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Grippe aviaire en Afrique : L’épidémie attendra-t-elle les décaissements ?

Publié le vendredi 24 février 2006 à 07h17min

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En 2004, plusieurs pays d’Afrique connaissaient des invasions acridiennes. Il ne s’agissait point d’une première pour nombre d’entre eux, mais comme le phénomène devenait récurrent, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait estimé qu’il fallait résoudre le problème une bonne fois pour toutes.

Il allait donc convoquer ses pairs pour se pencher sur la question. On retient que comme d’habitude, de bonnes résolutions avaient alors été prises, même si on allait ensuite les ranger au placard. Et c’est le moment que les insectes choisirent pour s’abattre sur le Sénégal pour tout ravager sur leur passage, sans que Wade puisse lever le plus petit doigt.

Depuis quelques jours, un autre fléau, la grippe aviaire, sème la psychose à travers le monde. Le virus H5N1 de la grippe aviaire, dont la présence au Nigeria a été confirmée il y a deux semaines, risque de se répandre sur le continent qui souffre déjà de plusieurs maux.

Plusieurs Etats de la fédération sont touchés, et la menace est réelle pour beaucoup de pays, ce qui constitue un obstacle au développement des filières avicoles. Un plan d’urgence était alors plus que nécessaire avec l’appui de plusieurs partenaires tels l’Organisation mondiale de la santé, l’Usaid, les Nations unies, la Banque mondiale, pour ne citer que ceux-là.

Vint encore une idée lumineuse au président Wade, qui allait convoquer une conférence régionale à Dakar les 22 et 23 février 2006, destinée à coordonner la lutte contre la grippe aviaire qui menace de gagner toute l’Afrique de l’Ouest.

Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée Conakry, Guinée-Bissau, Mali, Liberia, Niger, Mauritanie, Sierra Leone, Togo et surtout Nigeria étaient alors les convives à la table du président sénégalais. Mais quelle ne fut pas la déception de plus d’un observateur, de constater que le Nigeria n’allait pas effectuer le déplacement de Dakar ! Pourtant, s’il avait été là, il aurait pu éclairer la lanterne de plus d’un sur les différents aspects de l’épizootie.

Les Nigérians pouvaient, par exemple, dire comment ils vivent la grippe aviaire. Et puisqu’ils ont jeté l’éponge, Wade, lui, fait des pieds et des mains pour qu’on ne puisse pas dire, d’ici là, qu’il s’agissait encore d’un sommet pour rien.

Dans cette optique, un fonds de lutte a rapidement été mis en place à Dakar, qui a mobilisé 548 millions de nos francs. Il s’ajoute à celui qui a été dégagé lors de la dernière conférence de Pékin où une aide de deux milliards de dollars pour 140 pays avait été mise sur la table. Chacun pense à la prévention et surtout à la riposte.

Au Pays des hommes intègres, par exemple, lors du point de presse du gouvernement du 17 février dernier, le ministre porte-parole, Adama Fofana, avançait qu’il fallait un plan national de prévention et de riposte contre la grippe aviaire qui nécessiterait un financement estimé à 1 287 918 500 FCFA.

Et alors qu’on se demandait d’où proviendrait le milliard pour compléter les 300 millions du gouvernement, voilà qu’au cours de la même semaine les données changeront : en effet, le budget de ce projet de plan national connaîtra une hausse vertigineuse pour atteindre 5,6 milliards de francs CFA.

Comme en pareille circonstance on a toujours le regard tourné vers le portefeuille d’autrui, le gouvernement a rencontré des bailleurs de fonds le 20 février dernier, et maintenant la manne doit tomber du ciel.

Et si l’épidémie se déclenchait demain au Burkina ? Inutile de dire que la volaille serait décimée, car même si des bailleurs mettent actuellement la main à la poche, combien de temps faudra-t-il pour les décaissements ? Nos gouvernants ont donc intérêt à être prévoyants, car le dicton le dit bien : gouverner c’est prévoir. Pendant que nous y sommes, où est passée la notion de souveraineté de nos Etats tant clamée en politique, alors qu’au moindre problème, c’est la sébile qui est tendue ?

Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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