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Taxe sur les billets d’avion : Au-delà des rivalités entre puissances occidentales

Publié le jeudi 2 mars 2006 à 08h22min

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Jacques Chirac (Ph. AFP)

Les représentants d’une centaine de pays du Nord et du Sud ont pris part les mardi et mercredi derniers, à la "conférence de Paris" autour de la taxe sur les billets d’avion.

Initié par le président français, Jacques Chirac, le projet vise à aider les pays pauvres à lutter contre la pauvreté et certaines maladies (Sida, tuberculose, paludisme).

Il s’agirait, selon ses initiateurs français, de l’application d’une taxe de 1 à 40 euros sur les billets d’avion, en fonction des vols et des classes. Sa mise en oeuvre en France, par exemple, rapporterait 200 millions de dollars par an.

Pour montrer la voie, le gouvernement français a entériné, le 23 novembre 2005, un texte portant prélèvement de solidarité internationale (PSI), qui rentrera en application dès l’été prochain. Les voyageurs au départ des aéroports français devront, en achetant leur ticket d’avion, s’acquitter donc d’une taxe supplémentaire comprise entre 1 et 40 euros selon leur classe et destination. Les fonds ainsi récoltés devraient notamment servir à l’achat de médicaments.

Malgré son caractère humanitaire, le projet de taxe sur les billets d’avion est loin de faire l’unanimité. Il est contesté par les compagnies aériennes qui craignent que cela ne joue négativement sur leurs équilibres financiers. Les Etats-Unis et le Canada y sont aussi hostiles, et n’ont participé à la rencontre de Paris qu’à titre d’observateurs.

Mais pas pour les mêmes raisons, étant donné les conceptions divergentes que les puissances occidentales ont de la lutte contre la pauvreté dans les pays du Sud. Au PSI, les Américains préfèrent la promotion des échanges avec les pays pauvres à travers l’AGOA ou l’octroi de crédits pour la réalisation de projets viables dans le cadre du Compte de la société du millénaire.

Sans s’y opposer, l’Allemagne n’a pas manqué, pour sa part, d’exprimer des réserves sur le projet. Dans ce contexte, l’enjeu pour le président Chirac, à l’ouverture de la rencontre de Paris, était clair : rallier le plus grand nombre d’Etats à son initiative. "Le moment est venu de franchir une nouvelle étape, d’aller de l’avant dans la mise en oeuvre de projets concrets (...). J’exhorte les pays à s’associer à cette facilité", a conclu le locataire de l’Elysée.

Mais un des aspects importants de l’initiative de l’ancien maire de Paris demeure la question de la gestion des fonds qui seront prélevés. C’est sans doute l’une des principales raisons du peu d’engouement qu’elle suscite auprès de certains Etats. Des mécanismes qui garantissent leur bonne gestion doivent être mis en place pour éviter qu’avec la malgouvernance, caractéristique de la plupart des pays pauvres, les fonds prennent d’autres destinations.

A ce propos, certaines ONG envisageraient la possibilité de contourner les structures traditionnelles des Etats. Si cet obstacle est levé, il restera un autre non moins important : le respect des engagements. En principe, les pays signataires doivent s’exécuter conformément à leurs résolutions.

Or, le constat est que la plupart du temps, de nombreux Etats peinent à traduire dans les faits leurs promesses. A ce propos, les pays développés sont encore loin aujourd’hui de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement des Etats du Sud, malgré l’engagement pris il y a des années.

Cela dit, l’initiative de Jacques Chirac, inlassable défenseur des nations pauvres comme celles d’Afrique, du moins dans ses intentions, constitue, au-delà des rivalités entre puissances occidentales, et de toute autre considération, une manifestation de solidarité internationale.

A ce titre, elle mérite d’être saluée à sa juste valeur, et soutenue par tous les Etats animés d’un élan de solidarité, qu’ils soient riches ou pauvres. C’est pourquoi ses promoteurs ne devraient pas chercher à tout prix, l’adhésion de tous les pays développés ou émergents pour l’expérimenter. C’est-à-dire, même les Etats du Sud peuvent être des acteurs à part entière du projet. Tout est question de volonté et de bonne foi.

"Le Pays"

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