C’est au lazaret de Ouahigouya que s’est tenue la cérémonie commémorative de la 53e Journée mondiale des lépreux au Burkina. Présidée par Alain Bédouma Yoda, le ministre de la Santé, cette journée a connu une forte mobilisation des populations de ladite localité venues témoigner de leur amour, à travers le partage et la solidarité, aux malades de la lèpre.
C’est depuis 1954 que la communauté internationale célèbre la journée mondiale des lépreux.

Cette année, on en est donc à la 53e édition. Malheureusement la lèpre existe encore, malgré une longue et âpre lutte. En dépit également des progrès scientifiques, de la volonté politique, du dévouement et du courage des agents de santé, de mise à disposition des Etats de ressources financières et logistiques.

On ne saurait non plus occulter les efforts de l’Organisation mondiale de la Santé, etc. Cette énumération non exhaustive a servi au président de l’Association burkinabè Raoul Follereau (ABRF), Jacques Ouandaogo à déplorer la situation. Jusqu’en 2003, a-t-il expliqué, les nouveaux cas notifiés chaque année tournent autour de 700 000 au niveau mondial. La lèpre est présente en Afrique avec 47 079 malades enregistrés, soit un taux de prévalence de 0,69 pour 10 000 habitants en 2005.

Le Burkina enregistre présentement 740 malades en traitement. Selon le ministre de la Santé, Alain Yoda, les prévalences varient de 0,05 cas pour 10 000 habitants dans les districts de Boussé, Titao et Saponé à 2,5 cas pour 10 000 habitants dans les districts sanitaires de Batié, Diébougou et Gaoua.

Même si depuis 3 ans, la courbe de détection annuelle de nouveaux cas dans le monde amorce une chute (chute sans doute due à la diminution des chiffres de l’Inde jusque-là considérée comme l’un des plus grands foyers de la maladie, avec notamment 65% de taux de prévalence mondiale en 2003), selon le président de l’ABRF, le nombre de nouveaux cas au Burkina reste encore stable. En moyenne un nouveau cas de lèpre est dépisté chaque minute dans le monde, soit plus d’un demi-million de cas par an.

La lèpre est un problème de santé publique et la bataille contre cette maladie ne peut être gagnée que par la conjugaison des efforts, a dit Alain Yoda qui appelle les communautés à participer davantage à la lutte. Rappelons que c’est grâce à Raoul Follereau que l’Organisation des nations unies a adopté et institué la journée mondiale des lépreux et dont la première célébration a eu lieu à Madagascar le 31 janvier 1954.

Le président de ABRF dira à ce titre que « Follereau a voulu que ce jour-là en particulier, les hommes de bonne volonté aillent vers les malades de la lèpre dans leurs taudis et leurs cases, même les plus reculés, mais aussi dans les léproseries, pour leur apporter un peu d’amour, de réconfort et d’espoir ». C’est donc avec le slogan "vivre, c’est aider les autres à vivre" qu’a été célébrée la 53e Journée des lépreux. C’est non seulement l’occasion pour rencontrer les malades de la lèpre mais aussi et surtout un moment privilégié pour informer et sensibiliser les populations.

Notons aussi qu’à l’occasion de cette commémoration, l’ABRF a octroyé un prêt de matériels, notamment des charrettes et des ânes, à 19 anciens lépreux pour leur faciliter leur réinsertion socio-économique. D’une valeur de 4 millions F CFA, ce prêt vient hausser les dotations de l’ABRF à 13 670 000 F CFA pour le compte de l’année 2005. Par ailleurs une quête organisée sur place lors de la célébration a permis de collecter plus de 100 000 F CFA devant servir à combattre la lèpre.

L’appel de Michel Récipon

Lors de la cérémonie commémorative de la Journée mondiale des lépreux à Ouahigouya, il a été porté à la connaissance du public, un appel du président de l’Association française Raoul Follereau, Michel Récipon. En voici la teneur.

« La lèpre existe encore avec un nouveau cas chaque minute dans le monde, le nombre des nouveaux cas reste désespérément stable. Mais nous ne baissons pas les bras ! 14 millions de malades ont pu être guéris ces 25 dernières années ; ce résultat nous encourage à poursuivre le combat engagé par Raoul Follereau, en aidant plus que jamais les services de santé à disposer des moyens de stopper la contagion.

Il faut se battre à la fois pour soigner, pour dépister, mais aussi pour réinsérer les anciens malades. En France, les 28 et 29 janvier 2006, à l’occasion de la 53e Journée mondiale des lépreux, créée par Raoul Follereau, 40 000 bénévoles descendront dans les rues pour tendre la main. Au nom des malades en cours de traitement, au nom de ceux malheureusement victimes de séquelles invalidantes, au nom aussi de tous ceux qui ignorent encore qu’ils sont atteints.

Pour que la lèpre soit éliminée, il faut agir le plus rapidement possible. Le dépistage précoce est le premier pas indispensable pour éviter que la maladie continue à se répandre sournoisement dans la population. La maladie évolue lentement sans aucun signe apparent. Pour stopper la contagion et éviter la survenue de paralysies, il faut que le traitement soit administré très tôt, dès l’apparition des premiers signes de la lèpre.

La collecte de la Journée mondiale des lépreux sert justement à dépister et à soigner précocement, mais aussi à soutenir la recherche médicale, à former les personnels de santé, à développer des actions d’éducation sanitaire, à procurer des véhicules aux soignants pour qu’ils puissent pénétrer dans les régions les plus isolées, à soutenir les associations Raoul Follereau locales qui oeuvrent pour la réhabilitation des infirmes de la lèpre. "Vivre, c’est aider les autres à vivre", disait Raoul Follereau. Cette année encore mobilisons-nous tous pour que la lèpre recule et soit vaincue ! »

Par Lassina SANOU

Le Pays