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Crise ivoirienne : Mbeki joue les trouble-fêtes

Publié le vendredi 3 février 2006 à 07h23min

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Laurent Gbagbo et Tabo Mbeki

La situation en Côte d’Ivoire connaîtra-t-elle jamais une issue heureuse ? C’est bien la question qu’il faut se poser avec les rebondissements à répétition qui ne nous confortent pas dans l’optimisme.

Dernier fait en date, la sortie, somme toute regrettable, du ministre sud-africain de la Défense, Mosiuoa Lekota qui, mardi dernier, a affirmé sans ambages que la question de l’Assemblée « avait déjà trouvé une solution ».

Une déclaration qui a surpris plus d’un, bien que le représentant de Thabo Mbeki n’ait pas ouvertement cautionné la décision de Laurent Koudou Gbagbo de maintenir l’Assemblée en fonction « avec tous ses pouvoirs », faisant fi de celle du Groupe de travail international (GTI), organe chargé de suivre le processus de paix au pays de Nana Boigny, de ne pas prolonger le mandat des députés. Cette déclaration du ministre Mosiuoa est intervenue à l’issue d’une visite en Côte d’Ivoire d’émissaires du président Thabo Mbeki, qu’il conduisait.

La délégation, au deuxième et dernier jour de sa visite en Eburnie, a multiplié les consultations avec les acteurs de la crise ivoirienne et s’est dit, par la voix du ministre de la Défense, « satisfaite des consultations qu’elle a eues avec toutes les parties ». Ils ont en outre affirmé que « Toutes les partis ivoiriennes restent déterminées à travailler ensemble, et même de façon rapprochée, pour trouver une solution à la crise ».

Ces déclarations, visiblement, n’ont pas été du goût des FN, qui ont du reste refusé de les recevoir dans leur fief de Bouaké. Ce n’est peut-être pas surprenant, puisque la médiation de Mbeki lui-même avait été rejetée en septembre de l’année passée par Guillaume Soro et ses ouailles. Depuis, il s’était mis un peu à l’écart, derrière le Conseil de sécurité de l’ONU sur le dossier ivoirien. A souligner que la mission sud-africaine a été décidée samedi 28 janvier dernier, lors d’une visite du Premier ministre ivoirien au président Mbeki. Cette mission portait officiellement sur « la situation globale en Côte d’Ivoire, la question de la Commission électorale indépendante (CEI) et le processus électoral ».

Ce qui a été au centre des discussions lors de cette visite des envoyés de Thabo Mbeki, c’est bien la question du mandat des députés ivoiriens, mandat qui a pris fin en décembre dernier, mais qui a été prolongé vendredi par Gbagbo. Un problème dans la recherche de la paix, puisqu’il a occasionné une levée de boucliers au sein de la communauté internationale et déclenché quatre jours de violentes manifestations en Côte d’Ivoire. On se pose alors la question de savoir si le président ivoirien n’insiste pas pour faire obstruction au processus de paix. L’ONU a en tout cas brandi la menace de sanctions contre la Côte d’Ivoire, mais des sanctions qui pourraient connaître un report suite au passage des Sud-Africains chez Gbagbo.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mbeki joue véritablement le mauvais rôle. C’est en quelque sorte un trouble-fêtes qui trouve que la décision du GTI est dirigée contre sa personne, en tant que médiateur de l’Union africaine. Ce qui est sûr, les mots lâchés par son ministre de la Défense empoisonnent davantage l’atmosphère du côté de la lagune Ebrié et donnent même raison aux FN, qui n’avaient pas hésité en son temps à désavouer ouvertement la médiation de Mbeki. Pour ce qui est de l’ONU, il faut dire que la machine ivoirienne est fortement grippée pour qu’on continue de condamner avec la bouche. Ce sont des décisions fermes qu’il faut prendre pour obliger Gbagbo et les siens à marquer le pas. C’est ici et maintenant qu’il faut le faire, pour décrisper une situation qui n’a que trop duré.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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