LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Pouvoir, opposition, société civile : "Ils ont tous décidé de violer la loi"

Publié le mardi 14 février 2006 à 07h20min

PARTAGER :                          

Chacun de ces acteurs (pouvoir, société civile, partis politiques)
doit se reprocher d’avoir laissé la CENI manoeuvrer, comme à
son habitude, les opérations électorales du 12 mars 2006 sans
même se soucier de leur légalité".

C’est l’un des constats fait
par le Bureau fédéral de l’Union national pour la démocratie et
de le développement (UNDD) lors d’une assemblée
extraordinaire tenue le 11 février à Koudougou. Il invite, dans cet
écrit, "l’ensemble des partis de l’opposition à un dépassement
des clivages savamment orchestrés par le pouvoir et à s’unir
pour le prochain scrutin local".

Le samedi 11 février 2006, le bureau fédéral de l’Union
Nationale pour la Démocratie et le Développement a tenu une
assemblée extraordinaire à son siège à Koudougou, province
du Boulkiemdé autour d’un seul point à l’ordre du jour : les
implications de la décision du Conseil constitutionnel sur le
déroulement des opérations électorales du 12 mars 2006.
Après une lecture attentive de la décision du Conseil
constitutionnel, les participants ont largement échangé et ont
abouti aux conclusions suivantes :

1 - De la participation de l’UNDD aux élections municipales du
12 mars 2006.

Les participants saluent la décision du Bureau Exécutif National
de prendre part aux élections du 12 mars 2006. Le boycott de
l’élection présidentielle a été dicté par deux raisons
essentielles, à savoir :
- le viol de l’article 37 permettant au président sortant de briguer
un troisième mandat consécutif sous la même République ;
- la non-fiabilité du fichier électoral malgré les garanties et les
assurances du président de la CENI.
La décision de prendre part aux élections du 12 mars 2006, ne
remet pas en cause ces exigences mais se fonde sur les
arguments ci-dessous :
- la CENI et certains partenaires au développement ont donné
leur accord de principe de procéder au nettoyage du fichier
électoral ;
- les élections de mars 2006 sont des élections de proximité.
C’est-à-dire que les candidats à ces élections sont de la
circonscription électorale. Ils connaissent bien les électeurs
puisqu’ils se côtoient tous les jours. A ce titre, les éventuelles
fraudes peuvent être minimisées, car il y aura une surveillance
rapprochée ;
- la participation à ces élections de plusieurs partis politiques
multiplie les centres de contrôle et de surveillance.

2 - De la décision du Conseil constitutionnel

Les participants ont souligné que pour la 1ère fois, le droit a été
dit par cette haute juridiction, mais ignorent les tenants et les
aboutissants d’une telle décision. Le Conseil constitutionnel
savait très bien que la CENI roulait dans l’illégalité et n’a pas
daigné attirer l’attention du pouvoir sur ce forfait.

3- Du comportement du pouvoir de la 4ème République, de la
société civile et des partis politiques.

Le bureau fédéral stigmatise le viol conscient de la loi par
l’ensemble de ces acteurs. Tous de façon consciente ont décidé
de violer la loi. Aujourd’hui, chacun de ces acteurs doit se
reprocher d’avoir laissé la CENI manoeuvrer comme à son
habitude, les opérations électorales du 12 mars 2006 sans
même se soucier de la légalité des opérations.
Le bureau fédéral demande surtout aux partis politiques et à la
société civile de veiller désormais à l’application et au respect
strict des lois et règlements de notre pays.

4 - Du comportement de la CENI

Le président de la CENI a toujours rejeté ou ridiculisé les
contributions des partis politiques de l’opposition. Depuis son
installation à la tête de cette institution, il a pour rôle
l’organisation des différentes consultations électorales sur la
base du Code électoral. Pourquoi n’a-t-il pas dit au
gouvernement au sortir de l’élection présidentielle que le délai
qui lui a été imparti pour organiser les élections municipales est
insuffisant ? S’agit-il d’un report savamment organisé par le
pouvoir, le Conseil constitutionnel et la CENI ? L’histoire nous
en dira plus.

5 - Du report des élections municipales du 12 mars 2006

Le bureau fédéral salue la réaction salutaire du vice-président
du parti, Madame la député Marlène Zébango paru dans la
presse. L’UNDD à toujours inscrit ses actions dans la légalité
républicaine. C’est pourquoi le bureau fédéral soutiendra un
report utile des élections de mars 2006 en ce qu’il permettra de :
- relire le Code électoral ;
- nettoyer le fichier électoral ;
- revoir le mode de financement des partis politiques ;
- relire le statut des partis politiques dans le sens de
réglementer le nomadisme
politique ;
- régler la question du vote des Burkinabè de l’étranger ;
- réglementer le budget des campagnes qui est une
revendication permanente de notre parti.

6 - De l’expérimentation de la décentralisation intégrale en cours
dans notre pays

Cela est une revendication constante de notre parti depuis les
créations MDP, ADF, ADF-RDA. Toutefois, le bureau fédéral
pense que le ministère en charge de l’Administration du
territoire doit consulter ou associer les partis politiques et la
société civile dans la gestion de cette vaste entreprise
notamment en ce qui concerne la sensibilisation et la prise de
certaines décisions importantes.
Le bureau fédéral invite le ministère à revoir sa copie en faisant
organiser des élections régionales. Le bureau fédéral estime
que tous les Burkinabè naissent égaux en droit et en devoir. Par
conséquent, la communalisation intégrale doit éviter de créer
des citoyens de seconde zone. C’est pourquoi le bureau fédéral
estime que les appellations "communes urbaines" et
"communes rurales" n’ont pas de raison d’être. Le ministère
doit opter pour une seule dénomination pour les communes.

7- De l’apport des partenaires financiers

Ils devront aider la CENI à éplucher le fichier électoral, à
organiser le vote des Burkinabè de l’étranger en particulier ceux
vivant en Côte d’Ivoire. Ils doivent également être très regardants
sur la destination des appuis qu’ils apportent à notre pays pour
s’assurer que l’argent de leurs contribuables respectifs
contribue à atteindre les objectifs qu’il se sont fixés.
Au total, le bureau fédéral félicite la direction de l’UNDD pour sa
clairvoyance et ses prises de positions responsables. Il invite
l’ensemble des partis de l’opposition à un dépassement des
clivages savamment orchestrés par le pouvoir et à s’unir pour
les élections locales à venir.

Départements : Imasgo, Soaw, Pella, Nanoro, Siglé, Kindi,
Nadiala, Ramongo, Poa, Kokologo, Bingo, Sourgou, Sabou,
Thiou, Koudougou.

Pour le bureau fédéral,
Le Secrétaire général,
Kiemdé Salifou

Le Secrétaire à la communication,
Ouédraogo Adama

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?