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Guinée équatoriale : Le gouvernement des Obiang

Publié le lundi 20 février 2006 à 07h21min

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Savez-vous, bonnes gens, quel est le gouvernement le plus pléthorique de la planète ? Si non, n’allez pas chercher en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique, où la bonne gouvernance est érigée en règle d’or, ni même dans les monarchies arabes.

Ecarquillez bien les yeux sur l’Afrique des misères où la Guinée équatoriale détient la palme d’or. Imaginez-vous une équipe gouvernementale de 51 membres, et pas seulement ça, dont 8 sont issus de la seule famille du président de la République, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo. Du jamais vu, même dans les fables de la Fontaine.

D’où vient-il alors qu’un minuscule pays de 28 051 Km2, abritant quelque 600 000 habitants, se paie un tel luxe ? Réponse à la Constitution de 1991 qui a revêtu la République du statut populaire ? Oh, que non ! Bon Dieu a voulu que cette parcelle d’Etat soit riche de ses terres, de ses eaux et de son sous-sol. Et quand, cacao, café, banane, bois, poisson et... pétrole s’achètent à prix d’or sur le marché international, il peut se permettre toutes les folies.

D’où, certainement, cette hâte à inviter le maximum de convives au festin équato-guinéen, beaux-parents, frères et sœurs, cousins et neveux, tantes et arrière-grands-parents du tout-puissant Obiang à la table d’honneur. C’est la période des vaches grasses, tant pis pour les générations futures, semble se convaincre le maître de Malabo.

En effet, pendant que son rejeton multiplie les frasques dans les grands hôtels occidentaux, si ce n’est lui-même qui met en branle une escadrille pour ses multiples déplacements, futiles soient-ils, l’eau courante constitue, en ce siècle, une denrée rare dans ce paradis pétrolier qui aiguise l’appétit des grandes puissances.

Pire, les exilés de ce pays se comptent toujours par milliers, la mortalité infantile y a franchi le seuil de 90 ‰, l’espérance de vie y est de 52, 3 ans. Alors, bonnes gens, faut-il en rire ou en pleurer ?


Zimbabwe La Saint-Valentin de tous les dangers

Décidément, au Zimbabwe de Robert Mugabe, on ne badine pas avec l’ordre et la discipline. Les citoyennes de ce pays d’Afrique australe en ont eu l’amère expérience mardi dernier. A l’occasion de la Saint-Valentin, célébrée ailleurs comme la fête des amoureux, une centaine de femmes se sont rassemblées à Harare, à l’appel de l’organisation Les femmes du Zimbabwe se lèvent (WOSA), pour réclamer des roses et un peu plus de dignité.

Malheureusement pour ces manifestantes, au pays de Robert Mugabe, l’on ne tolère aucune forme de contestation quelle qu’elle soit et d’où qu’elle puisse venir. Elles l’ont appris à leurs dépens en voyant fondre sur elles un peloton de policiers bien décidé à faire cesser ce raffut. Embarquées manu militari, ces citoyennes se sont retrouvées en garde à vue. « Nous réclamions des roses et la dignité qu’elles représentent, ainsi que du pain », a pourtant tenté d’expliquer une des responsables du mouvement.

Mais voilà, aucune de ces infortunées valentines ne pouvait se douter qu’au Mugabeland il est interdit de solliciter quoi que ce soit, pas même un peu plus de pain et de dignité. Bon pied bon œil, l’octogénaire ex-héros de l’indépendance, devenu en 25 ans de pouvoir un véritable monarque absolu, n’entend pas laisser la moindre petite voix s’élever de la foule de ses sujets. Et pourtant, n’en déplaise à ses fidèles, il y a tant à redire...

Il est vrai qu’à sa prise de pouvoir en 1980, Robert Mugabe avait hérité d’un pays prospère doté d’une économie et d’une agriculture très performantes. Bref, d’une nation où la faim restait un phénomène très marginal. Aujourd’hui, après la catastrophique réforme agraire de 2000, l’opulence et la prospérité ne sont plus que des souvenirs, au point que le jour où ailleurs on célèbre la fête des amoureux, des citoyennes descendent dans la rue pour éclamer un peu de pain et de dignité.

On peut alors se demander à quelle réaction du pouvoir devraient s’attendre les organisations féminines du Zimbabwe, si d’aventure à l’occasion du 8-Mars, journée internationale de la femme, elles couraient le risque d’appeler leurs sœurs à manifester, quelle qu’en soit la raison.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga

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