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La Maison du cœur de Ouagadougou : vingt ans de dur et noble labeur

Publié le mardi 7 février 2006 à 06h54min

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Josette Boegli décorée

Sur initiative et impulsion de Josette Boegli, de nationalité suisse a été créée en 1986 La Maison du cœur. Objectif, venir en aide aux enfants en situation de rue et aux personnes nécessiteuses au Burkina Faso sans considération ethnique ou religieuse. Sur la base de cette conviction « un seul homme souffre moins et le monde est déjà meilleur ». Sidwaya au cœur de La Maison du cœur de « maman Josette ».

C’est en février 1986 que Josette Boegli arrive pour la première fois au Burkina Faso. Très vite, elle est frappée par les conditions de vie pas du tout agréable et confortable des enfants en situation de rue. Devant la misère et les souffrances de ces enfants, elle nourrit un souhait ardent : pouvoir leur venir en aide. Pas de façon spontanée mais de manière à leur garantir une vie meilleure. Un travail de préparation de longue haleine auquel Josette Boegli ne va pas se dérober.

Pour mieux mûrir son projet et se préparer en conséquence, elle retourne dans sa Suisse natale. En février 1987, elle revient à Ouagadougou, avec sa valise et un projet bien ficelé.

Sur place, elle prend contact avec les services sociaux à qui elle partage son intention de venir en aide aux personnes défavorisées. Le message est bien reçu par l’autorité qui lui prodigue des encouragements et beaucoup de reconnaissances.

La voie est donc ouverte pour Josette Boegli pour réaliser son vœu. Après un stage en service de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo, elle ouvre en juin 1987, dans une cour en location sa première Maison du cœur. Une maison bien modeste au départ ! Sans eau, sans électricité, encore moins de téléphone. Mais cela n’est pas pour décourager Josette Boegli. Mieux, elle ne s’en plaint pas et y reçoit ses premiers enfants. Avec eux, elle mène une vie heureuse. Les enfants sont inscrits à l’école. Une petite pharmacie est créée pour leur venir en aide médicale, ainsi qu’aux mères démunies. Pour l’amour des pensionnaires de La Maison du cœur, Josette Boegli fait preuve de sacrifices et de bonne volonté. Elle a tout abandonné pour ces enfants : le confort de sa Suisse natale, ses parents et amis, son univers social, économique, culturel... Bref, elle a tout abandonné pour se consacrer aux enfants en situation de rue au Burkina Faso. Et cela depuis 1987.

Petit à petit les choses se mettent bien en place. Les pensionnaires deviennent de plus en plus nombreux. La Maison du cœur se révèle trop petite. D’où les interminables déménagements dont elle a fait l’objet, pour répondre au mieux aux sollicitations. Chemin faisant, La Maison du cœur se dote d’une bibliothèque pour les enfants et d’un système d’aide alimentaire pour les femmes en difficultés. Tout repose sur les épaules de Josette Boegli qui, du reste, ne dispose pas d’énormes moyens, en dehors de son courage, de sa volonté, de sa ténacité et surtout son amour pour les enfants en situation de rue et les femmes en difficultés.

En 1992, la Coopération française dote La Maison du cœur d’un véhicule, une bâchée. Jusque-là, Josette Boegli faisait tous ses déplacements à pied, tout comme le faisaient ses enfants.

De La Maison du cœur à La « cour » du cœur

En 1994, la commune de Boulmiougou en guise de reconnaissance et d’appui à l’action et à l’œuvre de Josette Boegli lui offre une parcelle de 2300 m2 au secteur N°16 de Ouagadougou. Avec l’aide financière de La Fondation Haladin et surtout avec la participation active et effective des pensionnaires et de bonnes volontés (ils se sont mobilisés pour les travaux), la construction d’une Maison du cœur digne de ce nom est amorcée en mars 1994.En février 1996, La Maison du cœur est officiellement inaugurée, en présence d’autorités burkinabè et suisses, d’amis et parents de Josette Boegli qui ont fait le voyage de Ouagadougou pour la circonstance.

La Maison du cœur ainsi bâtie (une véritable cour de cœur) a une meilleure capacité d’accueil et d’activités. Et les pensionnaires sont devenus plus nombreux. Aussi bien des enfants en situation de rue que des femmes complètement démunies. Pour l’aider dans ses tâches, Josette Boegli engage alors des collaborateurs dont un éducateur social, responsable aujourd’hui du bon fonctionnement de la « Cour » du cœur et de la gestion de l’aide extérieure.

Aujourd’hui, la maison du cœur prend en charge 120 femmes en difficultés avec leurs enfants et quelques personnes touchées par le Sida. Cette prise en charge est alimentaire, médicale et scolaire. Ainsi, 1,5 tonne de céréales sont distribuées chaque mois aux 120 nécessiteux. 250 à 300 ordonnances de médicaments sont couvertes chaque mois. Et 200 enfants sont scolarisés dans des écoles pour plus de 3 millions de F CFA par an. Huit enfants sont placés en nourrice, à la charge de La Maison de cœur, ainsi qu’une quarantaine de personnes démunies qui y sont internées. En 20 ans d’existence, La Maison du cœur a fait.

C’est en reconnaissance à cette œuvre gigantesque, que le gouverneur de la région du Centre Boureima Bougma a, au nom du président du Faso, décoré Josette Boegli de la médaille de chevalier de l’Ordre national, vendredi 3 février 2006. C’était au cours d’une sympathique cérémonie à La Maison du cœur, en présence du gouvernorat du Centre, des pensionnaires, des représentants du secteur N°16 ainsi que des parents et amis de Josette Boegli (les amis de La Maison du cœur).

En ce 3 février 2006, Josette Boegli commémorait la date anniversaire de sa naissance et celle des vingt ans d’existence de La Maison du cœur. C’est avec beaucoup d’émotions et de joie que la directrice-fondatrice de La Maison du cœur a reçu sa médaille. Cette joie, elle la partage en ce moment avec sa grande famille de La Maison du cœur, sa famille suisse, particulièrement avec Anta, une de ses amies, son frère et son fils qui ont fait le déplacement de Ouagadougou pour soutenir Josette Boegli dans sa noble tâche.

Pour mener à bien cette réalisation, il a fallu beaucoup d’énergies et de courage. Et Mme Josette Boegli que la grande famille de pensionnaires appellent affectueusement « Maman Josette » est reconnaissante à tous ceux-là qui ont contribué à lui apporter beaucoup de joie et de satisfaction.

Aujourd’hui, après avoir passé une vingtaine d’années au Burkina Faso, Josette Boegli fait de plus longs séjours en Suisse. Non sans avoir eu l’assurance que son équipe mène a bien la relève pour le bonheur de La Maison du cœur. Une maison qui fonctionne sur le modèle de la grande famille africaine, avec une ambiance de bon accueil, d’humanisme, de solidarité et de fraternité.

Sita TARBAGDO
Sidwaya

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