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Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

Publié le mardi 21 février 2006 à 07h50min

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La tentative ratée d’Alternance 2005

Les partis politiques burkinabè sont très imaginatifs. Du moins quand il s’agit de manoeuvrer pour se faire une place au soleil, même si ce n’est pas toujours dans l’intérêt des militants ou de la démocratie, mais plus pour assouvir des desseins personnels. Il en est ainsi des regroupements politiques dont les objectifs, s’ils sont au départ nobles, se dévoient, chemin faisant.

De sorte que la plupart des expériences de retrouvailles entre plusieurs partis se terminent par un goût d’inachevé, si ce n’est en queue de poisson.

Dans le contexte de multipartisme débridé qu’est celui du Burkina, tout le monde convient de la nécessité d’opérer des rapprochements qui puissent favoriser l’émergence de formations politiques plus fortes, plus lisibles, et donc plus crédibles. Depuis les années 90, que n’a-t-on pas vu comme regroupements au Burkina ! Malheureusement, la plupart d’entre eux sont tombés dans l’oubli, sans avoir fait l’inventaire de leurs actifs et de leurs passifs. Le pouvoir a eu et a encore des organisations de partis dévoués à sa cause, l’opposition de même. La première confrontation épique et historique de la IVe République, entre l’opposition et la majorité par conglomérats de partis interposés, eut lieu entre la CFD et l’ARDC. Depuis lors, la classe politique burkinabè a fait de sa spécialité, les unions conjoncturelles et structurelles.

Mais avec quels résultats ? Si l’objectif pour les opposants était d’accéder au pouvoir, et pour les gouvernants d’y rester, on peut penser que toute cette gymnastique a servi surtout à préserver le statu quo, puisque les positions restent les mêmes qu’ il y a une quinzaine d’années, du temps de la CFD et de l’ARDC. Mais en lisant plus finement l’évolution de notre processus démocratique, force est de reconnaître que des acquis peuvent être mis au compte de ces flux et reflux politiques.

Les portes de l’Assemblée nationale se sont ouvertes à plus d’opposants par suite d’élections plus consensuelles, l’élection présidentielle de 2005 a connu une participation sans précédent, le processus de décentralisation est presqu’achevé, etc. Tous ces acquis sont à mettre au crédit des différentes luttes qui ont abouti à des réformes institutionnelles et politiques. Bien entendu, la route qui mène à des règles et à des pratiques démocratiques encore plus acceptées de tous les acteurs demeure longue. Mais d’une façon ou d’une autre, les regroupements politiques créent une dynamique qui peut être bénéfique à l’Etat de droit.

Reste que cette démarche, pour être encore plus percutante, doit intégrer des valeurs comme le don de soi, l’honnêteté, le patriotisme et le sens de l’organisation. Certes, la politique est ce qu’elle est, mais un minimum d’intégrité s’impose à ceux qui s’y engagent, surtout dans un pays aussi pauvre que le Burkina. Cette exigence est encore plus impérative dans les rangs de l’opposition dont les regroupements ressemblent à une symphonie inachevée. Les regroupements se multiplient au risque de reproduire, à l’infini, le même schéma des partis. Qui sait par exemple ce que sont devenus le Groupe du 14 février et Alternance 2005, pour ne citer que ces deux organisations ?

Très actif aux côtés de la société civile dans le Collectif, le G14 n’est plus que l’ombre de lui-même. Pareil pour Alternance 2005, qui avait juré de créer un changement au sommet de l’Etat à la faveur de la dernière élection présidentielle. Il n’en fut rien et à ce jour, le mouvement n’a pas jugé utile d’en tirer les conclusions, ne serait-ce que pour tous les militants qui ont cru en l’idéal que portait Alternance 2005, et qui se sont peut-être engagés sans compter. Cette culture du compte rendu et du bilan critique, gages de transparence, fait grandement défaut aux regroupements de l’opposition .

Or, ils ont un devoir, celui d’informer régulièrement leurs troupes des actes qu’ils posent, en vue de renforcer la confiance entre la base et le sommet. Et puis, même pour leur image, les leaders de l’opposition doivent donner l’exemple en matière de rigueur dans la gestion de leurs organisations. Car, le tout n’est pas de se réunir autour d’une structure commune - ce qui, sous nos cieux, convenons-en, n’est déjà pas chose aisée - encore faut-il lui donner une âme et un projet, la faire grandir et mûrir.

L’opposition a montré, à certaines circonstances, qu’elle peut se retrouver pour faire avancer le processus démocratique. Il n’y a donc pas de raison qu’elle ne puisse pas transcender ses insuffisances actuelles (querelles de leadership, appât du gain, mauvaise gestion, faiblesse des compétences, etc.) pour se tracer les voies d’un lendemain meilleur.

Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2006 à 13:13, par kéré, France En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

    Faute d’une opposition constructive et clairvoyante, on ne peut reprocher à l’A.D.F./R.D.A. d’adhérer au programme politique du Président COMPAORE qui est crédible.
    Les viles critiques n’ont aucun sens et l’opposition doit d’abord se reconstruire. C’est la solution idoine pour assurer une alternance. A défaut, il convient de laisser le chmap libre au Président COMPAORE qui s’est engagé dans "l’espérance du progrès continu. Qui peut dire mieux ? Kéré, Nancy

    • Le 21 février 2006 à 16:50, par moi-meme En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

      Desole Me, mais la politique est plus que cela et la"defection "de l’ADF/RDA n’est plus ni moins qu’une fuite en avant et le temoignage qu’ici bas les facettes visibles de certains partis ne seraient en realite que des mirages. L’ADF/RDA n’a peut-etre jamais ete un parti d’opposition et son rallliement au programme politique de Blaise Compaore ne serait que la materialisation de ses premieres idees. Le manque d’union et de realisme de l’opposition devrait etre exploite par ce parti pour convaincre, non pas les partis d’opposition mais la grande masse de burkinabe qui continuent d’esperer voir s’implanter un vrai parti d’opposition (regroupement ou pas) avec un programme bien clair et realiste en vue d’une meilleure expression democratique pour le bien de tous les burkinabes. La carure d’opposant se forge et est de longue haleine. En une generation la "theorie de la selection naturelle" aura fait son effet et qu’on le veuille ou pas, les " partiillons" dits d’opposition et ceux dits de mouvance presidentielle finiront par disparaitre d’eux-meme.Implacablement. Ne resteront alors que deux grosses structures que sont le parti au pouvoir et celui d’opposition. Cela, Me Gilbert semble ne pas l’avoir vu (faisant siens les conseills de son papa de conseiller oubliant que la real politique ne se fonde pas sur des idees d’antan et quelque fois depassees mais sur une lecture pragmatique des evenements : verite en deca des pyrennes, erreur au-dela ) misant plutot sur un passage aux cotes de la presidence comme moyen de se construire. En verite, il prend du retard et se fera surclasse a l’arrivee par un tout autre parti ; et fait plus grave encore, il joue a contre courant et fait reculer l’echeance de voir apparaitre ces deux grosses structures apres avoir bouleverse la donne qui se mettait lentement mais surement en place. Et pour cet etat de faits, le peuple pourrait lui tenir rigueur. (que Dieu me garde de la critique negative)
      a bon entendeur.... moi-meme

      • Le 21 février 2006 à 23:21, par kéré de Nancy En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

        Cher "Moi-même",

        Vous me connaissez suffisamment sur ce forum pour vous apercevoir que je déteste, au plus profond de moi-même les déclarations tonitruantes et les affirmations sans lendemain. J’ai toujours soutenu que la politique n’était pas une science exacte et vos certitudes, en la matière, me font peur. C’est la raison pour laquelle j’ai un voeux, qui, je l’espère, ne restera pieux.
        Que Dieu nous donne longue vie pour voir Gilbert un jour briguer la magistrature suprême de notre pays. Après Monsieur Blaise COMPAORE bien sûr ! Car celui-ci saura s’en souvenir de ce soutien inconditionnel et massif de l’A.D.F./R.D.A. à moins qu’au C.D.P., une autre figure de prou ne se manifeste.
        Quoi qu’il en soit, à mon humble avis, Gilbert sera un jour "Président" au Burkina Faso, à condition de respecter l’ordre démocratique des choses en politique. En cela, la référence "aux conseils de son père" est à la fois, une insulte et un honneur. Insulte, car Gilbert est tout de même doté d’un cerveau et il a démontré son intelligence à travers une brillante carrière d’avocat et une participation au jeu politique national et international, dès son jeune âge. Honneur car, honte à celui qui ne fait pas mieux que son père et, également, celui qui n’écoute pas les conseils de son père. Je termine mes propos par un proverbe chinois qui nous enseigne que "l’expérience est exactement la lanterne des anciens qui nous éclaire"...Que Dieu nous donne longue vie et on en reparlera dans moins de 20 ans... Patience, je chéris ton nom. Kéré, Nancy.

        • Le 22 février 2006 à 17:19, par moi-meme En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

          bonjour Me
          Alors je me suis mal fait comprendre. Le probleme avec Me gilbert n’est pas qu’il puisse ou pas briguer un mandat un jour. Vous ne me contredisez pas Me quand vous dites si bienque Blaise se souviendra du soutien de l’ADF/RDA a moins que... Vous me donnez raison en affirmant cela, parce que dans de telles conditions on pourrait assister au marriage avec le CDP. Et tout cela participe de la logique de la selection dont je parle.Ce qui est deplorable est que Me gilbert serait de l’autre cote mais pas de l’opposition, ce qui va nous conduire inexorablement vers la recherche d’un leader de l’opposition unie de sa carure. Voila les faits comme ils pourraient etre (et le seront ineluctablement) meme si je conviens que la politique n’est pas une science exacte( la theorie de la selection naturelle n’en est pas une fort heureusement). Le fait est que Me gilbert aurait pu conduire cette opposition au grand bonheur de millions de burkinabe. la situation comme elle s’apparente est une enorme perte. Recevez tous mes respects et toute ma consideration.Puisse Dieu me garder de la critique negative. a bon entendeur.... moi-meme

          • Le 23 février 2006 à 21:15, par Kéré, Nancy En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

            Cher "moi-même",
            Je vous félicite, sincèrement, pour le débat constructif que vous vous êtes efforcé d’avoir et d’entretenir avec moi. Je regrette toujours que vous n’agissiez pas à visage découvert. Mais ce n’est pas un problème majeur, pour moi, l’essentiel est de pouvoir échanger nos idées, le tout, dans l’amour et le développement du Burkina et des burkinabé.
            Pour répondre à votre dernier message, je vous interroge à l’effet de savoir si vous vous rappelez de la petite phrase d’un Président (actuel M. CHIRAC) de la République française, qui disait que la "démocratie était un luxe pour les pays africains..."
            Je pense qu’il y a une relative vérité dans ce propos que l’on pourrait qualifier de malheureux à première vue.
            Je m’explique : dans un pays comme le Burkina ou Israël qu’est-ce que c’est qu’une grande opposition, en face des intérêts vitaux de la nation entière ? Au burkina, la luttre contre la pauvreté doit être le fait de tous le monde ; ainsi de même, en Israël, la lutte pour la survie de l’Etat hébreux est l’affaire de tous.
            Cette comparaison me permet de soutenir que l’on peut être du côté du pouvoir de Monsieur Blaise COMPAORE et oeuvrer utilement au concours du développement du pays. Me Gilbert O. le fait si bien en évitant les critiques destructives. Le jour où tous les burkinabé auront compris ces mots simples, et les traduire dans la réalité, le Burkina Faso se mettra enfin en marche pour la conquête de son véritable développement. Pensez-vous que les fonds ayant servi à la réalisations des programmes socio-économiques actuels du pouvoir de Monsieur COMPAORE viennent des caisses de l’Etat ? Et quels sont nos ressources minières à part souvent nos grandes glauses. J’en doute fort car ces fonds sont plutôt les résultats évidents des relations amicales et politiques internationales du Président COMPAORE. ça s’appelle avoir une stature internationale. Que l’opposition continue à s’unir et à apporter des idées neuves et que la démocratie continue de grandir au Burkina... Je ne saurai terminer sans vous retourner l’aimable formule de politesse que vous avez eue à mon égard (qui m’a touchée) et formule pour vous mes voeux de pleine réussite et au plaisir de lire votre réponse. Kéré, Nancy

            • Le 25 février 2006 à 09:47, par moi-meme En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

              Bonjour Me. Grand merci pour les voeux. Je vous ecris a nouveau non pas pour rellement repondre a votre ecrit qui comporte des points sur lesquels je suis d’avis avec vous, mais juste pour prendre avec vous le pari sur les evenements a venir. Seulement, vous conviendrez certainement avec moi que lorsque dans une assemblee (celle que pourrait constituer le groupe A.D.F/R.D.A et C.D.P et autres mouvanciers) 1000 persones pensent "la meme chose" (surtout si en face il n’ya "rien" pour vous rapeller que vous pensez la meme chose) c’est qu’en realite personne dans ce groupe "ne pense". Alors attendons de voir et croisons les doigts pour les evenements a venir........ moi-meme
              sincerely yours.

              • Le 25 février 2006 à 21:14, par Kéré, Nancy En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

                Pourtant, les thèmes et les idées ne manquent pas au Burkina. Il faut donc que l’opposition soit complétive des idées de la "majorité gouvernementale". Qu’en pensez-vous ? Kéré, Nancy

                • Le 26 février 2006 à 14:06, par moi-meme En réponse à : > Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique

                  Completive ? pas exclusivement. Qu’elle soit le fou du roi et qu’au besoin, elle soit a mesure de prendre la place du roi si celui ci n’arrive plus a assurer et vice versa. En outre l’existence du roi et de ses notables ne nie pas celle du fou qui l’est du fait de la pensee populaire mais non pas qu’il soit depourvu de raison. Il a sa propre raison et au besoin "complete" le roi parce que, plus proche de la population, il dit et voit ce que les griots et autres ne disent ou font semblant de ne pas voir. ...... moi-meme

                  best regards

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