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Gbagbo et de Villepin scellent la réconciliation à Abidjan

Publié le lundi 2 février 2004 à 09h09min

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Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin ont scellé dimanche soir à Abidjan la réconciliation entre la France et la Côte d’Ivoire, se rendant mutuellement hommage pour leurs efforts dans la résolution de la crise ivoirienne déclenchée en septembre 2002.

La fin du désamour entre la France et son ex-colonie, marqué par de longs mois de "froid" diplomatique et émaillé de violentes manifestations anti-françaises à Abidjan, devrait être consacrée à Paris dès la semaine prochaine, lorsque le président Jacques Chirac recevra Laurent Gbagbo pour une visite de travail.

La courte escale ivoirienne de Dominique de Villepin était autant destinée à "faire le point sur le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire un an après la signature de l’accord" de paix de Marcoussis, qui avait exacerbé les tensions entre les deux pays, qu’à préparer la venue du président ivoirien en France.

Mission réussie si l’on en croit les déclarations du président Gbagbo à l’issue d’un tête-à-tête d’une trentaine de minutes : "Nous sommes plus que jamais déterminés à aller dans la sortie de crise, la France et la Côte d’Ivoire marchent la main dans la main pour faire le dernier pas qui reste".

"J’avais demandé aux Ivoiriens de se serrer les coudes pour qu’on sorte de la crise. Nous allons en sortir, la France nous appuie amicalement", a-t-il souligné.

Le ministre français des Affaires étrangères s’est quant à lui félicité "du chemin accompli" depuis la signature des accords de Marcoussis, rendant un hommage appuyé à la "détermination" du président ivoirien Laurent Gbagbo.

"J’étais il y a un an à Abidjan. Abidjan vivait sous la tension, sous couvre-feu, et je peux mesurer aujourd’hui le chemin qui a été parcouru", a-t-il dit.

"Ce pays travaille, ce pays avance, ce pays a à nouveau un avenir, et ça, ce n’est pas possible sans la détermination du chef de l’Etat ivoirien, de tous les Ivoiriens, de toutes les forces", a martelé M. de Villepin.

"Faire la paix, se réconcilier, ce n’est jamais facile. Cela demande de la lucidité, du courage (...) je sais bien à quel point tout ce qui a été accompli était difficile", a poursuivi le chef de la diplomatie française.

"Malgré les incompréhensions, malgré les troubles d’une partie de la population à Abidjan conduisant aux événements des 25 et 26 janvier (violentes manifestations anti-françaises, ndlr), malgré les accusations contre la France, malgré les retards dans l’application des accords, les progrès vers la paix promis par les accords ont été réalisés", avait-il rappelé deux heures plus tôt, devant les représentants de la communauté française à Abidjan.

Le gouvernement de réconciliation nationale incluant l’ex-rébellion est au complet depuis septembre 2003 et a adopté récemment des projets de loi découlant de Marcoussis pour remédier aux principales causes de la crise.

Les militaires des deux camps ont déclaré en juillet 2003 "la fin des hostilités". Ils se retrouvent désormais régulièrement pour négocier les dernières modalités du processus de désarmement, qui n’a toujours pas débuté mais dont tout le monde a accepté le principe.

Quant à Laurent Gbagbo, il a fini par s’engager à appliquer intégralement l’accord de Marcoussis, qu’il considérait peu auparavant comme une "potion amère".

"La réconciliation est en marche, chaque Ivoirien, chaque homme politique perçoit clairement ce qu’il a à gagner d’un processus conduisant à des élections libres, transparentes ouvertes à tous" prévues en octobre 2005, a résumé M. de Villepin.

Dans la perspective de ces élections, le ministre s’est dit confiant dans le déploiement prochain de troupes de l’ONU en Côte d’Ivoire comme l’a demandé le secrétaire général Kofi Annan, soulignant que cela "ne remettra en rien en cause la présence des militaires français" de l’Opération Licorne, dont quelque 4.000 hommes sont actuellement présents dans le pays pour contrôler le cessez-le-feu et accompagner le processus de paix.

Dominique de Villepin a quitté Abidjan dimanche soir pour l’Amérique latine, où il doit entamer une tournée la semaine prochaine avant de se rendre à New York pour discuter de ce déploiement et du Liberia voisin aux Nations unies.

AFP

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