Manque de siège, inadaptation des politiques de jeunesse menées par l’Etat, et le crucial problème d’emploi des jeunes. C’est l’équation à triple inconnue que la Coordination des associations et mouvements de jeunesse de l’arrondissement de Nongr-Massom a essayé de résoudre après l’assemblée générale qui l’a vue naître un 13 décembre de l’année 2001. Comme sous tous les cieux jeunesse rime souvent avec problèmes, la CAMJAN s’est trouvée confrontée à son premier mur d’obstacles lorsqu’elle a demandé, en septembre 2002, l’autorisation de réfectionner et d’occuper l’ancienne maison des jeunes du secteur 25. Refus catégorique des autorités municipales.

La coordination élabore alors un projet de construction d’un Centre polyvalent des jeunes de l’arrondissement de Nongr-Massom (CPJAN). La CAMJAN partage l’idée avec le responsable chargé de la jeunesse à l’époque, de la direction régionale du Travail, de l’emploi et de la jeunesse du Centre. Celui-ci oriente les jeunes vers le projet FSP dont une délégation de la CAMJAN rencontre le responsable. Ce dernier demande les copies des statuts et règlement intérieur de la CAMJAN, de même que son programme annuel d’activités auxquelles il fallait ajouter les devis et plans nécessaires au projet.

Le tout devait lui parvenir dans un délai de 3 mois. Avec l’appui de certaines structures, notamment la direction régionale des Sports et loisirs du Centre, la direction régionale du Travail, de l’emploi et de la jeunesse du Centre et le Centre d’information des jeunes sur l’emploi et la formation, la CAMJAN a pu présenter ce qu’elle pouvait fournir comme documents. Les devis et plans coûtaient des centaines de mille de francs CFA, or la coordination n’avait que 12 500 F CFA dans sa caisse. Donc problème ! Que faire ?

Naturellement, la CAMJAN se tourne vers la mairie de Nongr-Massom. "Celle-ci ne nous croyait pas, elle était plutôt préoccupée par la création d’une autre coordination de mouvements et associations de l’arrondissement", déplore Segnongo Sawadogo, le coordonnateur de la CAMJAN. Toutefois, les autorités ne verrouillent pas toutes les portes. Par la suite, explique le responsable sus-cité, la CAMJAN a eu de la part du maire une autorisation verbale d’occupation d’un terrain au secteur 25 pour construction, si un partenaire financier se présentait. Les frais liés à l’établissement des devis et plans sont donc à la charge du partenaire financier, aurait dit le maire. La CAMJAN n’est pas sortie de l’auberge et les choses se compliquent davantage car il faut aller vite avant la fermeture des fonds FSP.

Finalement, les jeunes proposent de solliciter une entreprise de la place, en l’occurrence EWP, pour l’établissement des devis (estimatif et descriptif) et les plans des infrastructures. En contrepartie, les travaux de réalisation du projet lui seront confiés. Le projet FSP accepte du coup d’être le partenaire financier, et la mairie se met aux côtés de la CAMJAN. Elle s’engage à contribuer au projet à hauteur de 8 000 000 F CFA. En attendant, elle a donné un terrain de 6 000 m2 situé au secteur 25. La mairie a même financé la CAMJAN pour une somme de 250 000 F CFA pour la constitution du dossier de demande de terrain. Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles quand, à une semaine de la réception des financements, le ciel tombe sur la tête des jeunes.

Segnongo Sawadogo évoque les difficultés majeures : "Le maire est devenu introuvable et remet tout le processus en cause". En effet, selon le coordonnateur, l’édile de l’arrondissement de Nongr-Massom "refuse de décaisser la contribution de la mairie, et entend mettre en oeuvre un mécanisme pour organiser un appel d’offres". Or tout avait été arrêté et c’était convenu que le projet devait être confié, dans sa phase de construction à l’Entreprise Wend Panga (EWP). Le maire aurait même tenu des propos pas du tout tendres à son endroit du président de la CAMJAN. L’avis d’appel d’offres n’a pourtant jamais été lancé, révèlent les jeunes de la CAMJAN qui ont été surpris de constater que "l’heureux gagnant du marché du centre polyvalent était un conseiller et grand ami du maire".

Les locaux ont donc été construits mais le projet échappe à la CAMJAN. En août 2005, le maire aurait dit aux responsables de la CAMJAN : "On ne vous donnera rien, on ne vous donnera pas les clés de la maison. Le matériel d’animation qui s’y trouve ne vous appartient plus. On a demandé à la commune le recrutement d’un personnel chargé de la gérer".
Ce fut le dernier épisode du feuilleton CAMJAN-Mairie de Nongr-Massom. Toutefois, la jeunesse ne désespère pas. "Nous continuons d’espérer qu’un jour une bonne volonté nous aidera", ont conclu les jeunes

Les 3 volets du projet

Volet 1 : construction de :
 1 salle de conférences,
 1 salle de spectacles,
 1 bibliothèque,
 2 bâtiments contenant chacun 5 logements,
 1 hangar,
 1 kiosque et une clôture.

Volet 2 : équipement :
en matériel d’animation audiovisuelle, sportif et de jeu (ballons, filets, Scrabble, pétanque, etc.), en mobiliers (tables chaises, etc.), en matériel de formation et d’éducation (micro- ordinateurs, livres, et autres documents scolaires).

Volet 3 : formation des responsables d’organisation de jeunesse :
en gestion de maison de jeunes, en informatique, en santé de la reproduction, en technique de rédaction de micro projets et gestion, en leadership et management, etc.

Source CAMJAN

Par Morin YAMONGBE
Le Pays