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Promotion de la culture au Burkina :L’Etat peut mieux faire

Publié le mercredi 28 janvier 2004 à 11h20min

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La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié, dit-on
communément. Et pour cause, elle est l’âme même d’un
peuple. C’est elle qui détermine la conduite et la vision du
monde d’un groupe social. Dans la vie d’une nation, elle joue
un rôle spécifique à plus d’un titre.

La culture constitue le
piédestal, le fer de lance du développement d’un pays. A ce titre,
elle peut être considérée comme un domaine de souveraineté
nationale et les actions de promotion culturelle doivent être
majoritairement financées par le budget de l’Etat, quel qu’en soit
le prix. Au Burkina Faso, on constate avec beaucoup de
bonheur que le gouvernement attache une grande importante à
tout ce qui peut contribuer à donner un certain rayonnement aux
cultures burkinabè.

En effet, de nombreuses initiatives sont
développées ça et là pour faire vivre nos cultures dans leurs
diversités pour ainsi marquer leur rayonnement et leur visibilité.
Cela vaut d’ailleurs parfois au Burkina Faso d’être qualifié de
"carrefour culturel" de l’Afrique de l’Ouest. C’est dire que l’on ne
peut vraiment pas reprocher aux autorités burkinabè de ne rien
faire en matière de promotion culturelle. En revanche, on peut
constater avec regret que l’essentiel de ces initiatives est
réalisé grâce à des financements extérieurs.

C’est ainsi que le
Programme de soutien aux initiatives culturelles (PSIC) qui est
un projet entièrement financé par l’Union européenne est
aujourd’hui quasiment le seul soutien aux promoteurs
culturels. Il en est de même du financement des films. Ils sont
majoritairement réalisés grâce aux fonds étrangers.

Evidemment, dans ce cas, il n’y a que la partie vendable de la
culture qui peut obtenir des financements. Dans ces conditions,
le premier objectif dans l’organisation d’une activité n’est pas de
promouvoir la culture véritablement mais plutôt de rentabiliser
les sommes investies. Et c’est ce qui conduit à des situations
où des cinéastes, sous la pression de leurs financiers
(occidentaux), doivent se résoudre à modifier leurs scénarios
au risque de contredire leurs cultures juste pour adapter leurs
productions au goût de l’Occident.

Pourtant, leur objectif de
départ est bel et bien de s’inspirer des faits culturels et d’en
être fidèles. Avec de tels films, il est, avouons-le, difficile de
soutenir qu’il s’agit de la promotion de la culture d’une nation. Et
gare au réalisateur qui, au nom de son attachement à son
scénario inspiré de sa culture, refuse de se conformer à la
volonté des bailleurs de fonds. Celui-ci ne verra jamais le jour.
Inutile pour lui de compter sur le soutien de l’Etat qui ne pourra
lui venir en aide et ainsi faire triompher sa vision culturelle car
des mécanismes de financement ne sont pas prévus à cet effet.

Pourtant, c’est à cette condition que l’on peut promouvoir la
culture d’un pays. En effet, une politique culturelle digne de ce
nom passe aussi et avant tout par la création de lignes de
crédits pour soutenir les actions de promotion de la culture.

Autant dire que la culture doit constituer pour tout pays une
priorité nationale. C’est le prix du crédit que les autorités lui
accordent. Mais cela n’empêche pas de développer également
l’entreprenariat culturel en faisant appel au secteur privé pour
développer des initiatives culturelles.

Dans tous les cas, la
tendance des investisseurs privés est de faire fructifier leurs
investissements. Autant dire que la tendance du privé est de
promouvoir la culture sous son angle commercial. Pourtant, la
culture d’une nation ne saurait se réduire à son aspect
folklorique et commercial.

C’est pourquoi, le rôle de l’Etat doit
consister d’une part à financer les secteurs de la culture qui,
bien que non lucratifs, sont vitaux pour l’âme et l’identité du
peuple. Parmi ces secteurs qui n’intéressent pas les
promoteurs privés, il y a par exemple la construction d’un musée
national, d’une bibliothèque nationale, etc.
Cependant, le gouvernement ne semble pas pressé de réaliser
de telles infrastructures. Tout se passe comme si la culture
était victime de sa faible rentabilité économique et politique.

Apparemment, elle ne constitue pas une priorité. Seul le
ministère de la Culture essaye tant bien que mal de
développer un projet culturel. Alors que la politique culturelle du
Burkina devrait être portée par tout le gouvernement pour la
simple raison qu’elle est incontestablement le fer de lance du
développement de tout pays. Si le Burkina Faso veut vraiment
promouvoir sa culture, il importe que les autorités réorientent
leur politique en la matière.

La survie, la vie et le rayonnement de la culture burkinabè ne
peuvent être obtenus en effet dans la seule organisation
d’actions folkloriques qui sont généralement à but commercial.
Le travail de promotion doit aussi passer par la prise en compte
également de la dimension culturelle dans les programmes
scolaires. Ainsi, depuis la base, les Burkinabè intégreront dans
leur esprit ce qui fait leur spécificité par rapport à d’autres
nationalités et vivront leur culture avec plus de fierté.

Le Pays

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