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Et si la CENI faisait appel à l’expertise de l’administration publique

Publié le lundi 20 février 2006 à 07h47min

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Ainsi donc, le gouvernement a procédé à un report technique des municipales. Prévues pour se dérouler le 12 mars dernier, elles auront finalement lieu le 23 avril prochain, si des événements inattendus ne contraignent le pouvoir à réviser de nouveau sa position.

Septembre 2005, 12 février 2006, 12 mars 2006 et ... 23 avril 2003 : il faut souhaiter que ce report soit le dernier si on croit vraiment à l’utilité des conseillers municipaux que l’on présente avec juste raison, comme les piliers de notre démocratie à la base.

A écouter les uns et les autres, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a mal à son fonctionnement et a donc besoin de soins urgents et profonds. Pourquoi ne pas renouveler les démembrements de la CENI après la présidentielle du 13 novembre 2005 comme le veut le code électoral ? C’est cette faute, pour ne pas dire plus, qui a conduit à cette situation difficile. Pourquoi s’étonner de la sévérité de jugement des citoyens, quand toute une structure, comme la CENI dans laquelle siègent, entre autres, des représentants de partis politiques censés contrôler la régularité des scrutins, en vient à « cafouiller » de cette manière ? Les critiques qu’on entend ici et là s’expliquent parce que la CENI est chargée de la gestion des consultations électorales de manière honnête et à échéances régulières pour permettre au peuple de choisir ses représentants.

Une mission noble et importante. C’est dire tout simplement que si cette structure faillit dans sa mission, c’est le processus démocratique qui en pâtit. Rien ne sert de se lamenter ou de la critiquer à longueur de journées puisque, les Burkinabè malgré leur amertume, n’ont pas rejeté la CENI. Ils ont tout simplement besoin d’une commission efficace. Pour l’heure, il faut éviter le naufrage et poursuivre le processus électoral dans le strict respect de la légalité, des institutions et de la séparation des pouvoirs sans tomber dans un perpétuel recommencement et dans l’inefficacité, comme l’a dit le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Clément Sawadogo. La CENI, comme d’ailleurs dans nombre de pays africains, a été mise sur pied parce que l’administration publique chargée de la gestion des consultations électorales était soupçonnée, à tort ou à raison, de partialité, généralement au profit du parti et des dirigeants au pouvoir.

Au fil des années et des élections, on se rend bien compte qu’ici comme ailleurs, il faut bien repenser un jour les commissions électorales nationales indépendantes. Il est certainement injuste de dire qu’elles ont toutes échoué ou qu’on peut bien s’en passer. Cependant, il faut relever qu’elles n’ont pas toujours réussi à lever certaines inquiétudes sur la certification de consultations électorales crédibles. Autrement dit, une commission électorale indépendante n’est pas toujours le meilleur gage de la sincérité d’un scrutin. Au Liberia comme en Guinée-Bissau, les résultats des présidentielles avaient été contestés par les perdants. Les législatives de 1997 au Mali avaient été annulées parce qu’entachées de graves irrégularités. Pourtant, toutes ces consultations ont été gérées par des commissions indépendantes. En 1978, feu le président Sangoulé Lamizana a été mis en ballottage dans un scrutin présidentiel organisé par l’administration publique.

Qu’elle soit rattachée à l’administration publique autonome ou indépendante, une commission électorale se doit d’être impartiale afin de crédibiliser les élections. En tous les cas, l’exemple de la CENI montre à souhait que la gestion des élections est complexe et technique. Dès lors, pourquoi ne pas demander l’assistance technique de l’administration publique qui peut jouer un rôle important dans l’établissement et la révision des listes électorales pour ne citer que cet exemple ?

Même s’il faut compter avec le temps pour que s’enracine la culture démocratique, il faut ouvrir le débat sur la mission et le fonctionnement de la CENI. Il y va de la crédibilité de notre processus démocratique.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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