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Réhabilitation de Rood Woko : "Qui veut tromper qui ?"

Publié le vendredi 3 mars 2006 à 07h36min

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Dans le présent droit de réponse, le secrétaire général adjoint de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOM-B), Sanfo Mahamadou, s’en prend à la direction de la communication et des relations publiques de la commune de Ouagadougou. Les griefs reprochés à la structure sus-mentionnée sont relatifs à la réhabilitation de Rood Woko.

A travers les colonnes de la presse nationale, la Direction de la Communication et des Relations publiques de la Commune de Ouagadougou s’est prononcée sur certains propos tenus lors de notre assemblée générale du 14 février 2005. Dans le principe, nous sommes heureux que les plus hauts responsables de la Commune prêtent une oreille attentive à tout ce qui se dit dans la cité, et mieux, engagent un dialogue même si dans le cas d’espèce, l’ONACOM-B trouve à redire.

Nous sommes plus que déçus de la compréhension qu’a le directeur de la communication du débat dans un Etat de droit démocratique. Parce que nous avons une autre lecture de la gestion du dossier de la reconstruction de Rood Woko. Cet esprit très sain décrète que nous sommes des « individus malintentionnés ». Et dire que la constitution garantit la liberté d’opinion et l’encourage même en consacrant la liberté de presse.

Monsieur le Directeur, votre écrit nous impose un constat : soit vous ne suivez pas de près le traitement fait par nos autorités du dossier de réhabilitation du marché central de Ouagadougou, soit, de votre part, il existe une intention manifeste d’occulter la vérité. Ainsi que vous le dites, « les autorités gouvernementales et communales ont toujours affirmé leur volonté de tout mettre en œuvre en vue d’une diligente reconstruction du marché Rood Woko ». Mais en 3 ans, nous n’avons assisté qu’à des manœuvres dilatoires. Vous en voulez des preuves ?

L’aménagement de l’hippodrome du secteur 19 se révèle aujourd’hui comme un fiasco sur lequel nous nous réservons le droit de revenir. Vous aurez du mal à convaincre un honnête citoyen que ce terrain qui n’intéresse aucun commerçant a pu engloutir plus d’un milliard de FCFA. Si autant de sous ont été injectés dans ce projet, il faut avouer qu’il est l’expression d’une mal gouvernance patente, d’une méconnaissance par nos autorités de la réalité du monde des commerçants. Peut-être que si cet argent avait été alloué à la réhabilitation de Rood Woko, nous ne serions pas là à ce jour.

A propos du « cadre très approprié » de travail avec les associations de commerçants dont vous faites cas, vous savez, avec nous, qu’une grande partie de ces personnes qui sont aujourd’hui vos interlocuteurs ne disposent pas de hangars au marché central de Ouagadougou. Pire, certains ne sont commerçants que de nom et se proclament responsables d’associations qui n’ont pas d’existence au-delà du récépissé de reconnaissance. Vous comprenez donc pourquoi les informations que vous leur donnez ne franchissent jamais les portes des salles dans lesquelles se déroulent vos rencontres.

Il a fallu que l’ONACOM-B convie ses militants à une assemblée générale pour que les associations membres de votre commission se réveillent. En effet, depuis leur manifestation du 12 février 2004 au cours de laquelle un commerçant a perdu sa jambe tandis que plusieurs autres étaient grièvement blessés, ces structures avaient disparu de la vie associative et syndicale, comme si elles avaient enfin pris acte de leur inconséquence.

Monsieur le Directeur de la communication, qui veut tromper qui ? Il y a bien évidemment quelqu’un qui fait de la détresse des commerçants son fonds de commerce. Si nous sommes en accord avec vous pour affirmer que Rood Woko a brûlé du fait de « l’incivisme et de l’indiscipline » de ses occupants, il faut y ajouter la part de responsabilité de l’autorité de gestion du marché. Ne tentez surtout pas de faire croire que l’Etat n’avait pas les moyens d’instaurer le civisme et la discipline au sein du marché.

Pour n’avoir pas pris leurs responsabilités, les pouvoirs publics sont également comptables du drame survenu. Quand vous parlez « d’ingratitude de certains », vous nous révélez que pour vous, au sujet de Rood Woko, la république ne fonctionne pas sur la base de droits et de devoirs, mais de faveurs et de mercis. Bon nombre de victimes de l’incendie de Rood Woko sont aujourd’hui dans une situation de sinistré tel qu’ils sont prêts à s’accrocher au moindre espoir, à la moindre promesse, devenant ainsi des instruments à la merci de certains groupes aux intérêts peu honorables.

De l’AFD et de la mairie, qui dit vrai ?

Monsieur le Directeur, ce qui pourra éventuellement "perturber la bonne disposition des partenaires financiers à accompagner les autorités dans la réhabilitation de cet ouvrage, ce ne sont certainement pas l’exigence de bonne gouvernance que réclament les militants de l’ONACOM-B. Peut-être que lui sachant que « ce n’est pas une main extérieure qui a mis le feu à ce marché", le Directeur de la communication pourrait enfin communiquer sur le rapport d’enquête de l’incendie de Rood Woko.

Peut-être que lui nous dira enfin qui du maire de Ouagadougou et des responsables de l’Agence française de développement dit la vérité. Le premier dit en effet que rien ne sera réclamé aux commerçants alors que le second, qui est le donneur d’argent, réaffirme qu’il faut bien une contribution des bénéficiaires, des commerçants donc. Peut-être aussi que le Directeur de la communication pourra donner au peuple burkinabé un échéancier précis et crédible sur l’avenir de Rood-Woko : avez-vous seulement fait le point des rendez-vous officiellement annoncés et systématiquement non respectés pour le démarrage des travaux de reconstruction du marché ?

Monsieur le Directeur, nous souhaitons pour vous que le gouvernement maintienne le processus de décentralisation. Il n’est pas sûr que si un jour, l’on venait à supprimer les mairies et leurs directions de la communication avec, vous conceviez que l’on vous prive en plus du droit à la parole. Acceptez que des commerçants expriment des opinions divergentes et même critiques par rapport au traitement du dossier de reconstruction du marché. Nous sommes certainement plus intéressés que vous par la réhabilitation du marché parce que c’est notre outil de travail.

Enfin, Monsieur le Directeur, nous tenons à vous signifier qu’il n’y a point de complot ourdi par l’ONACOM-B et la presse nationale contre qui que ce soit, ainsi que le laissent sous-entendre vos propos : « certains organes dont Sidwaya, l’Observateur paalga et "Le Pays" rendaient compte de la tenue de l’Assemblée générale... » vous semblez préoccupé par le fait que ces organes de presse (et pas d’autres) se soient faits l’écho de notre manifestation. Sachez qu’ils ont juste accepté de répondre à notre invitation, contribuant ainsi à donner plus de contenu à la nécessaire expression plurielle dans un Etat de droit démocratique.

Wen na song sida

Pour le Bureau exécutif national

Le Secrétaire général adjoint

Sanfo Mahamadou

Observateur Paalga

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