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Elections municipales et législatives : "Tant pis si on les couple en 2007 !"

Publié le lundi 13 février 2006 à 07h54min

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Le débat sur un éventuel report des élections municipales bat son plein. Aristide Ouédraogo, citoyen de son état, livre ici son point de vue.

Depuis le mardi 07 février 2006, date à laquelle les Burkinabè ont su que M. Arouna Dicko, ci-devant président du Rassemblement politique nouveau (RPN) avait attaqué, devant le Conseil constitutionnel, la composition des démembrements de la Commission électorale nationale indépendante ( CENI ) ayant eu gain de cause, il était certain qu’un débat allait s’engager autour de la chose.

Quand on est un observateur de la scène politique nationale, on ne pouvait que facilement deviner la guerre de chiffonniers qui allait commencer. C’est une bonne chose et cela démontre, si besoin en était encore, la vitalité de notre démocratie, et l’intérêt sans cesse croissant que nombre de citoyens accordent au bon fonctionnement de nos institutions.

Il n’est point important à mes yeux, de remercier Arouna Dicko parce que lui au moins sait être dans son élément. En temps qu’homme politique et président de parti politique dont la mission première est la conquête du pouvoir d’Etat, l’illégalité dans laquelle baigne les démembrements de la CENI ne pouvait pas lui échapper.
Quel est la portée politique et historique de la décision du Conseil constitutionnel aujourd’hui ? Surtout après qu’un parti politique l’a saisi. Je pense que pour le moment, nous sommes toujours en train de nous remettre du choc de l’écrit éclaircissant de la rédaction de l’Observateur Paalga à ce sujet. Quand bien même il est presque certain qu’il faille encore reculer la date des élections municipales, l’heure n’est pas encore venue de vouloir à tout pris tirer la couverture à soi.

J’ai lu avec intérêt et avec beaucoup de plaisir la sortie médiatique du député Marlène Habata Zebango, vice-présidente de l’UNDD sur un éventuel report des élections municipales. Mais ce n’est qu’une éventualité de report.
Bref ! C’est toujours du bonheur que de lire une si attachante dame. Elle est aussi célèbre parce qu’elle ne fait pas la langue de bois. Et c’est tout à son honneur.
Cependant, cette livraison est assez touffue et confuse à mon sens. Essayer de relever point par point les extra ne sera point enrichissant pour la suite que d’autres voudront bien donner au débat. Je vous consens le droit de dire et de penser ce que vous voulez, mais je pense que c’est un écrit téléphoné que vous nous donnez à lire.

Je me demande encore présentement comment, de ceux qui pensent faire la pluie et le beau temps en politique, il n’y a pas eu un (1), je dis bien un (1) pour le relever et attirer l’attention et de la CENI et du Conseil constitutionnel sur l’état d’illégalité qui allait suivre si on ne réorganisait pas les démembrements de la CENI. Même le législateur n’a rien dit, et que dire du constituant ? C’est très très grave et il y a de quoi donner des insomnies.

"Toute la classe politique est en faute"

J’en suis toujours à me poser des questions. Et il est trop facile de laisser faire et de dire ensuite que telle ou telle personne, le pouvoir, et je ne sais quel corps encore avait intérêt pour quelques raisons obscures que ce soit. Personne n’a intérêt à subir le ridicule à tout moment à travers le monde parce que des gens qui sont censés appliquer la loi (dixit le président de la CENI) ne se sont pas aperçu qu’une fois encore, on allait être les premiers à nager dans un flou illégal après les municipales. Nous avons intérêt à ce qu’on repousse la date des élections municipales parce qu’il y a de quoi avoir honte des hommes politiques burkinabè.

Tant pis si on les couple aux élections législatives de 2007. Toute la classe politique est en faute et il faut vite réparer. C’est sûrement vrai qu’on n’est jamais prophète chez soi, mais il faut aussi de temps à autre avoir l’humilité de laisser sa queue entre les jambes. Revenir sur les griefs qu’on a pu avoir avec telle ou telle institution voudrait dire que l’on minimise d’abord la "nique illégale" que la CENI a faite à tout un peuple.

Les hommes politiques burkinabè entretiendraient des relations interpersonnelles exécrables à tendance suicidaire, ce qui les entraînent à vouloir toujours regarder brûler la case de l’autre même si l’on sait que sa propre case est menacée par la flamme. La CENI est une institution composée de représentants de formations et partis politiques, et si la CENI est en faute aujourd’hui, toute la classe politique est en faute. En vouloir au président ou à toute autre personne au sein de la CENI ne changera pas la décision du Conseil constitutionnel.

Faire la politique, ce n’est pas aller en guerre contre un tiers comme si c’était un terroriste. Quand bien même M. Arouna Dicko n’est pas député, il a fait mieux que l’ensemble du travail de tous les députés des trois législatures que nous avons connues depuis 1992. Et madame Marlène Habata Zébango, député, vice-présidente de l’UNDD, a attendu que l’on fasse le travail à sa place avant de venir en donneur de leçon.
Soyons d’abord démocrates en nous, chez nous, avant de vouloir contraindre les autres à marcher au pas.

Aristide OUEDRAOGO

Le Pays

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