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Mission chirurgicale française en noma/orthopédie : La vie sourit à nouveau à 36 enfants burkinabè

Publié le mardi 21 février 2006 à 07h16min

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Une mission de médecins Français spécialisés en orthopédie et en chirurgie maxillo-faciale a séjourné du 04 au 15 février 2006 au Burkina. Ils ont opéré en dix jours, 36 enfants malades du Noma au Centre Hospitalier pédiatrique Charles de Gaulle de Ouagadougou.

Mission accomplie pour l’équipe conduite par le Dr Philipe Bellity, l’homme-orchestre de la mission, en collaboration avec l’ambassade de France au Burkina et trois autres associations locales intervenant pour le bien-être des enfants.

Après plusieurs jours de durs labeurs, l’équipe médicale Française a repris son vol jeudi 16 février dernier dans l’après-midi pour l’Hexagone avec le sentiment d’avoir mené une mission salvatrice. Nuit et jour en effet, les trois chirurgiens, deux médecins anesthésistes, quatre infirmières (deux en anesthésie et deux en bloc opératoire) et un jeune étudiant en médecine, Jonathan, Bellity ont travaillé sans relâche avec leurs collègues burkinabè pour redonner le sourire à trente-six enfants.

Certains des patients souffraient de malformations congénitales des membres ou de la hanche, d’autres (la plupart) ont eu le visage défiguré par la maladie du Noma et voyaient impuissamment leur existence menacée de jour en jour par le mal.

Le Pr. Jérôme Cotallorda chirurgien spécialisé en orthopédie pédiatrique qui s’est occupé des malformations congénitales et autres maladies traumatiques ou infectieuses a dressé un bilan satisfaisant de son travail : « On a opéré une vingtaine d’enfants en orthopédie infantile en sachant qu’il y en a qui sont venus pour une seconde intervention ou pour refaire des pansements ou plâtres sur une durée de dix jours. On a opéré ceux qui ont essentiellement des déformations de jambes, des déformations de pieds, des enfants qui ont aussi des anomalies de la hanche à qui on a essayé d’apporter des améliorations pour qu’ils aient moins de difficultés plus tard dans la vie courante ».

Son collègue de la chirurgie maxillo-faciale, Pr. Séguin qui a opéré les malades de Noma avoue n’avoir jamais vu certains cas auparavant. « On a vu des cas qu’on a jamais vu en France. Parce que pour des raisons financières les enfants ici ne sont pas amenés à l’hôpital pour être consultés et dans ces conditions, il y a des pathologies qui sont plus développées ».

Avant de reprendre son vol, le Pr Séguin donne ces derniers conseils aux parents. « Maladie exceptionnelle (...), le Noma est surtout le fait de patients extrêmement pauvres, malnutris entre 2 et 4 ans et il commence par une gencivite c’est-à-dire une inflammation de la gencive et si les parents sont attentifs, ils peuvent disposer de quelques traitements antibiotiques et tout s’arrête là.

Si cela n’est pas fait, l’infection augmente et va dévorer le visage et l’on est dans le Noma. Ce qui va entraîner de graves mutilations du visage qui rend la vie sociale du malade très difficile. Mais surtout, le Noma tue 90 % de ces victimes et nous n’opérons que ceux qui ont survécu avec des séquelles faciales très importantes », prévient-il.

Le Pr Albert Wandaogo chef du service chirurgical du Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de Gaulle (CHUP-CDG) estime que la collaboration a été bienfaisante pour les deux parties car pour lui, il n’y a pas une technique unique en médecine pour traiter une maladie donnée.

« La médecine n’est pas une science exacte, ce n’est pas comme en mathématiques ou deux plus deux font quatre. C’est de l’art, donc autour d’une infection il y a plusieurs approches et chacune a ses avantages et ses inconvénients », soutient-il.

« Le fait même qu’on a eu l’occasion de nouer des liens avec des collègues du Nord notamment de France est bénéfique. Ils ont pu donner leur appréciation sur notre manière de travailler, ils ont apporté leur approche de la prise en charge de certaines pathologies qu’on rencontre chez nous. Généralement, nous les comparons avec ce que nous avons l’habitude de faire parce qu’on ne peut pas dire que la médecine a une façon universelle de fonctionner. C’est en faisant la synthèse qu’on arrive à trouver quelque chose de mieux adapté ». Le Pr Wandaogo estime que les échanges entre médecins du Sud et du Nord permettent à la science de progresser. « Il y a des approches très simples, relativement efficaces qu’ils ne font plus chez eux et c’est bien pour eux de venir voir ce qui se passe ici « .

Le Pr Séguin de son côté se réjouit de la bonne collaboration entre les équipes médicales burkinabè et française. « Que ce soit au niveau des infirmières, des anesthésistes, des chirurgiens nous avons collaboré et travaillé en binôme dans pratiquement toutes les opérations, cela rentre dans le cadre de la mission qui est d’enseigner, de partager et autant nous apprenons des pathologies en Afrique nous apportons également des techniques qui vont être développées plus tard ».

En effet, outre les activités techniques qui ont consisté à opérer les malades, il y a eu un volet échanges d’expérience et une formation. Cinquante sept membres du personnel médical du CHUP-CDG ont pu bénéficier d’un enseignement sur des pathologies congénitales liées notamment aux déformations des membres, à la scoliose ou même à des fractures. Les infirmiers, eux, ont focalisé leurs échanges sur les secours d’urgences. Plusieurs malades ont pu rejoindre leur domicile trois ou quatre jours seulement après leur opération. Leur suivi médical est assuré à l’Hôpital Yalgado Ouédraogo par l’équipe du Pr Kampadilamba Ouoba et au CHUP-CDG par le Pr. Wandaogo. La deuxième et dernière mission de l’année aura probablement lieu en novembre 2006.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)
Sidwaya

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