Deux jours de débats ont permis aux élus du parti majoritaire de comprendre l’ampleur et la profondeur de la pauvreté rurale au Burkina Faso.

D’après des statistiques du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) cités par le président du groupe parlementaire, Naboho Kanidoua, les ruraux deviennent de plus en plus pauvres. Ils étaient en 2004, 50 % contre 18,2 % en zone urbaine. Ayant retenu le commerce comme une activité qui pourrait aider les populations rurales (qui constituent la majorité de la population burkinabè, 80 %) à sortir de l’ornière, les députés du CDP ont invité le ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, Benoît Ouattara, qui est venu leur faire un exposé sur la problématique de la lutte contre la pauvreté par le biais du commerce.

M. Ouattara a expliqué aux députés que le gouvernement dans le cadre du CSLP, a procédé au relèvement du niveau de vie des producteurs, au développement de l’élevage, et leur a facilité l’accès au marché international, en témoigne le choix du Burkina pour l’AGOA (Accord sur les opportunités d’affaires et de la croissance en Afrique). Le ministre Ouattara a, par ailleurs, dit aux parlementaires que le gouvernement a mis en place un terminal fruitier à Bobo-Dioulasso et réhabilité les abattoirs frigorifiques de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Il a également créé de nouveaux périmètres aménagés pour accroître les surfaces cultivées donc, la productivité, a-t-il poursuivi.

Sur le plan politique, Benoît Ouattara n’a pas manqué de relever le combat que mène l’exécutif contre les subventions euro-américaines sur le coton qui, s’est-il réjoui, a eu un succès partiel avec la décision du Congrès américain de supprimer à partir du 1er août 2006, les subventions à l’exportation sur le coton. Nonobstant ces succès, le ministre a reconnu que le chemin est encore long pour renverser la tendance. En effet, selon lui, les actions futures du gouvernement porteront sur la facilité d’accès des pauvres aux services sociaux de base (santé, éducation, eau potable, alimentation, etc.), la création des moyens ou infrastructures de stockage, l’accroissement des offres d’emplois. M. Ouattara a aussi insisté sur la volonté de l’exécutif d’avoir une croissance économique forte, fondée sur l’équité ; en d’autres termes, accroître davantage la croissance et permettre à tous les Burkinabè (et surtout les ruraux) de disposer rationnellement de ses fruits.

Les députés eux, ont émis des inquiétudes quant au déclin de la production du haricot vert, à l’impact des produits étrangers sur les produits nationaux, à la suppression des barrières tarifaires, à l’impact de la production cotonnière sur l’environnement (sol, flore, faune). Ils ont posé des questions au ministre en charge du Commerce sur les résultats de la recherche scientifique sur le coton transgénique, l’état de réhabilitation de l’usine Faso Fani (devenue Fasotex, Ndlr), de l’organisation des bourses céréalières au niveau des régions du pays. Outre les leçons que le gouvernement a tirées de l’échec de la SOPROFA (Société de promotion des filières agricoles), les élus du CDP ont voulu savoir ce que fait le ministère du Commerce pour protéger les intérêts des opérateurs économiques nationaux au niveau du marché extérieur et la politique gouvernementale en matière d’encadrement et d’accompagnement du monde rural en vue de lui faciliter davantage l’accès au marché international.

Accélérer l’accès des pauvres aux services de base

Les échanges, a souligné M. Kanidoua, ont permis aux députés d’apprécier positivement les actions que le gouvernement mènent pour lutter efficacement contre la pauvreté même s’ils ont souhaité que l’Etat participe davantage au développement de certaines filières complémentaires (noix de cajou, gomme arabique, sésame), à la réalisation d’études prospectives sur les conditions de transformation des produits animaux (viande et lait) et des produits maraîchers.

Les députés ont également demandé au gouvernement d’accélérer l’accès des pauvres aux services sociaux de base, d’aider les populations rurales à diversifier leurs sources de revenus, de renforcer les capacités de l’Office national du commerce extérieur (ONAC) et de ne pas baisser les bras dans la promotion de la création des entreprises locales de transformation des produits agricoles.

Les futures élections locales n’ont pas été occultées au cours de ces Journées parlementaires du CDP où le président du parti, Roch Marc Christian Kaboré a échangé avec ses camarades sur la vie de leur formation politique. Il ressort du rapport final que le président Kaboré a exposé les stratégies mises en place par le bureau politique pour remporter les élections communales. “Les députés (...) sont déterminés à déployer les efforts nécessaires à la réalisation des attentes de leur parti pour ces prochaines élections municipales”, a assuré le président du groupe parlementaire, Naboho Kanidoua.

Les députés, membres du parti majoritaire, ont d’ailleurs salué le gouvernement qui s’est concerté avec l’ensemble des partis politiques du pays avant de décider du report au 23 avril 2006, des élections communales. “Cela (la concertation) témoigne, s’il en était besoin, de la bonne santé de la démocratie au Burkina Faso”, s’est réjoui le député Kanidoua.

Ces premières Journées parlementaires du CDP se sont terminées, rappelle-t-on, à vingt quatre heures de l’ouverture d’une session extraordinaire du parlement devant examiner un projet de loi gouvernemental portant relecture du code électoral, sur la prolongation du mandat des conseils municipaux et le report des élections locales.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)
Sidwaya