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Municipales 2006 : Nomadisme politique et politicaillerie

Publié le jeudi 9 février 2006 à 04h27min

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Après le « Takiborsé » ou le Warba commun, pour porter à la tête du pays Blaise Compaoré ; les divisions tues, les rancœurs comprimées ont refait surface par le biais des élections municipales.

L’albatros CDP n’a pas voulu du maire de la 2e ville du pays sur ses listes de candidats conseillers municipaux. Chose étrange, est- il si pestiféré que ça ? Alors l’intéressé est allé voir ailleurs s’il y a possibilité de briguer un mandat de conseiller municipal et pour ne pas trop s’éloigner de la maison mère, il a déposé bagages à l’ADF/RDA qui croit flirter avec le président du Faso et non son parti. Du coup, c’est le branle- bas de combat au CDP. On trouve aujourd’hui que le maire de Bobo n’est pas une grosse pointure.

Il serait même du menu fretin. Pour certains, le départ de Célestin Koussoubé et deux de ses collègues des arrondissements de Bobo est un non évènement. Autrement dit, ils ne représentent rien au sein du grand parti. Comme on le dit en Dioula, cela ne peut même pas faire bouger une poule qui couve ses œufs. Et pour d’autres comme Simon Compaoré maire de Ouagadougou, qui est toujours partant pour les municipales, il faut tirer les leçons de ce départ.

L’un dans l’autre, les transfuges courent de gros risques si jamais ils sont élus pour bénéficier d’une certaine immunité. Car l’agacement perceptible à mille lieux du secrétaire général du CDP lorsque la question concernant Koussoubé lui a été posée lors de l’émission « Actu hebdo » de la TNB, laisse croire que les frondeurs devront payer cher l’affront fait au parti.
C’est pourquoi une « naréfication » est probablement à l’étude au cas où....

Les transfuges sont accusés de trop en vouloir au CDP sinon même de se croire toujours aptes à occuper les premiers postes. Et d’aucuns d’ajouter qu’il y a beaucoup de monde au CDP et qu’il n’est pas de place acquise d’avance. En conclusion Célestin Koussoubé et ses amis partants sont trop gourmands ; ils ont eu des postes de responsabilité et cela ne doit pas être des propriétés privées ; il fallait attendre calmement une prochaine fois en rongeant ses freins comme beaucoup d’autres. Seulement, les choses ne se présentent pas de la même façon pour les ex-présidents de l’Assemblée nationale que sont Mélégué Traoré et Arsène Yé Bongnessan.

Ils ont été présidents de l’Assemblée nationale et sont aujourd’hui de simples députés ; pour autant ils n’ont pas quitté le parti. Présenter de la sorte on peut dire que Koussoubé et ses compagnons devraient adopter la même attitude et se plier à la discipline du parti. Seulement voilà, l’âne et le lièvre ont tous les deux de grandes oreilles mais il n’y a pas de liens particuliers entre les deux. Célestin Koussoubé et ses deux amis ont quitté le CDP parce qu’on ne leur offrait même pas la possibilité d’être de simples conseillers municipaux.

Les ex- présidents de l’Assemblée nationale ont eu le plaisir d’être élus députés avant de se voir remplacer à la présidence. Que feraient Mélégué Traoré et Arsène Bongnessan si en son temps le parti leur avait refusé le droit d’être sur les listes à la députation dans leur région respective ? On présume que la pilule très grosse et très amère allait être difficile, très difficile à avaler. Peut-être qu’aujourd’hui ces deux personnalités se seraient mis en marge de la politique et vaqueraient à d’autres occupations. Pour sauver la face ou pour calmer le jeu, on aurait peut être pu laisser Koussoubé et les siens se représenter étant entendu que le conseiller qui devient maire est choisi par le parti.

Mais on les a effarouchés et voilà le résultat, départ et atterrissage à l’ADF/RDA. Celle-ci n’en demandait pas plus. Elle croit détenir là de grandes possibilités de victoire. Certes Koussoubé et ses amis ont osé mais ils devront rendre gorge, telle semble être la logique. Et pour cela on va fouiner dans leur gestion et si d’aventure il y a des trous, bonjour la MACB (Maison d’Arrêt et de Correction de Bobo) .Et ce n’est certainement pas le plus difficile quand on sait comment nos mairies sont gérées.

Il suffit d’une seule opération de lotissement pour se mouiller les barbichettes. Même si tel n’est pas le cas, pour sûr le CDP se donnera les moyens de réduire à leur plus simple dénominateur les frondeurs et, du même coup les partis qui ont osé les recevoir et les positionner favorablement.
Pendant que ça craint donc à Bobo pour le matricule de certains, à Ouaga « c’est du blaguer- tuer »

Les commerçants de Ouagadougou, précisément ceux des « yaars » et marchés ont présenté leurs vœux de nouvel an au Maire Simon Compaoré. Chose tout a fait normal. On pourrait penser qu’ils ont saisi cette occasion d’humanisme et de profit pour dire au maire ce qui les tracasse au plus profond d’eux- mêmes ; non, ils ont plutôt apporté leur soutien indéfectible à l’œuvre ô combien grandiose du Maire de Ouagadougou pour la ville et pour leur secteur. Conséquence, il faut que Simon Compaoré reste le maire de Ouagadougou qu’il travaille bien. Dans les oubliettes, les problèmes de Rood-woko, dans les oubliettes, les difficultés de ceci ou de cela.
On soutient Simon Compaoré, un point c’est tout.

Les responsables du Collectif doivent être gros jean comme devant avec cette nouvelle donne. Eux qui ont vu leurs troupes gonflées quelque fois lors des marches par l’arrivée massive des commerçants de Rood-Woko, las d’attendre l’ouverture du grand marché. Qui fait que le problème de la reconstruction de Rood-Woko est entré dans les revendications de la CGTB ?

On a péché les voix des commerçants pour la présidentielle par l’annonce publique de la reprise des travaux de reconstruction de Rood-Woko. Ils ont mordu à l’hameçon, le président du Faso est élu massivement, le gouvernement est formé et Rood-Woko n’est toujours pas ouvert. Avec les municipalités en vue, la même machine a été mise en branle pour amadouer les commerçants afin d’avoir leurs voix. Une fois de plus, ça a marché ; la coordination des commerçants des marchés et yaars de Ouagadougou apporte cette fois-ci son soutien à Simon Compaoré pour les municipalités. Pour Rood-Woko, il faut être confiant, un jour ou l’autre il sera ouvert mais en attendant on demande aux commerçants de voter pour Simon Compaoré.

Ceux qui lui prédisaient une carrière ministérielle peuvent repasser demain, Simon Compaoré veut être encore maire de Ouagadougou à moins qu’on ne lui donne la chefferie du gouvernement à la place de Paramanga Yonli. A défaut de cela, il veut continuer à la t^te de la mairie de Ouagadougou ce qui est différent d’un poste ministériel. En bon et tout puissant maire de Ouagadougou Simon Compaoré existe. Mais simple ministre, même affublé du titre d’Etat, il serait moins visible.

Il a le soutien des commerçants, ce qui n’est pas rien ; il a une association qui milite en sa faveur ; ce qui compte dans la pression s’il venait à l’idée de quelqu’un de penser qu’il doit quitter la mairie, on verra des marches spontanément organisées à travers la ville de Ouaga pour exiger que Simon reste à son poste. Car notre bon maire qui est à la mairie de Ouagadougou est l’homme de la situation. Il a beaucoup fait et il va encore faire mieux. Ceux qui pensent que trop de temps à un poste peut amener à la sclérose, se trompent énormement, cela ne peut pas arriver à Simon Compaoré ; c’est aux autres que cela arrive.

Rood-Woko est une préoccupation et le maire fait le max pour sa reconstruction, il ne faut pas être pressé ; tout vient à point nommer à qui sait attendre.
Comme l’a dit Tiken Jah Fakoly, tout ça c’est du blaguer- tuer. Simon Compaoré a préparé sa chose et une fois réélu , le bras de fer va reprendre. Car les promesses des politiciens restent toujours des promesses.

Ah ! La politique ! ! !

Bendré

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