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Dédougou : Bilan de 5 ans de mandat de Mme le maire

Publié le jeudi 23 février 2006 à 07h33min

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Elisabeth Kondé

Au lendemain du 2ème report des élections municipales par le Conseil des ministres, le correspondant de l’AIB à Dédougou a approché non seulement le premier responsable de la ville de Dédougou, mais aussi quelques dédougoulais qui se prononcent sur le bilan des 5 ans du Conseil municipal.

Si pour Mme Kondé Elisabeth son bilan après 5 ans est quelque peu satisfaisant, pour la plupart des citoyens de la commune de Dédougou, peu de choses ou rien n’a été fait durant son mandat.

Sidwaya : Quel bilan faites-vous Madame, des cinq (5) années passées à la tête de la mairie de Dédougou ?

* Merci d’abord à l’AIB de nous offrir l’opportunité de nous prononcer succinctement sur nos cinq (5) ans de présidium du Conseil municipal. Ceci étant, je crois que dans l’ensemble, j’ai personnellement toutes les raisons de me réjouir de ce qui a pu être fait en cinq (5) ans, quoiqu’il n’est pas aisé de s’apprécier soi-même. Je me réjouis parce que les grands chantiers communaux que nous avons trouvés en cours ou que nous avons initié, ont pu connaître des avancées significatives.

Il s’agit de la construction du grand marché, de la mise en fonction de l’abattoir frigorifique et du C.S.P.S. du secteur n°6, de la résolution des conflits liés au lotissement des secteurs 2 et 5, de la normalisation des écoles de la Commune. Il est vrai aussi que par rapport à nos besoins, toute avancée peut apparaître comme une goutte d’eau dans la mer, mais il faut savoir que ce n’est point en cinq (5) ans que l’on peut bâtir une ville de 40.000 habitants.

Les ressources disponibles déterminent de beaucoup ce qui est faisable dans un temps donné. L’essentiel pour moi est déjà que le Conseil municipal ait réussi, en l’espace de cinq (5) ans, à positionner la Commune dans le concert des villes du monde. A ce titre, nous avons pu abriter la Ve édition des journées de la Commune Burkinabè, nous avons été admis au sein de l’Association internationale des maires francophones, nous avons aussi ouvert notre cité à la coopération canadienne et Belge à travers un projet d’enlèvement et de gestion des ordures qui va bientôt démarrer.

Vous savez aussi que le jumelage avec la Commune française de Douai est devenu effectif et fructueux depuis juillet 2003. Ce positionnement de notre ville est assurément, je le crois, un gage certain pour les générations à venir. Nous avons donc le sentiment d’avoir renforcé les jalons du développement communal, d’avoir posé des pierres qui pourront recevoir d’autres pierres. Bien entendu, il s’agit là d’un ouvrage de l’ensemble des citoyens de la ville judicieusement accompagné par les partenaires au développement.

S : Quels projets vous tiennent à cœur et que vous n’avez pas pu réaliser ?

En réalité, tout est prioritaire dans notre Commune et tout me tenait à cœur. Mais on ne peut tout faire compte tenu des limites objectives de nos ressources budgétaires. Tout en nous réjouissant des résultats obtenus, nous éprouvons aussi un sentiment d’insatisfaction : Nous aurions, par exemple, voulu rendre permanente l’opération d’entretien des artères de la ville telle qu’elle a été organisée en décembre 2001.

Nous aurions voulu voir les rues du nouveau lotissement tracées et la Commune dotée d’un système d’assainissement et d’évacuation des eaux usées. Nous aurions voulu doter la ville d’un collège communal, pour faire face, avec le Lycée municipal déjà existant, à la forte demande de scolarisation au secondaire. Nous aurions voulu aussi concrétiser ce projet d’une Maison des jeunes sur lequel nous travaillons avec la ville de Douai depuis un an. Enfin, nous aurions voulu faire plus de communication à la base pour permettre aux citoyens et citoyennes de la ville, de mieux suivre et donc, de mieux accompagner la gouvernance locale.

Mais nous avons dû compter avec les limites de nos ressources matérielles, financières et humaines. Notre Commune reste encore donc un grand chantier qui appelle plus de mobilisation citoyenne, plus d’organisation, plus d’ardeur et d’enthousiasme au travail.

S : Qu’est ce qui vous a marqué en bien ou en mal pendant ces cinq (5) ans passés à la tête du Conseil municipal ?

J’ai pour principe, que lorsqu’on s’engage dans la vie publique et surtout politique, il faut le faire sans état d’âme et s’attendre à recevoir tous les coups. Aussi, quoique très souvent directement concernée par toutes sortes d’entorses et d’incompréhensions à l’égard de notre action, j’évite aujourd’hui de voir le mal partout. Au contraire, je crois que mon penchant est de tirer les leçons et en soi, une leçon n’est jamais mauvaise dès lors qu’elle concourt à améliorer les choses. Là où c’est notre action qui a pu faire du tord, nous ne pouvons que, au delà de la raison administrative, formuler des mots de pardon, parce que pour réussir le développement de cette ville, il faut que les cœurs rythment à l’unisson, que nous cultivions la démocratie locale et la fraternité républicaine. Pour ce qui a pu me marquer en bien, je crois que je retiens aujourd’hui, cette fortune d’avoir conduit la ville pendant cinq (5) ans, sans expérience préalable, sans prédisposition administrative personnelle dans un contexte politique local tendu et sans que la barque du Conseil municipal n’ait chaviré comme ailleurs. Personne ne donnait chère de la peau d’une femme sans expérience à la tête de cette Commune. Cette fortune, je la dois sans doute à tous mes collaborateurs de l’administration communale, aux conseillers municipaux, à l’encadrement bienveillant de l’autorité de tutelle, aux personnes ressources politiques et civiles qui m’ont apporté un concours constant, aux autorités coutumières et religieuses qui ont œuvré pour le dialogue et la paix dans la ville. C’est l’occasion pour moi de formuler pour tous, mes remerciements et ma sollicitation à bénéficier encore plus de leur accompagnement.

S : quel bilan faites-vous des 5 ans du Conseil municipal de Dédougou et du maire de la ville ?

Un intervenant ayant requis l’anonymat : « Je ne vais pas parler du Conseil municipal de Dédougou, je vais parler même de 17 ans du Conseil national à Ouagadougou. C’est sa répercussion, son image qui se réflète sur ce qu’il y a à Dédougou aujourd’hui. Si depuis 17 ans la route de Dédougou avait été bitumée, ainsi que celle allant au Mali, le résultat du Conseil municipal de Dédougou ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Mais il y a des financements de bitumage qui ont été détournés, à d’autres fins. Et vous voulez accuser un individu de gestion chaotique alors que c’est un système qu’on a mis en place pour détruire la ville. Je n’en veux pas à Mme le maire en tant qu’individu, j’en veux à l’ensemble du système politique national qui est responsable de cette situation ».

Koutou Lassina, commerçant au grand marché de Dédougou : « Selon moi, le bilan de Mme le maire en 5 ans est un bilan mi-figue mi-raisin. Cela fait 8 ans que notre marché n’est pas fini. Nous demandons qu’on puisse terminer notre marché. Notre préoccupation majeure à l’heure actuelle est l’augmentation de loyer mensuel des hangars qui est passé de 3000F à 6000F. Actuellement nous ne savons même pas quoi faire pour pouvoir payer. De façon générale le bilan de 5 ans du Conseil municipal n’est pas totalement positif ».

Ylli Zakaria, commerçant au grand marché : « Durant les 5 ans du Conseil municipal de Dédougou, je peux dire que nous les commerçants, nous avons connu des difficultés. On a vu les frais de la location de nos hangars et boutiques augmenter, donc pour nous, le maire n’a rien apporté de positif pour les commerçants. Nous souhaitons que le prochain maire se soucie de nous et qu’il permette au commerce de prospérer dans la ville. Nous souhaitons surtout que le nouveau maire revoit à la baisse les frais de location des hangars, des boutiques et des étals ».

Niamba Djénéba, vendeuse de Zom-kom et d’autres jus au marché central de Dédougou : « Mme le maire n’est pas bien. Moi ma porte est cassée ce qui a fait que mes marchandises ne sont pas en sécurité. Elle n’a pas terminé la construction du marché aussi, donc il y a tout ça qui fait que moi je trouve que son bilan n’est pas positif ».

Soaré Souleymane, conseiller pédagogique itinérant à la DREBA de Dédougou : « Si je dois faire un bilan de la gestion de la mairie par Mme le maire, je peux dire que c’est négatif. Négatif parce que rien n’a changé. Si je me réfère au fait que la mairie a été initiée pour le développement de la ville de Dédougou. Si je prends du côté des infrastructures par exemple, les routes sont de plus en plus dégradées, le marché n’avance pas. Il y a bien d’autres secteurs d’activités où réellement nous sentons beaucoup plus de retard par rapport aux autres localités du pays. Je ne dis pas que l’échec est imputable à elle-seule, peut-être il est dû aussi à l’analphabétisme et à la mauvaise collaboration des populations de la ville. Mais à mon avis son bilan est négatif ».

Ousseini OUEDRAOGO
AIB/Dédougou

Sidwaya

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