers : frere d’un tel SG ou ministre, ami de tel autre DG ou bien celui la ayant des ressources financeres importantes et qui est pret a donner d’importantes sommes d’argent lors des funerailles et autres baptemes , homme a "grand coeur" parce que lors de deces dans le quartier ce monsieur a mobiliser a lui tout seul les 2 peugeots bachees de son service "monopolisant" pratiquement de tels evenements, monsieur que le depute ou le directeur de tel societe de la place salue quand il passe et meme souvent s’arrete lui donner des commissions a faire, acte sommes toutes banal mais qui a toute son importance d’autant plus que "l’impression des as" marche a merveille dans ce pays de "m’as tu vu ?", importance parce qu’ aux yeux de la masse populaire, meme le depute s’arrete pour lui dire bonjour ( qui est fou pour ne pas s’allier a une telle personne surtout si la conviction est faite que tous les problemes pourront etre resolus) et en plus il a ses entrees chez le depute en famille ou bureau. Voila le probleme avec le CDP et ses directives. Et si apres cela certains s’inquietent du fait que le CDP ne fasse pas comme sartana, c’est qu’il y a un tres gros probleme, parce que vous connaissez la reponse maintenant et en plus dans la presente analyse vous en donnez les fondements. A bon entendeur .......... moi- meme

  • Le 5 mars 2006 à 19:56 En réponse à : > Vie des partis politiques du Burkina : La démocratie comme une foi religieuse

    Je ne vais pas entrer dans les details de votre article et de la reaction qui s’en est suivi. J’approuve dans les grandes lignes ce que vous preconiser en matiere de culture democratique. J’apprecie surtout que vous citiez Mathieu Kerekou qui malgre ses indubitables defauts, s’est finalement revele comme un exemple de president democrate : il a su quitter le pouvoir suite a la conference nationale beninoise, mais a beneficie du soutien de beaucoup de parties puis est revenu au pouvoir. La difference d’avec le Burkina c’est que des gens s’eternisent au pouvoir et pretendent vouloir qu’il y ait de la democratie au sein de leur propre partie. Si eux-memes croyaient a la democratie ils seraient les premiers a en donner l’exemple. C’est bien facile et confortable de se comporter en dictateur ou monarche et de demander aux autres d’etre democrates.

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