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Tchad, Côte d’Ivoire : Jeu de massacre !

Publié le mercredi 8 février 2006 à 07h49min

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Tchad : L’Assemblée nationale sur l’instigation du président Deby a modifié le texte de loi sur la gestion des ressources financières tirées de l’exploitation du pétrole. Le FMI et la Banque mondiale n’ont pas caché leur irritation. Premières conséquences, ils ont suspendu les crédits alloués au Tchad dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel et de lutte contre la pauvreté.

Ils n’ont eu aucun mal non plus à faire geler les avoirs tchadiens déposés dans une banque britannique pour "les générations futures", avait-on dit. Côte d’Ivoire : On a frôlé la déflagration générale à Abidjan où pendant trois à quatre jours les "jeunes patriotes" ont occupé les rues après que le groupe de travail international (GTI) à l’issue de sa réunion du 15 janvier, ait décidé d’entériner la fin du mandat des députés pour le 16 décembre 2005. Les manifestants, ouvertement soutenus par le Front populaire ivoirien (FPI), parti au pouvoir, ont dénoncé une dissolution anti-constitutionnelle de l’Assemblée nationale et un flagrant délit de violation de la souveraineté de la Côte d’Ivoire.

Du Tchad à la Côte d’Ivoire, ce sont les cas les plus récents où, d’un : - des processus de démocratisation malmenés ont conduit à des impasses. De deux : - les réformes économiques sous les conditionnalités des institutions de Bretton Woods ont abouti à des aberrations. Toutes réserves gardées sur la gestion des ressources tchadiennes par le gouvernement Deby, on ne peut que faire remarquer que cette ponction imposée sur les revenus du pétrole accrédite l’idée selon laquelle, les dirigeants africains sont des irresponsables.

Ils n’ont pas de visions prospectives pour le développement de leurs pays et règnent en despotes prédateurs de leurs peuples. C’est vrai, l’Afrique a connu, et connaîtra des dirigeants incapables et dictateurs. Mais la manière dont les institutions financières et/ou dirigeants du Nord leur font la leçon est critiquable. L’Europe elle-même n’a-t-elle pas connu des despotes mauvais gestionnaires ?

L’apprentissage de la démocratie fut un très long processus à travers des siècles. Révolutions, coups d’Etat, guerres civiles, assassinats politiques ont jalonné cet apprentissage dans les pays d’Europe et d’Amérique qui voudraient servir aujourd’hui de modèles démocratiques à l’Afrique. Quarante (40) ans d’indépendance c’est peu pour parvenir à rattraper ce que l’on peut appeler retard de plusieurs siècles. On en déduit qu’il faut dès lors accepter des "circonstances atténuantes" à certaines tribulations des Etats africains.

Mais l’histoire ne devrait pas non plus servir de bouc-émissaire pour cette Afrique où la politique est devenue un jeu de massacre de l’Etat, du citoyen, de l’homme tout simplement. En réclamant une mainmise totale sur toutes les ressources financières du pétrole, surtout au moment où il a déclaré une situation de belligérance contre le Soudan, Djaména prête le flanc à toutes les supputations.

Le besoin de sécurité avancé peut muer en besoin de répression des populations civiles. La nécessité d’investir dans l’éducation également mise en avant peut être un canular, prétexte pour des dépenses de prestige, etc. Quant à la situation ivoirienne, le ver qui a pourri le fruit est bien connu. Le pays est en retard d’une révolution. Le micro-nationalisme est révolu.

L’Afrique doit écrire son histoire dans la perspective des grands ensembles régionaux. Cela exige au premier chef une cohésion nationale avec des politiques responsables et tolérants. Sinon, on continuera à accréditer les thèses afro-pessimistes d’un continent aux dirigeants infantiles !

Djibril TOURE
L’hebdo

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