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Démocratie, droits de l’Homme et religions : l’œcuménisme contre les extrémismes

Publié le samedi 11 février 2006 à 06h55min

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L’interminable conflit israélo-palestinien procède peu ou prou d’antagonismes religieux et de positionnements géopolitiques. Idem pour l’invasion de l’Iraq par les Etats-Unis et leurs alliés. Même les gorges chaudes qui se font entendre actuellement sur le nucléaire iranien ne sont pas exemptes de colorations religieuses. Que dire alors d’Al Qaïda et de la guerre ouverte qu’il a déclaré aux intérêts occidentaux ?

C’est véritablement un pied de nez, cette résurgence des intégrismes pour une époque, la nôtre, que l’on pensait laïque, marquée du sceau des progrès technologiques et des droits de l’Homme.

Ce mardi 08/02/2006, une attaque ciblée de l’armée israélienne a fait quatre (04) morts en Ci-Jordanie.

Les victimes selon les autorités militaires israéliennes étaient des agitateurs du Hamas, donc des "terroristes" potentiels.

Dans la même journée, en Afghanistan, en Syrie, en Jordanie, en Irak, bref presque partout dans le monde arabe, de violentes manifestations se sont poursuivies avec des incendies ciblées contre les représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège. Cette furia de la rue arabe fait suite à la publication par des journaux européens d’une caricature, on ne peut plus provocatrice, du prophète Mahomed.

Cette attaque ciblée de “Tsahaal” (Fprces armées d’Israël) contre les militants du Hamas, la caricature tendancieuse du prophète Mohamed sont à ranger dans la même grille de l’extrémisme.

C’est-à-dire un comportement intégriste qui met en avant la pensée unique, absolutisme et par conséquent intolérante à l’encontre d’une autre vision du monde, des Hommes et de la religion. Toute chose qui est contraire à la doctrine sociale de presque toute les religions qui mettent en avant, la plénitude divine, la relativité du temporel, l’amour du prochain et la fraternité entre croyants. Quel paradoxe qui suscite d’antan plus de questions qu’on a pu entendre dire que le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas ? Mais de quelles spiritualité s’agit-il, ou s’agira-t-il quand le monde donne à voir tant de violences qui couvrent mal les germes des exclusions et des injustices. Mais il ne faut pas être dupe ou naïf pour croire que les raisons d’Etat, économiques ou de géopolitique cèderont le pas à une spiritualité débonnaire dans un nouveau monde devenu un jardin d’Eden. L’homme restera l’homme avec les faiblesses inhérentes à sa nature. Les nations, les peuples et les Etats resteront marqués à jamais par les besoins d’expansion, d’hégémonie et d’accumulation des richesses.

De même, les diversités culturelles religieuses seront toujours source de tensions, de conflits, voire de guerres.

Cependant, il ne faut pas verser dans un pessimisme fataliste. Des religions antiques à l’enseignement bouddhiste, de la naissance de l’islam, à la réforme luthérienne ou au Concile Vatican II, la quête d’une meilleure humanité fondée sur la spiritualité, les progrès de la science et les droits de l’Homme, est une courbe ascendante malgré ses sinuosités. A chaque époque ses prophètes, ses hommes de bonne volonté aux initiatives audacieuses pour que ne s’estompe pas dans le capharnaüm épicurien, la terreur des croisades et des jihad, la fraternité et la tolérance qui sont la quintessence de toute les religions. De fait "l’homme se distingue de l’animal par un sixième sens". Celui de Dieu et de la spiritualité. Un patrimoine commun diversement révélé aux peuples au file du temps. Comment le fructifier, en faire bon usage ? C’est assurément en acceptant d’assumer nos différences comme une complémentarité dans la construction d’un humanisme tourné vers la fraternité et contre les intégrismes et le prosélytisme imbécile.

C’est dans cet esprit que l’œcuménisme catholique est un humanisme. Tout au long du 20e siècle, notamment à partir de 1920, il recommande de prier en commun avec des frères séparés. Il permet d’assister à des liturgies non catholiques, pour une raison sociale ou d’amitié ou de rapprochement.

On se souviendra de la rencontre du Pape Jean Paul II avec le roi Hassan II, "Commandeur des croyants" en 1985. En 1986, Jean-Paul II est également reçu à la synagogue de Rome. De même, à la journée de la prière pour la paix qui s’est déroulée le 27 octobre 1986 à Assise (France), ce sont 130 représentants de toutes les communautés chrétiennes et de toutes les grandes religions non chrétienne dont l’islam qui s’étaient retrouvés.

Plus près de nous, le 30 mars 2001, la journée nationale de Pardon (JNP) célébrée au stade du 4-Août à Ouagadougou a été l’occasion pour au moins 25 000 burkinabè de toutes confessions religieuses de se retrouver pour prier et œuvrer au retour de la paix sociale dans le pays. Les Togolais ont comme pris l’exemple burkinabè. Eux qui ce 6 février à l’occasion du premier anniversaire du décès du président Eyadema ont organisé une cérémonie œcuménique. Une célébration riche en couleur qui est d’un symbolisme évident pour l’unité du pays et le retour à la table des négociations des différentes forces politiques.

Somme toute, la tolérance œcuménique est une vertu de la démocratie. Dans un Etat laïc comme celui du Burkina, c’est un atout pour se prémunir contre le danger de l’intégrisme d’où qu’il vienne. Un vrai croyant ne peut taire ce qu’il ressent au plus profond de lui-même pour porter le masque du circonstanciellement correct. Cela n’enlève en rien à ses engagements politiques et citoyens.

Zéphirin KPODA

L’Hebdo

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