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MATD - Partis politiques : Concertation ou dicktat déguisé ?

Publié le mercredi 15 février 2006 à 08h20min

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Une rencontre entre le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et les formations politiques prenant part aux élections municipales a eu lieu le 13 février 2006, dans la salle de réunions du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale.

Les responsables ont exposé les points de vue de leur parti sur le report ou le maintien de la date du 12 mars pour les municipales 2006. Le ministre Clément Sawadogo, quant à lui, a exposé les raisons qui pousseraient le Gouvernement à militer pour la modification du code électoral, afin de permettre aux démembrements de la CENI de rentrer dans la légalité.

Tout commença le jour où le président du Rassemblement politique nouveau (RPN), Harouna Dicko, introduisit au Conseil constitutionnel deux requêtes : l’acceptation du dossier de candidature de son parti dans l’arrondissement de Bogodogo et un recours en annulation d’une décision portant sur la reprise des membres de démembrements de la CENI. Tous ces recours firent mouche, mettant dans un embarras politico-juridique, et la CENI et le Gouvernement.

Dès lors, circulèrent des rumeurs sur l’intention du Gouvernement d’introduire un recours à l’Assemblée nationale, pour que l’élection ait lieu à la date prévue. Objectif principal, éviter le report des municipales.

C’est certainement pour préciser cette pensée de l’exécutif, que le nouveau ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, a invité les responsables de partis politiques pour concertation.

A écouter ce dernier, le Gouvernement est pour le moment au stade de « réflexion » sur le recours auprès de la représentation nationale, rien n’ayant été décidé pour l’instant. Mais ces affirmations ne semblent pas avoir convaincu bien des représentants, qui douteront même de l’opportunité de la rencontre. Après une petite déclaration liminaire, les représentants de formations politiques prendront la parole. Beaucoup pencheront pour le report.

D’autres représentants préféreront attendre d’avoir la teneur du projet gouvernemental avant de donner leur avis. Le ministre Sawadogo, qui, au début, avait d’ailleurs précisé que le Gouvernement n’est pas venu à la rencontre « les mains vides », ne se fera pas prier pour exposer les raisons qui militent en faveur du non-report.

L’intention du Gouvernement, fera-t-il remarquer, est de demander la prorogation des membres de démembrements de la CENI pour résoudre un problème conjoncturel. L’objectif pour l’exécutif, c’est d’éviter un report qui peut être lourd de conséquence, comme la coïncidence avec la saison pluvieuse, la prolongation indéfinie des conseils municipaux et peut-être même du mandat des députés.

En somme, pour le représentant de l’exécutif, « Il faut faire attention, les élections sont une chaîne compliquée ».

On remarquera que l’exécutif penche pour le report technique, qui, selon le ministre Sawadogo, permettra en un temps relativement court, que le ministre ne se précisera pas, pour aplanir les aspects pratiques et aller vers les élections au plus tôt.

A la fin de son intervention, la parole sera donnée pour une seconde fois aux représentants de partis politiques. En résumé, on se rendra compte seulement de la divergence persistante des points de vue des uns et des autres sur la question.

Mais s’il y a bien une structure qui en a eu pour son compte à cette rencontre, c’est la CENI, qui a été accusée, par beaucoup de représentants de partis politiques, d’être absente à la rencontre et pire, d’avoir été à la base du présent blocage. Selon des intervenants, si cette dernière avait procédé au renouvellement des démembrements aussitôt après la présidentielle, l’on n’en serait pas là. « A force de violer la loi tout le temps, les textes, la CENI se croyait au-dessus des textes, du Gouvernement et des partis politiques », clamera un représentant.

« J’ai l’impression que le président de la CENI se prend pour un superman. Nous devons prendre nos responsabilités. Une institution ne doit pas être en dehors de la République », ajoutera un autre, visiblement révolté.

Après cette rencontre d’hier, les regards sont maintenant tournés vers l’exécutif. Décidera-t-il de faire appel au vote des députés pour modifier les deux ou trois articles concernés du code électoral ? Est-ce donc une rencontre de concertcutif a initiée aux Affaires étrangères ? Toujours est-il que ceux qui comptaient sur une réponse décisive du ministre Clément Sawadogo en sont restés sur leur faim. Même si la plupart des représentants de partis ont la quasi-certitude que le Gouvernement, qui a déjà tiré son vin, va certainement le boire.

Issa K. Barry

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