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Putsch manqué : prétexte pour vieilles rengaines oppositionnelles !

Publié le dimanche 2 novembre 2003 à 13h02min

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Presque un mois après la révélation de la tentative de putsch déjoué, l’opposition continue à tenir un discours dont la pertinence politique reste à mille lieues de l’ambition qu’elle dit vouloir incarner.

Après l’arrestation de Norbert Tiendrébeogo, sa thèse de tentative de liquidation de l’opposition devient le leitmotiv recherché comme si elle pouvait répondre de chacun de ses membres. Cette solidarité envers et contre tous, est peut-être de principe, mais lorsqu’il s’agit de remise en cause de l’Etat républicain un peu plus de recul aurait grandi sa vision des choses, mais hélas. Elle continue à donner dans l’opposition systématique et aveugle.

On a entendu le G14, la COB pour finir par les partis sankaristes. Dans le fond aucune des trois déclarations n’est différente de l’autre. Un coup d’Etat est suffisamment grave pour que toute la classe politique se mobilise contre. L’arrêt du processus démocratique ou du moins toute tentative visant à l’interrompre ne peut et ne saurait faire l’objet de surenchère encore moins de louvoiement.

La question ici soulevée, celle voulant que la réalité du putsch soit prouvée est vaine puisque la garantie de faire la lumière est donnée par le choix de son traitement par la voie judiciaire. La teneur de la "protestation" des Sankaristes nie les vertus de l’Etat de droit au prétexte que "certains en foulent les principes cardinaux". Eux, des légalistes bon teint, des croyants en l’Etat de droit et à la démocratie, veulent se soustraire à l’application de la justice comme s’ils avaient quelque chose à se reprocher ou se croient-ils intouchables parce qu’ils seraient opposants ?

Le sens de la responsabilité

Les Sankaristes mesurent-ils seulement le sens des mots qu’ils balancent sans discernement dans leur déclaration ? La présomption d’innocence dont ils se targuent pour exiger la libéralisation de leur camarade ne s’applique pas uniquement à lui et à lui seul. Tous sont résumés innocents jusqu’au verdict du tribunal.

C’est dire si son élargissement relève du juge et non des enquêteurs, quand bien même les délais auraient été dépassés.

Ces délais-là sont certes donnés par la loi mais la gravité de la situation commande de prendre le temps afin de ne faussement condamner personne. La manifestation de la vérité, celle qu’ils souhaitent et attendent, passe par une enquête minutieuse et cette minutie s’adresse avant tout au cas de Norbert Tiendrébéogo.

A défaut d’apporter des éléments qu’ils ne possèdent pas sur sa culpabilité ou son innocence , ils doivent souffrir de s’en remettre, en bons démocrates au verdict du tribunal d’autant mieux que les interpélés auront le droit de se faire assister d’un conseil.

Il n’y a pas dans cette tentative de putsch meilleure tribune pour les accusés qu’un tribunal ouvert, où le débat contradictoire permettra aux sceptiques, aux saints justes, aux croyants ou aux incrédules d’y voir clair. On saurait alors si on nage en plein délire ou si leur épouvantail du complot, leur conviction de l’arbitraire est véridique ou tout bonnement une succession de mots dans le but de faire semblant de faire quelque chose pour des "camarades" en difficulté.

Montrer autre chose

A quelque chose malheur est bon pour les Sankaristes.L’arrestation de Norbert Tiendrébéogo semble devoir cimenter leur union. N’ont-ils pas signé d’une seule voix pour assener leur certitude selon laquelle, le complot déjoué est une manœuvre pour barrer la route à l’alternance ? Une autre affirmation gratuite car même le plus fin limier de la lignée de Sherlock Holmes aurait un mal fou à établir la relation de cause à effet entre ce complot et l’alternance.

En quoi en effet, un Sankariste arrêté et non condamné peut-il empêcher les autres Sankaristes et ils sont nombreux à briguer le fauteuil présidentiel, dans deux ans ? Surtout que celui arrêté n’est pas le meilleur poulain puisqu’ ayant été incapable d’avoir en 2002 un strapotin au sein de l’hémicycle. Il l’aura du reste eu que ce ne serait pas lui qui irait à la bataille au nom des Sankaristes.

C’est en clair cette argumentation qui ressemble fort à un épouvantail, une sorte de poudre de perlimpinpin pour amuser la galerie et en somme pour montrer l’incapacité de l’opposition à opposer un projet de société qui excite le sens des Burkinabé.

Qui ne sait pas aujourd’hui ce qu’elle avance pour disqualifier le pouvoir ? De toute façon le régime CDP, selon elle, a échoué sur toute la ligne et partant tous les regards des Burkinabé sont braqués sur l’opposition. Le maçon, serait-on tenté de dire, est au pied du mur ou plutôt l’alpiniste est au pied de l’Everest. On attend d’admirer son œuvre. Celle qui va nous sortir de notre "misère crasse". Et ce n’est certainement pas un putsch manqué qui peut empêcher les Sankaristes de le faire, eux les vertueux à même de nous restaurer notre dignité perdue. Alors le prétexte du putsch est si bancal. Et s’ils n’ont ni programme, ni candidat, le PDP/PS, l’ADF/RDA, l’UNDD et la multitude de partis doivent en avoir. Messieurs à vos programmes. Clairs et précis !

Souleymane Koné
L’Hebdo du 31/10/03

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