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Xe Journée nationale du paysan : Blaise Compaoré face aux producteurs

Publié le lundi 30 janvier 2006 à 08h26min

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Blaise Compaoré

Après la cérémonie d’ouverture de la Journée nationale du paysan (JNP), le président du Faso et son gouvernement ont rencontré dans la soirée du 28 janvier, le monde paysan. « La nuit de la vérité ». C’est ainsi qu’on désigne le face-à-face entre le chef de l’Etat et les producteurs à l’occasion des Journées nationales du paysan. Cette année, la rencontre a eu lieu à Manga, au gouvernorat. D’un côté, Blaise Compaoré assisté du Premier ministre et des membres du gouvernement et de l’autre côté, les paysans se sont dit les quatre vérités, les « yeux dans les yeux ».

Le ministre d’Etat, chargé de l’Agriculture a d’abord félicité les producteurs qui ont pu respecter la plupart de leurs engagements pris à la 9e édition de la JNP à Gaoua. Il s’est particulièrement réjoui de la situation agricole excédentaire enregistrée par le pays ces cinq dernières années, et particulièrement la campagne agricole écoulée avec un excédent céréalier de plus d’un million de tonnes. Abondant dans le même sens, le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a surtout loué la détermination des paysans à aller encore plus de l’avant pour le développement économique du pays.

A leur tour, les paysans ont soumis des préoccupations aux autorités. Ils ont attiré leur attention sur la non-tenue de certaines promesses qui leur avait été faites. Il s’agit de la détaxation des intrants agricoles, la dotation des Chambres d’agriculture d’un budget de 300 millions de F CFA au lieu de 100 millions. Sur cette question, le ministre des Finances et du Budget a été interpellé.

Jean-Baptiste Compaoré a promis de corriger cet état de fait. Désormais, comme promis, 300 millions de F CFA seront alloués aux Chambres d’agriculture. Par rapport au coût très élevé des intrants agricoles dû aux prélèvements de taxes, la réponse du ministre reste mitigée. Cependant, il rassure tout de même qu’il n’y a pas de prélèvement de la TVA sur les intrants agricoles. Et d’ajouter que le Burkina, en tant que membre de l’UEMOA, devait se conformer à certaines réalités.

Toutefois, a-t-il précisé, des discussions seront engagées au sein de l’espace UEMOA, afin de trouver des réponses aux préoccupations du monde paysan. Et le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli d’ajouter que son gouvernement s’attellera à imaginer un nouveau système fiscal, qui permettrait de baisser davantage le coût des intrants.

En ce qui concerne l’écoulement et la commercialisation des produits agricoles, M. Yonli, a souhaité plus d’investissement personnel de la part des producteurs. Il les à invités à devenir de véritables agents économiques capables de faire face à la concurrence, en s’investissant sur plusieurs fronts. Les producteurs ont souhaité la création d’unités de transformation des produits agricoles, tels les fruits et légumes ainsi que les céréales.

Production multipliée par quatre en 20 ans

Prenant à témoin, la création de la Société burkinabè des fruits et légumes (SOBFEL), le ministre du Commerce, Benoît Ouattara, a signifié que l’écoulement des produits agricoles constitue une préoccupation majeure du gouvernement. Il en est de même, pour les unités de transformation réclamées par les producteurs. D’ores et déjà, M. Benoît Ouattara annonce que de nouvelles unités verront bientôt le jour à l’Est et à l’Ouest du pays. La réouverture des Grands Moulins du Burkina (GMB) avec plus de capacité, est également annoncée.

En 20 ans, la capacité de production du pays a été multipliée par quatre. Ce record jamais égalé, fait du Burkina, un pays bien en vue, auprès des bailleurs de fonds.

C’est pourquoi, le Burkina vient d’obtenir, a annoncé le chef de l’Etat, environ 90 milliards de F CFA au profit de la petite irrigation.

De plus, a-t-il ajouté, 2000 motos-pompes plus puissantes et 500 tracteurs seront mis à la disposition des producteurs à des coûts raisonnables. Pour le président Blaise Compaoré, c’est un programme rigoureux de grande envergure qui s’annonce ainsi.

Les paysans devraient, à leur tour, faire preuve de polyvalence en explorant tous les secteurs agricoles pour plus de compétitivité. Des questions d’ordre général, liées surtout à l’électrification rurale, l’extension de la téléphonie mobile dans les campagnes, la sécurité, la santé des producteurs et la menace des crocodiles sur la pêche, ont été posées au gouvernement. A chaque question, les différents ministres de tutelle ont apporté des éléments de réponse.

Ainsi, le gouvernement a annoncé l’électrification de 60 localités, chaque année, pendant 5 ans, la mise en place d’une police de proximité en vue d’assurer la sécurité des braves producteurs. Grâce à la concurrence ouverte dans le secteur de la téléphonie mobile, les paysans devraient s’attendre, selon le ministre en charge des Télécommunications, Joachim Tankoano, a communiquer à partir de leur champ avec le reste du monde.

Comme il est de coutume, les producteurs ont pris une dizaine d’engagements, allant dans le sens d’accroissement de la productivité. Dans ce sens, le gouvernement et les producteurs ont chacun fait des promesses et pris des engagements. Rendez-vous a été pris pour la XIe édition de la Journée nationale du paysan pour faire le point des engagements.

Fatouma Sophie OUATTARA


Des engagements “audacieux”

A l’instar des éditions précédentes, les producteurs ont encore une fois de plus, à l’issue des débats avec les membres du gouvernement, pris des engagements « audacieux ». Ainsi 100 000 hectares de forêts seront améliorés. Ils réaliseront 500 ha de plantations d’anacardiers, 500 ha d’acacia senegal, 100 000 ha de gomme arabique, 2 millions de bottes de foin de 10 kilogrammes, 6 millions de têtes de volailles seront vaccinées contre la maladie de Newcastle, 11 millions 800 mille litres de lait local produit.

Les producteurs se sont également engagés à produire 4,5 millions de tonnes de céréales à condition que les conditions climatiques le permettent et que le traitement parasitaire soit assuré. 800 000 tonnes de coton graine avec qualité fibre, 7,5 millions de tonnes de fruits et légumes, 11 000 tonnes de poissons et 600 000 fosses fumièress seront également produits et réalisés.

Le président du Faso en « bon maître » à encourager « ses élèves » et les a exhortés à plus d’abnégation afin de concrétiser tous ces projets. Il les a ensuite invités à déposer auprès du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ou au sein de ses représentations locales, les préoccupations qui n’ont pas été évoquées. Pourvu que ces engagements pris par les producteurs ne soient pas un simple leurre.

A.V.K.


Les coulisses de la JNP

Plus de peur que de mal

Le jus manque à Manga après 1h du matin (entendez par là l’électricité). Pour assurer une bonne tenue de la journée nationale du paysan. Les « gourous » de la nationale d’électricité ont mis le paquet pour que la ville ne sombre pas dans les ténèbres dès cette heure. Groupes électrogènes par-ci, câbles par-là, tout un arsenal pour gagner le pari. A part quelques coupures intempestives au cours de la journée, on peut dire qu’il y a eu plus de peur que de mal dans cette mission de la Société nationale d’électricité, puisque « la nuit de la vérité » (les débats du président avec les producteurs) a été assurée sans heurt.

Qui voulait faire tomber la pluie sur Manga ?

Il va pleuvoir aujourd’hui, a murmuré le chef de Tintinga à la cérémonie d’ouverture de la Xe édition de la JNP. En effet, tout a laissé croire que Manga allait être arrosée. Ainsi, le vent frais et léger qui soufflait d’habitude le matin, de même que la brise du soir ont cessé de bercer les populations. Le temps était lourd et chargé, le ciel sombre en cette journée du samedi du 28 janvier 2006. Un temps que l’on retrouvera également dans la matinée du dimanche 29. Alors qui a voulu faire tomber la pluie sur Manga ?

Quand Compaoré et Yonli rivalisaient en humour

Tout au long de l’entretien entre le président du Faso et les producteurs, les deux premiers responsables du pays ont fait preuve d’un sens de l’humour dont eux seuls ont le secret. Pour répondre aux préoccupations des paysans, le Premier ministre, comme le chef de l’Etat, ont su trouver les mots qu’il faut à la place qu’il faut pour amuser l’assistance et la sortir de son sommeil.

Toute chose qui a permis de rendre la soirée agréable malgré la chaleur torride.

La guerre de Troie n’a pas eu lieu !

Tous ceux qui attendaient des débats francs et directs entre les producteurs et le président ont été plus ou moins déçus. La plupart des paysans ayant pris la parole étaient des représentants ou même responsables de groupements de producteurs. Ces derniers se sont contentés de lire les questions qu’ils avaient sous la main. Est-ce le manque de temps qui n’a pas permis de donner la parole à tous ceux qui voudraient la prendre comme cela devrait être ou alors ont-ils été intimidés, est-on tenté de se demander ?

Commission santé omniprésente

Il n’est pas rare de voir annoncer dans certaines manifestations, des commissions fictives qui existent sur les documents mais absentes sur le terrain. Sont de celles-là la commission santé. La Journée nationale du paysan, peut-on le dire, a fait exception à la règle. La commission santé a été présente partout et prête à répondre aux sollicitations des uns et des autres. Bravo à cette commission !

Un théâtre-forum à la place de la visite de terrain

L’innovation de cette édition de la JNP a été la tenue d’un théâtre-forum en lieu et place de la visite de terrain d’expériences réussies par rapport au thème. C’est la troupe du Théâtre de l’espoir de Hyppolite Ouangrawa dit M’Ba Boanga qui a égayé le public (en levée de rideau des débats du président avec les producteurs) avec un théâtre-forum relatif à la gestion foncière en milieu rural. Est-ce la complexité du thème qui a conduit à cette innovation ?

Quand les autorités reconnaissent les mérites de la presse

Il n’y a rien de plus réconfortant pour un travailleur que la reconnaissance d’un travail bien fait. C’est ce sentiment qui a animé la presse à l’occasion de cette 10e édition de la JNP. Les autorités, en l’occurrence, le ministre d’Etat, Salif Diallo n’ont cessé de jeter des fleurs à ces ouvriers de la plume et ces mordus du micro et de la caméra qui se débattent à leur côté, pour informer le public.

Rassemblés par A.V.K.
Fatou Sophie Ouattara

Sidwaya

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