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Mort du patriarche Robert Coeffé

Publié le vendredi 3 mars 2006 à 07h33min

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Il se prénommait Sibiri Robert, et avait pour nom Coeffé. Ministre des Anciens Combattants à l’issue du remaniement gouvernemental du 6 avril 1967 sous la présidence du général Lamizana, le patriarche Robert Coeffé s’est éteint hier jeudi à 94 ans. Mais qui était vraiment l’homme ?

Sibiri Robert Coeffé était, avant tout, un militaire parti à la retraite avec le grade de chef de bataillon. Nous l’avons rencontré pour la première fois en septembre 1995 dans le cadre de notre ancienne rubrique, "Médiascopie". Et deux jours durant, nous avons échangé, discuté à bâtons rompus avec l’homme pour savoir quelle personnalité se cachait derrière cet officier de la première génération de notre armée.

Le front haut, de son visage impassible de masque percent derrière des verres correcteurs, un regard pétillant d’intelligence, un sourire en coin. Il était d’une taille moyenne et d’une silhouette filiforme. Tel nous a paru l’homme lorsque nous lui rendions visite en ce vendredi ensoleillé du 15 septembre 1995 à son domicile, sis au quartier Dapoya de la capitale.

"Mon nom, nous avait-il expliqué lorsque nous lui posions la question sur la singularité d’un tel patronyme, est la résultante d’une erreur commise dès mon recrutement à l’école. Le nom exact porté par tous mes parents, c’est Confé ou Konfé". Ancien secrétaire du haut-commissaire de la République française, Yvon Bourges, ancien ministre, Robert Coeffé était, dit-on, d’une droiture légendaire.

Mais qualifié de difficile par certains, il n’avait pas peur de dire tout haut ce qu’il pensait, sans détours surtout lorsqu’il estimait que la justice et la vérité, deux valeurs cardinales à ses yeux, étaient bafouées. L’armée, il l’avait intégrée en qualité d’engagé volontaire en 1932, suite aux conseils du docteur Goarnisson.

A l’époque, Ouagadougou n’était qu’une petite bourgade, et l’analphabétisme y était presque le dénominateur commun. Mais Robert, lui, faisait déjà honneur à Vaugelas et, mieux, il fit partie d’un trio, sur un total de deux cents recrues, à être instruit.

Dès lors, une prestigieuse carrière semblait à portée de sa main et l’avenir du jeune Robert, définitivement tracé. Il n’en fut d’ailleurs guère autrement, et après vingt-cinq ans de bons et loyaux services rendus à l’Hexagone, il regagna le bercail avec le grade de lieutenant.

En lui, la Haute-Volta indépendante saluait l’un de ses premiers officiers. Les hommes politiques de l’époque, Robert les a presque tous côtoyés : Nazi Boni, Ouezzin Coulibaly, son maître du cours moyen II en 1928, Christophe Kalenzaga, son ami, Maurice Yaméogo... Contrairement à ses jeunes frères d’armes qui furent à la base de l’avènement du CMRPN, du CSP, du CNR, du FP, lui Robert exécrait les coups d’Etat, car, nous avait-il confié, "Les putsches, ce sont des actes révolutionnaires d’officiers ambitieux qui veulent le pouvoir alors que moi, le pouvoir ne m’intéresse pas".

Effectivement, le pouvoir, il ne l’a jamais cherché, bien qu’il ait été ministre, comme l’a été sous la Révolution son fils Alain. Catholique pratiquant, Robert croyait dur comme fer en Jésus Christ, à l’instar de son père spirituel, Joseph Badoit.

Le parcours d’un homme engagé dans l’action n’est jamais rectiligne, et celui de ce patriarche a aussi suivi les pentes de la petite histoire, cette grande dévoreuse d’hommes, d’idées et de rêves. Le rêve, pour lui, débute en 1943, lorsque son chemin croisa celui de Tapsoba Tankuilga Delphine, son âme sœur, pour une vie commune de cinquante ans qui prit fin le 5 avril 1992. Un mauvais souvenir qui aurait pu vite emporter Robert si ses enfants et ses nombreux petits-enfants n’avaient été là pour le consoler.

A 94 ans, Robert Coeffé a tiré sa révérence pour rejoindre, dans l’au-delà, sa bien-aimée ainsi que ses frères d’armes.

Patriarche, repose en paix !

Boureima Diallo

Observateur Paalga

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